Crédits photo -- AFP
Bien que leur impact ne soit que récent, les intégrations régionales constituent, désormais, une caractéristique principale des relations internationales. Aujourd’hui, les États perçoivent les organisations régionales comme une opportunité pour assurer le rapprochement nécessaire à la promotion de la coopération multilatérale, et par là, freiner les hostilités et penser à construire un avenir commun.
Dans ce cadre, l’Union Maghreb Arabe se trouve largement dépassée. Fondée en 1989 lors du Sommet de Marrakech, l’UMA (Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie et la Libye) peine à évoluer puisque ses travaux sont suspendus depuis 1994, date du dernier sommet des chefs d’États de la région. Les différents projets relatifs à la création d’une Union douanière, puis à l’instauration d’un marché commun au Maghreb ont échoué.
Pire encore, en 2012, une tentative de déblocage menée par le Président tunisien qui, profitant de la nouvelle dynamique imposée par le printemps arabe, s’est efforcé de relancer l’intégration maghrébine. Cependant, ses efforts diplomatiques n’ont pas atteint les résultats escomptés étant donné les divergences politiques et économiques qui continuent à alimenter les rapports intermaghrébins. Se posent alors deux questions très importantes : Pourquoi l’UMA se trouve-t-il toujours dans l’impasse ? Comment relancer l’intégration au Maghreb ?
Dans ce cadre, l’Union Maghreb Arabe se trouve largement dépassée. Fondée en 1989 lors du Sommet de Marrakech, l’UMA (Maroc, Algérie, Mauritanie, Tunisie et la Libye) peine à évoluer puisque ses travaux sont suspendus depuis 1994, date du dernier sommet des chefs d’États de la région. Les différents projets relatifs à la création d’une Union douanière, puis à l’instauration d’un marché commun au Maghreb ont échoué.
Pire encore, en 2012, une tentative de déblocage menée par le Président tunisien qui, profitant de la nouvelle dynamique imposée par le printemps arabe, s’est efforcé de relancer l’intégration maghrébine. Cependant, ses efforts diplomatiques n’ont pas atteint les résultats escomptés étant donné les divergences politiques et économiques qui continuent à alimenter les rapports intermaghrébins. Se posent alors deux questions très importantes : Pourquoi l’UMA se trouve-t-il toujours dans l’impasse ? Comment relancer l’intégration au Maghreb ?
Blocus de l’intégration au Maghreb
D’aucuns estiment que l’échec de l’UMA relève principalement du conflit du Sahara qui oppose le Maroc et l’Algérie. Les répercussions de ce dossier ont largement influencé les relations entre les différents protagonistes de la région. Cependant, la question du Sahara n’est, en réalité que la conséquence d’une une rivalité importante qui entrave la coopération entre les cinq États du Maghreb, en particulier le Maroc et l’Algérie qui mènent une lutte acharnée pour le leadership régional.
Cette situation a eu pour principale conséquence l’absence d’une coordination maghrébine à tous les niveaux politiques, économiques et sécuritaires malgré l’existence de plusieurs accords de coopération allant dans ce sens. En fait, les pays du Maghreb n’arrivent toujours pas à abandonner la logique nationale pour penser de manière globale. Ceci apparaît très clair dans le cadre géopolitique et économique.
D’un point de vue géopolitique, les États du Maghreb s’efforcent de satisfaire leurs intérêts stratégiques aux dépens de l’intérêt de toute la région. Pire encore, chacun des acteurs cherche à imposer sa volonté et à la faire triompher. Plusieurs exemples peuvent illustrer ce constat.
Il suffit de citer la rivalité stratégique entre le Maroc et l’Algérie. En effet, l’Algérie s’efforce depuis très longtemps, par le biais d’une activité politique, diplomatique et surtout financière, d’isoler son voisin marocain de son voisinage africain en réduisant les marges de manœuvre du Royaume dans les différentes structures africaines tout en instrumentalisant l’affaire épineuse du Sahara.
Le Maroc, sans considérer l’Algérie comme un ennemi, mène une stratégie active pour contrer la politique algérienne. Il a entamé, depuis quelque temps, la reconquête de l’Afrique à travers une action diplomatique plus présente, et des activités économiques très importantes qui touchent l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne. L’objectif du Royaume étant de retrouver sa place sur la scène africaine. Il pourrait, à ce titre, saisir l’opportunité offerte par l’intégration maghrébine pour y parvenir, ce que craint profondément l’Algérie.
