Historiquement, l’Afrique du Sud est constituée de différentes ethnies autochtones ; fixées arbitrairement par les colons hollandais, anglais et indiens immigrés en « esclavage volontaire ».
En 1991, l’Afrique du Sud est divisée en provinces et bantoustans, territoires réservés à une ethnie et où doivent résider théoriquement tous les membres de l’ethnie. Dans les faits, l’Afrique du Sud est un pays urbanisé et industrialisé, la majorité des noirs et colorés étant urbains, réunis dans des townships souvent informels. Avec l’abolition du Land Act et des bantoustans, les réalités socio-spatiales évoluent lentement. Si on a pu voir l’apparition d’une classe moyenne noire, qui a quitté les quartiers pauvres, le socle de la hiérarchie sociale change peu. La population reste majoritairement ségréguée dans les faits. Si la transition démocratique a été une réussite en matière politique, le bilan est plus sombre en matière économique et sociale.
Aujourd’hui, 25% des noirs gagnent moins de 80€ par mois contre seulement 2% des blancs. 1% des noirs gagne plus de 1500 € contre 23% des blancs. Le chômage, en augmentation depuis la récession en 2008, est de 40% chez les noirs, 5% chez les blancs.
Un autre phénomène sociale est dû à l’attractivité de l’Afrique du Sud pour les pays voisins (Namibie, Mozambique, Botswana, Zimbabwe). L’immigration est forte, en particulier dans les régions minières où ils viennent travailler illégalement et moins cher que la population locale. Ces immigrations engendrent des tensions, voire des conflits dans les quartiers pauvres.
Des tensions qui perdurent
Le secteur des mines, secteur crucial de l’économie sud-africaine, est aussi un secteur hautement symbolique. Si les Anglais se sont lancés dans la course coloniale, c’est pour les ressources minières (or, cuivre, platine, diamants), bien plus importantes que dans les pays voisins. L’industrialisation du pays est le fait du développement du secteur minier. De fait, l’Afrique du Sud est un pays d’ouvriers depuis la fin du XIXe. Les luttes syndicales sont intimement liées au développement minier et aux tensions politiques. Elles ont d’abord existé entre Britanniques et Afrikaners qui n’avaient pas les mêmes statuts ainsi que des salaires, qui s'élargira entre noirs et blancs. Aujourd’hui, elles existent entre Sud-africains et immigrés.
L’Afrique du Sud post-apartheid en quelques dates
1948 : date officielle du début de l’apartheid à l’arrivée au pouvoir des Afrikaners. Dans les faits, c’est une réalité qui remonte au Land Act de 1913 qui officialise la ségrégation spatiale elle même déjà pratiquée depuis l’arrivée des colons hollandais puis anglais depuis le XVIIe siècle.
1960 : Massacre de Sharpeville, township de Johannesburg, la police tire sur la foule qui manifeste contre le pass, qui interdit la circulation hors des zones noires sans contrat de travail. Bilan : 69 morts. 25 ans plus tard, la commémoration de l’événement se solde par 12 morts. De nombreux médias ont comparé ces événements à celui de Marikana.
1991 : Abrogation des principales lois de l’apartheid par le gouvernement de Pretoria (Union Nationale : Afrikaners) dirigé par De Klerk .
1994 : Election de Nelson Mandela (ANC) à 63% des votes. Idée de réconciliation nationale, pas d’épuration, continuité du modèle économique. Mise en place du BEE (Black Economic Empowerment). Discrimination positive et politiques sociales.
1999, 2004 : Election et réélection à la présidence de Thabo Mbeki (ANC), qui marque un virement de politique vers ce qu’on a appelé le « capitalisme noir ». Réformes néolibérales.
2009 : Election de Jacob Zuma (ANC) accusé de corruption puis relaxé, actuel président
Novembre 2012 : Congrès de l’ANC prévu pour choisir le candidat aux prochaines élections : Zuma est en bonne posture.
En savoir plus sur les dérives du régime post-apartheid : http://www.lejournalinternational.fr/Marikana-ou-les-derives-du-regime-post-apartheid_a237.html