L'actualité africaine en dix points

2 Mars 2013



L'un de nos correspondants camerounais, Étienne Segnou, vous propose un retour sur l'actualité africaine de cette semaine. Magnéto !


Cameroun : Boko Haram publie une vidéo des 7 otages français

le Général Sultani Makenga
le Général Sultani Makenga
Sur YouTube, la secte islamiste nigériane Boko Haram a diffusé ce lundi des images des sept Français enlevés le 19 février dans le nord Cameroun, en compagnie de leurs ravisseurs. Paris a vivement réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui a dénoncé des « images terriblement choquantes », qui « démontrent une cruauté sans limites ». La secte islamiste nigériane dit s’être attaquée à des citoyens français en raison de « la guerre contre l'islam » que mène la France au Mali. Elle a aussi exigé, en échange de la libération de ces otages, que soient libérées toutes les femmes islamistes détenues. Exigence que Paris a déclinée.

RDC : 10 morts dans des affrontements armés

Des incidents armés ont opposé, dans la soirée du dimanche 24 février, des factions rivales du mouvement M23. Ces incidents ont fait dix morts parmi les rebelles dans le Rutshuru, le nord-est de la République démocratique du Congo (RDC). Ils opposaient des partisans du chef militaire du M23, le général Sultani Makenga, à ceux du chef politique du mouvement, Jean-Marie Runiga [à la suite desquels il a été destitué le 28 février]. Ces affrontements, selon des sources militaires occidentales, ont été causés par des dissensions au sein du mouvement rebelle. Elles portent principalement sur l'accord-cadre qui a été signé dimanche à Addis Abeba en vue de garantir la paix dans cette région. Le Conseil de sécurité de l'ONU a fait savoir sa profonde inquiétude devant l'aggravation des troubles dans l'Est du pays.

Egypte : dix-neuf touristes tués dans une explosion

Mardi 26 février, dix-neuf personnes, essentiellement des touristes occidentaux et asiatiques, ont trouvé la mort dans l’explosion d’une montgolfière dans le sud de l’Egypte. Le drame est survenu lorsque les victimes survolaient, tôt dans la journée, la ville de Louxor à bord de la montgolfière. Les autorités égyptiennes ont par conséquent pris la décision d’interdire les excursions en montgolfière à Louxor. Cette région d’Egypte, située à 700 km du Caire, est l’une des plus touristiques d’Egypte. Les dix-neuf victimes étaient composées de Hongkongais, de quatre Japonais, de trois Britanniques et de deux Français. L’identité de la dernière victime n’a pas été précisée. Paris a pour sa part confirmé la mort des deux Français par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Philippe Lalliot.

Côte d’Ivoire : « La loi des vainqueurs »

« La loi des vainqueurs », c’est l’intitulé du rapport d’Amnesty International sur la Côte d’Ivoire publié mardi 26 février. Ce rapport traite des violences post électorales survenues en Côte d’Ivoire et du processus de paix qui en a découlé. Les résultats de ce rapport « accusent les Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI) et les chasseurs traditionnels « dozos » de violations massives des droits de l’Homme, traitent la justice ivoirienne d’impartialité et non indépendante ainsi qu’une inertie de la politique de réconciliation nationale », a reconnu et expliqué le ministre ivoirien des Droits de l’Homme et des Libertés publiques, Gnénéma Coulibaly.

Mali : pas de départ précipité pour la France

Les 4 000 hommes que comptent les troupes françaises présentes au Mali ne partiront pas « de manière précipitée ». C’est du moins ce qu’a soutenu mardi dernier le ministère des Affaires étrangères qui a aussi précisé que le départ des troupes envisagé à partir du mois de mars dépendrait de la situation sur le terrain. Ce départ se fera « en coordination avec les Maliens et les troupes africaines qui sont en cours de déploiement sur le terrain », a ajouté un porte-parole du ministère. De plus, deux sénateurs américains fraîchement rentrés du Mali ont appelé la France à rester engagée militairement au Mali au-delà de mars, vu l'impréparation des contingents africains appelés à prendre la relève.

Afrique du Sud : les femmes massivement violées

A ce jour, l’Afrique du Sud détient le triste record mondial du nombre de viols. C’est le viol collectif d’une jeune adolescente de 17 ans, Anene Booysen, le 2 février dans la petite ville de Bredasdorp (sud-ouest), dont l’un des violeurs a comparu le 26 février dernier pour demander une libération sous caution, qui a levé le voile sur ce triste record. Selon des statistiques, une femme serait violée toutes les 17 secondes en Afrique du Sud. Aussi, 40% des femmes sud-africaines seront violées dans leur vie. Qui plus est, plus d’un homme sur quatre admet avoir déjà commis un viol, et le quart de ces violeurs sont séropositifs. Le viol de la jeune adolescente a ému le pays entier. « La brutalité et la cruauté contre des femmes sans défense est inacceptable et n'a pas sa place dans notre pays », a déclaré le président sudafricain Jacob Zuma devant le Parlement le 14 février. Il a aussi appelé à « une unité d'action pour éradiquer ce fléau ».