La rivalité Maroc-Algérie se conjugue également avec le sentiment de méfiance qui caractérise les rapports entre la Tunisie et son voisin libyen. Les autorités tunisiennes craignent l’externalisation de la déstabilisation libyenne vers son territoire déjà fragilisé par l’insécurité et l’absence d’un contrôle renforcé des frontières. Tous ces éléments ne coïncident nullement avec les caractéristiques d’une coopération voire d’une intégration régionale, ce qui justifie l’absence d’une coordination politique et sécuritaire entre les membres de l’UMA.
D’un point de vue économique, la situation n’est pas meilleure. Au contraire, la coopération entre les pays du Maghreb demeure très faible et enregistre les taux de développement les plus bas aussi bien sur le plan multilatéral qu’au niveau bilatéral. Chaque pays préfère nouer des relations économiques avec des partenaires étrangers plutôt que de renforcer ses liens commerciaux avec ses voisins du Maghreb. La présence d’une structure comme l’UMA n’y change absolument rien.
Cette situation a eu pour principale conséquence l’absence d’une coordination maghrébine à tous les niveaux politiques, économiques et sécuritaires malgré l’existence de plusieurs accords de coopération allant dans ce sens. En fait, les pays du Maghreb n’arrivent toujours pas à abandonner la logique nationale pour penser de manière globale. Ceci apparaît très clair dans le cadre géopolitique et économique.
D’un point de vue géopolitique, les États du Maghreb s’efforcent de satisfaire leurs intérêts stratégiques aux dépens de l’intérêt de toute la région. Pire encore, chacun des acteurs cherche à imposer sa volonté et à la faire triompher. Plusieurs exemples peuvent illustrer ce constat.
Il suffit de citer la rivalité stratégique entre le Maroc et l’Algérie. En effet, l’Algérie s’efforce depuis très longtemps, par le biais d’une activité politique, diplomatique et surtout financière, d’isoler son voisin marocain de son voisinage africain en réduisant les marges de manœuvre du Royaume dans les différentes structures africaines tout en instrumentalisant l’affaire épineuse du Sahara.
Le Maroc, sans considérer l’Algérie comme un ennemi, mène une stratégie active pour contrer la politique algérienne. Il a entamé, depuis quelque temps, la reconquête de l’Afrique à travers une action diplomatique plus présente, et des activités économiques très importantes qui touchent l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne. L’objectif du Royaume étant de retrouver sa place sur la scène africaine. Il pourrait, à ce titre, saisir l’opportunité offerte par l’intégration maghrébine pour y parvenir, ce que craint profondément l’Algérie.
La rivalité Maroc-Algérie se conjugue également avec le sentiment de méfiance qui caractérise les rapports entre la Tunisie et son voisin libyen. Les autorités tunisiennes craignent l’externalisation de la déstabilisation libyenne vers son territoire déjà fragilisé par l’insécurité et l’absence d’un contrôle renforcé des frontières. Tous ces éléments ne coïncident nullement avec les caractéristiques d’une coopération voire d’une intégration régionale, ce qui justifie l’absence d’une coordination politique et sécuritaire entre les membres de l’UMA.
D’un point de vue économique, la situation n’est pas meilleure. Au contraire, la coopération entre les pays du Maghreb demeure très faible et enregistre les taux de développement les plus bas aussi bien sur le plan multilatéral qu’au niveau bilatéral. Chaque pays préfère nouer des relations économiques avec des partenaires étrangers plutôt que de renforcer ses liens commerciaux avec ses voisins du Maghreb. La présence d’une structure comme l’UMA n’y change absolument rien.
