L'Écume des jours est peut-être le livre le plus difficile à adapter. Michel Gondry a tenté de reproduire l'atmosphère du roman de Boris Vian plutôt que de coller à la stricte narration, sans pour autant s'éloigner ostensiblement des mots de l'auteur. C'est un choix judicieux tant l' « ambiance jazz » produite par l'écriture de Vian est importante. La musique est donc un point fort du film, les morceaux de Duke Ellington sont admirablement intégrés à l'écran et Gondry a su faire preuve d'invention pour mettre en images le « biglemoi ».
Pourtant, le film n'est pas une bonne adaptation. Les décors fonctionnent, mais certains effets spéciaux sont trop brouillons. Gondry donne l'impression de ne pas choisir entre son côté indépendant et bricoleur et le gros budget du film. De même, ce casting de « stars » françaises restreint l'imaginaire. Romain Duris, Audrey Tautou, Omar Sy et Gad Elmaleh ne s'effacent pas assez derrière Colin, Chloé, Nicolas et Chick, même si la performance du premier rattrape un peu le tout.
La souris est peut-être le défaut le plus voyant. Elle est jouée par un acteur au costume ridicule, et ne trouve pas sa place dans l'histoire. Gondry n'a pas réussi à redonner vie au chef d’œuvre de Boris Vian grâce à ses images. La simplicité d'Eternal Sunshine of the Spotless Mind manque à ce film qui traîne en longueur, sans nous plonger dans un univers. Un monde créé par Vian et Gondry suscitait de grandes espérances. L'Écume des jours déçoit.