Nigeria : les prostituées offrent une semaine de sexe gratuit

Les prostituées nigérianes ont tenu leur promesse : elles ont offert une semaine de sexe gratuit dans tout le territoire nigérian. L'Association des Prostituées Nigérianes (ANP) avait en effet promis une semaine de sexe gratuit dans tout le pays en cas de victoire des Super Eagles du Nigeria en finale de la CAN 2013 tenue en Afrique du Sud. « En 90 mn, le temps d’un match, j’ai donné gratuitement du plaisir à 11 supporters, l’équivalent du nombre des joueurs sur le terrain. Je prends 15 mn de mi-temps et je recommence » témoigne Martins Ekilé, une prostituée du quartier Ikoyi. La secrétaire générale de l’ANP, Estelia Ekechukwu, dit s’être « donnée gratuitement à 100 hommes pour fêter cette grande victoire», afin, dit-elle, de respecter ce contrat moral et cet engagement au nom de la République et de l’équipe nationale. Des Camerounais, Nigériens et Tchadiens situés non loin des frontières nigérianes auraient effectué le voyage pour profiter de cette occasion de plaisir sans frais.

Centrafrique : la rébellion débute son retrait des villes occupées

La coalition rebelle Séléka a amorcé, le 24 février dernier, son retrait des villes conquises sur le territoire centrafricain. Elle s’est retirée de Mobaye, ville du sud du pays qu’elle occupait depuis deux semaines. Ce retrait s’est effectué sans heurts et « les rebelles ont quitté la ville sans aucune résistance. Ils ont été encadrés par les éléments de la Fomac, sans brutalité », a affirmé un fonctionnaire de la localité, Pascal Dadou. Cette évacuation s'est produite après des jours de négociations dans la ville entre les chefs de mission de la Fomac (Force multinationale d'Afrique centrale) et les chefs des opérations de la Séléka. Cependant, les attaques et les exactions de petites envergures n’ont pour autant pas disparu dans la ville. Les autorités ont rassuré les populations quant au cantonnement rapide des troupes rebelles et ont affirmé que les exactions sporadiques répertoriées sont perpétrées par des éléments incontrôlés.

Libye : des morts et des blessés dans des combats à Koufra

Dimanche 24 février, à Koufra, dans l'extrême-sud de la Libye, deux personnes ont trouvé la mort et cinq autres ont été blessées dans des combats entre groupes de la tribu Toubou et les forces de l'ordre. Les médias libyens rapportent que des bandes armées formées de Toubous d'origine tchadienne circulaient dans la ville avec des armes de différentes catégories. Le 7 février dernier, le Premier ministre libyen, Ali Zeidan, avait affirmé l'engagement de son gouvernement à réparer les destructions matérielles et morales occasionnées par les combats entre les deux tribus. Ces dernières s'étaient engagées à cette occasion à se réconcilier et le gouvernement avait décidé de prendre toutes les mesures pour ramener et assurer la sécurité de la ville.

Madagascar : appel à l'aide internationale

Suite au passage, dans le sud-ouest de la Grande Île africaine, du cyclone Haruna, le pays a fait appel à l'aide internationale. Les dégâts de ce cyclone sont considérables et son bilan ne cesse de s'alourdir. On compte déjà 18 morts, 16 disparus et plus de 22 000 sinistrés. La ville de Toliara (ex-Tuléar) a été particulièrement touchée par le système dépressionnaire. Le Premier ministre, Omer Beriziky, a indiqué que « un tiers de la ville » a été complètement inondé. Les habitants bénéficient depuis peu des premiers secours et du programme alimentaire mondial de l'UNICEF. Aussi, de nombreux prétendants à l'élection présidentielle, comme le ministre des Affaires étrangères Pierrot Rajaonarivelo, Roland Ratsiraka et Jean Lahiniriko ont promis une visite et un soutien aux populations sinistrées. Par ailleurs, le Bureau national des gestions des risques et catastrophes a mis en place, en plus de l’aide internationale attendue, un système de collecte de dons en nature ou financiers pour faciliter l'entraide nationale.

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Etienne SEGNOU
Correspondant à Douala, au Cameroun, pour Le Journal International. En savoir plus sur cet auteur