L’exemple du Maroc
Le Maroc n’hésite pas à renforcer ses rapports commerciaux avec l’Union européenne, avec la France et l’Espagne (principaux fournisseurs du Royaume) et même le Conseil de coopération du Golfe (CCG) (dont il a accepté la demande d’adhésion). En revanche, ses échanges commerciaux avec les États du Maghreb demeurent peu importants puisqu’il est « faiblement présent sur le marché tunisien pour lequel il dispose d’un avantage comparatif, notamment les produits de la mer qui sont quasi-exclusivement importés d’Italie. Malgré la proximité géographique, les produits énergétiques d’Algérie n’ont représenté qu’en moyenne annuelle que 5% des importations marocaines de ces produits et seulement 0,5% des exportations totales algériennes ». D’ailleurs, pour que les produits agricoles marocains atteignent l’Algérie, ils doivent transiter par la France ! L’exemple marocain peut être généralisé aux autres pays de la région,
Ainsi, la rivalité stratégique entre les pays du Maghreb constitue la principale raison de l’échec de l’UMA. L’absence de coordination politique, sécuritaire et économique complique davantage la situation, ce qui est inacceptable surtout dans un contexte sécuritaire très compliqué, d’où la nécessité de dépasser ce blocus.
Ainsi, la rivalité stratégique entre les pays du Maghreb constitue la principale raison de l’échec de l’UMA. L’absence de coordination politique, sécuritaire et économique complique davantage la situation, ce qui est inacceptable surtout dans un contexte sécuritaire très compliqué, d’où la nécessité de dépasser ce blocus.
L’UMA, une structure maghrébine nécessaire
31ème session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UMA à Rabat | Crédits photo -- MAP
Comme toute autre organisation régionale, l’UMA offre aux pays du Maghreb une opportunité de dépasser les différents obstacles qui entravent leur décollage économique et social. L’intégration du Maghreb « apparaît comme un facteur de croissance, de créations d’emplois et d’attractivité », surtout dans une région qui possède « tous les éléments constitutifs d’une bonne union régionale : unité de religion, unité minimale de race. Il y avait toutes les raisons de partir du solide », avait déclaré Hassan II à la revue Géopolitique.
Précisément, la région du Maghreb se compose des pays disposant d’une langue commune, d’une religion commune et d’une histoire commune. L’intégration des États du Maghreb offrirait, sans doute, des avantages très importants aussi bien à l’intérieur de la Communauté qu’au niveau extérieur.
Précisément, la région du Maghreb se compose des pays disposant d’une langue commune, d’une religion commune et d’une histoire commune. L’intégration des États du Maghreb offrirait, sans doute, des avantages très importants aussi bien à l’intérieur de la Communauté qu’au niveau extérieur.
Des avantages à ne pas négliger
Les premiers avantages (internes) se matérialisent par le renforcement des échanges commerciaux entre des économies complémentaires en réduisant les charges tarifaires. Dans le cas du Maroc, par exemple, « l’impact du démantèlement tarifaire sur les échanges commerciaux avec les deux autres pays du Maghreb (Algérie et Tunisie) apparaît relativement important… Le démantèlement de 50 % et de 100 % des tarifs douaniers entraînerait un accroissement des échanges en matière industrielle avec la Tunisie et l’Algérie de respectivement 20,7 % et 83,3 %. Ce qui donnerait un coup de fouet indéniable aux échanges entre les trois pays », favorisant le rapprochement entre les populations de la région. Ce qui serait susceptible de réduire la rivalité la méfiance pour les remplacer par une approche de coopération et de développement.
Quant aux avantages externes, ils se manifestent par l’attraction que pourrait véhiculer un marché maghrébin commun sur les investisseurs étrangers. Ces derniers seraient profondément intéressés par une région en pleine expansion englobant plus de 100 millions de consommateurs.
Pour ces raisons, plusieurs pays et organisations notamment l’Union européenne et même le FMI plaident pour la réactivation de l’UMA. Le directeur général adjoint de l’institution financière a indiqué dans une interview donnée au journal Aufait Maroc qu’« il faudra approfondir l'intégration commerciale (au Maghreb), améliorer le fonctionnement des marchés du travail, mieux aligner l'éducation sur les besoins du secteur privé et mettre en place un climat des affaires propice à l'investissement pour encourager la création d'emplois et lutter contre le chômage élevé. » Il apparaît donc évident qu’une éventuelle réactivation de l’UMA passe par le secteur économique. D’ailleurs, les opérateurs privés relatifs aux cinq pays du Maghreb exercent une pression importante sur leurs gouvernements pour faciliter la relance de l’UMA.
