Malgré les espoirs du parti majoritaire à Holyrood, le SNP (Scottish National Party), 55 % des électeurs ont osé contredire leurs propres leaders et ont choisi de suivre une autre vision pour le futur de leur pays. Trois siècles après l’Acte d'Union, les Ecossais ont décidé de rester dans le Royaume-Uni. La catastrophe est évitée par David Cameron et son gouvernement. Les votants ne voient pas d’avenir sûr pour cette nation. Ils semblent avoir écouté Alistair Darling, à la tête de la campagne « Better Together », et préfèrent rester ensemble pour mieux avancer.
Le pouvoir économique de la livre sterling, la reconnaissance de l’Union européenne, l’export vers l’Angleterre, la sécurité du lendemain, l’armée, la « relation spéciale » avec les États-Unis sont seulement quelques raisons qui ont fait que la campagne du "non" puisse gagner autant de soutien de la part d’un peuple qui en 2011 se montrait plus nationaliste que jamais. Autrement dit, les résultats d’aujourd’hui donnent pour le moment plus de crédibilité au gouvernement britannique actuel qu’au Parlement écossais. Cependant, si Cameron est en train de célébrer le retour positif des Ecossais obtenu après l’union improvisée avec ses adversaires travaillistes, quelle position devrait alors adopter Alex Salmond pour faire table rase du passé si récent ?
Faire confiance aux « Torries » ?
À présent, l’Ecosse se trouve dans la difficulté de continuer à avancer avec le sentiment d'être scindé en deux groupes : ceux qui ont perdu en votant "oui" et ceux qui ont gagné en soutenant le "non". Il y a une semaine, Cameron, Miliband et Clegg se dirigeaient vers le Nord pour s’assurer que l’électorat ferait le choix de rester dans l'Union. Même si leur campagne improvisée était vue comme un geste désespéré pour convaincre l’électorat écossais de rester dans l’Union, les déclarations comme celles du Premier ministre Cameron, « Je m’intéresse beaucoup plus au bien de mon pays - le Royaume-Uni - qu’à celui de mon propre parti ! », semblerait avoir eu beaucoup d’effet parmi les votants. Cependant, la décision de l’Écosse ne veut pas dire que les Ecossais ont complètement changé d’avis du jour au lendemain et qu'ils préfèrent être gouvernés par la droite conservatrice ou qu’Ed Miliband a brusquement gagné le cœur des nationalistes écossais. Au contraire, les gens qui sont allés voter ont choisi aujourd’hui de ne pas rompre l’Union vieille de 307 ans en pensant toujours au bien de leur propre nation.
Si le SNP reste le parti au pouvoir en Écosse lors des prochaines élections, l’équipe d’Alex Salmond continuera à mettre en place son programme particulièrement nationaliste et essayera de représenter la voix d’un peuple qui a été mal traité par Westminster et les conservateurs au fil des années. Ce qu’il faut retenir après ce choix légendaire d’éviter un « désastre naturel », c’est qu’en disant "non" à l’indépendance, l’Écosse a multiplié par dix ses attentes envers le Parlement et les élus qui le conduisent. Les gens n’ont peut-être pas pu voter dans ce référendum en écoutant leurs cœurs, mais ils ont su faire preuve de maturité et se concentrer sur le choix de préserver l’Écosse dans un bon état pour les générations à venir. À travers ce vote, la nation écossaise réclame « le meilleur de deux mondes », c’est-à-dire une autonomie économique, législative, judiciaire et exécutive encore plus développée, mais en restant toujours au sein de l’Union. La réponse à toutes leurs demandes prendrait la forme d'un seul et unique programme, « Devo Max », dont Cameron n’arrête pas de parler sans rien évoquer de concret.
Action, réaction : Devo Max
« Devo Max » ou « Devolution Max » est un programme que le Premier ministre britannique promet d’introduire en Écosse après les résultats du vote d’aujourd’hui. Malgré sa mise en avant, personne ne connaît exactement les prévisions d’une telle législation. Ce qui est sûr c'est que cette proposition marque une volonté claire et nette de la part de Westminster de donner encore plus de pouvoir à l’Écosse. Le but principal du changement envisagé serait de faire de l'Écosse une nation autonome d’un point de vue fiscal. Il s’agit d’un accord constitutionnel entre Westminster et Holyrood, qui promettrait au Parlement écossais de récupérer presque toutes les taxes payées en Écosse afin de s’organiser tout seul. Les seuls domaines communs qui devront être gérés avec le reste de l’Union seront la défense et les affaires externes. Les prémisses de ce programme ont déjà été insérés dans le Scotland Act, élaboré par la commission Calman en 2009, et adopté par Westminster pour remplacer le Scotland Act de 1998. La présence d’une telle possibilité d’augmenter l’autonomie de leur pays pousse les Ecossais à attendre maintenant avec impatience de voir toutes ces promesses devenir réalité. Malheureusement, ce que Cameron fera pour définir plus précisément son projet de loi et éviter de perdre le peu de crédibilité qu’il a réussi à gagner devant l’électorat écossais, cela personne ne le sait pour l'instant.
Ainsi, tout le monde peut affirmer que le 18 septembre 2014 restera un jour mémorable. Ce jour marque le début d’une nouvelle étape pour le Royaume-Uni et pour chacune de ses nations. Désormais, un sentiment d’incertitude traverse le pays, car chaque nation s’interroge : que va-t-il se passer ensuite ? Les nationalistes exigeront-ils un nouveau référendum ? David Cameron tiendra t-il ses promesses concernant « Devo Max » ? Le Royaume-Uni restera t-il dans l'Union européenne ? Et surtout le vrai vainqueur du jour ne serait-il pas Alex Salmond lui-même ? De nombreuses questions restent en suspens : autrement dit, la situation d’après ces élections semble être plus floue que jamais.