Pour ces raisons, plusieurs pays et organisations notamment l’Union européenne et même le FMI plaident pour la réactivation de l’UMA. Le directeur général adjoint de l’institution financière a indiqué dans une interview donnée au journal Aufait Maroc qu’« il faudra approfondir l'intégration commerciale (au Maghreb), améliorer le fonctionnement des marchés du travail, mieux aligner l'éducation sur les besoins du secteur privé et mettre en place un climat des affaires propice à l'investissement pour encourager la création d'emplois et lutter contre le chômage élevé. » Il apparaît donc évident qu’une éventuelle réactivation de l’UMA passe par le secteur économique. D’ailleurs, les opérateurs privés relatifs aux cinq pays du Maghreb exercent une pression importante sur leurs gouvernements pour faciliter la relance de l’UMA.
« Parachever l’édifice de l’Union maghrébine »
Devant de cette situation, nombre de chefs d’États de la région réaffirment leur attachement à l’intégration maghrébine, tel est le cas du Roi Mohammed VI qui a incité « à intensifier les efforts pour parachever l'édifice de l'Union maghrébine, en conformité totale avec l'esprit du Traité de Marrakech qui en a posé les premiers jalons et dans le cadre de la ferme volonté de concrétiser nos aspirations communes, à la faveur d'une vision réaliste et tournée vers l'avenir.»
Le président tunisien Moncef Marzouki se situe dans la même logique lorsqu’il affirme sa volonté de « mettre en œuvre les cinq libertés pour les Maghrébins, à savoir le droit de s'établir dans n'importe quel pays du Maghreb, le droit du travail, le droit à l'investissement, le droit de la propriété et le droit de participation aux élections municipales. Si on parvient à les mettre en œuvre cette année, l'Union du Maghreb arabe sera déjà sur les rails ».
Ceci demeure très complexe mais pas impossible. Pour ce faire, il faut réorienter les efforts pour réduire les tensions existantes tout en ouvrant enfin un dialogue sérieux et responsable sur l’avenir de la région du Maghreb. Cela serait susceptible de donner la stabilité nécessaire pour redynamiser l’UMA et ses activités, comme c’est le cas de la Banque maghrébine d’investissement avec un budget de 100 millions $ dont l’objectif essentiel est de favoriser le démantèlement des barrières administratives et douanières, ainsi que le projet de création d’un parlement maghrébin susceptible d’apaiser les tensions politiques et les rivalités stratégiques entre les cinq pays.
De tous ces éléments, il devient de plus en plus nécessaire pour les États du Maghreb de dépasser la logique de la guerre froide et de s’inscrire dans une approche prospective tendant vers l’intégration, la collaboration et l’unification. Il s’agit, en réalité d’une chance importante pour les cinq États du Maghreb d’assurer l’épanouissement de leur population et par la même occasion se repositionner politiquement et économiquement dans un monde en mutation.
Le président tunisien Moncef Marzouki se situe dans la même logique lorsqu’il affirme sa volonté de « mettre en œuvre les cinq libertés pour les Maghrébins, à savoir le droit de s'établir dans n'importe quel pays du Maghreb, le droit du travail, le droit à l'investissement, le droit de la propriété et le droit de participation aux élections municipales. Si on parvient à les mettre en œuvre cette année, l'Union du Maghreb arabe sera déjà sur les rails ».
Ceci demeure très complexe mais pas impossible. Pour ce faire, il faut réorienter les efforts pour réduire les tensions existantes tout en ouvrant enfin un dialogue sérieux et responsable sur l’avenir de la région du Maghreb. Cela serait susceptible de donner la stabilité nécessaire pour redynamiser l’UMA et ses activités, comme c’est le cas de la Banque maghrébine d’investissement avec un budget de 100 millions $ dont l’objectif essentiel est de favoriser le démantèlement des barrières administratives et douanières, ainsi que le projet de création d’un parlement maghrébin susceptible d’apaiser les tensions politiques et les rivalités stratégiques entre les cinq pays.
De tous ces éléments, il devient de plus en plus nécessaire pour les États du Maghreb de dépasser la logique de la guerre froide et de s’inscrire dans une approche prospective tendant vers l’intégration, la collaboration et l’unification. Il s’agit, en réalité d’une chance importante pour les cinq États du Maghreb d’assurer l’épanouissement de leur population et par la même occasion se repositionner politiquement et économiquement dans un monde en mutation.