Sans attendre, pressons-nous devant les quelque 250 œuvres de Keith Haring peuplant depuis vendredi le Musée d'art Moderne de Paris et le Centquatre, nouvelle halle d'exposition érigée dans les locaux d'anciennes pompes funèbres.
La rétrospective de l'oeuvre d'Haring, intitulée « The Political Line », fait renaître ces halles macabres, et surtout, Haring lui-même. Il s'agit de redonner vie à l'artiste de génie que la mort nous a volé 23 ans auparavant.
Nous ne pouvons bien entendu que faire l'éloge de cet événement international « à la fois par le nombre d'oeuvres et par leur qualité », selon les mots de Fabrice Hergott, directeur du MAM.
Aussi, parce que chaque œuvre rassemblée provient de collections privées, elles-mêmes disséminées à travers le monde ; c'est donc l'occasion de s'approcher d'œuvres que l'on ne reverra probablement jamais. Profitons !
Pour finir, la rétrospective répond au souhait d'Haring formulé étant enfant : être exposé par un musée français. Ainsi, après le musée d'Art contemporain de Lyon et sa rétrospective de 2008, c'est la capitale de la culture, de l'art et de l'expression, en un mot Paris, qui lui offre la consécration. Donc, reconnaissons-le, c'est certainement la rencontre artistique à ne pas rater de ce début d'année. Elle nous permet à nous, spectateurs avides de culture et passagers du milieu urbain, de mieux comprendre l'oeuvre du plus célèbre des Street artistes et par-là, le Street-art et sa valeur.
Il n'est pas question ici d'expliquer le travail d'Haring, ni de se soucier du débat sur la légitimité du statut « d'Art » pour cette discipline. Voyons un peu ce qu'il est du Street art, omniprésent, mais que nous ne savons souvent pas trop comment définir et délimiter...
Haring oeuvrait la nuit, loin des musées et des galeries, dans les métros new-yorkais de l'East Village, où se développait la culture alternative des années 80. À l'époque, on le traitait volontiers de vandale et de meurtrier du calme et de la propreté publique.
S'il était traité de la sorte, c'est que c'est l'un des premiers à oeuvrer dans l'espace public tout en valorisant ce nouveau courant par la commercialisation dans une boutique, le Pop Shop, où il vendait des articles dérivés de son art. Si les artistes comme Haring utilisent la rue comme mur d'expression, c'est parce qu'ils savent qu'ils peuvent ainsi toucher un plus grand public. Ils souhaitent démocratiser le Street art comme les peintres réalistes l'ont fait avec la peinture au XIXe. C'est la volonté de partager l'art avec un public différent qui anime les artistes dans leur travail.
Cette notion de partage de l'art est très importante dans la logique du Street-art, car c'est une pratique artistique qui se développe dans et surtout, avec la rue. Le rapport avec le public, contrairement aux autres formes artistiques, est ici forcé, puisque les motifs s'imposent au passant.
Il y a un rapport triangulaire d'échange entre l'artiste, le passant et la rue. L'artiste donne au passant au moyen de la rue, mais il n'est rien sans le passant comme le maître n'est rien sans son esclave. L'art de la rue, ce n'est pas juste une signature floue, rapidement recouverte par une autre signature, un tag. — D'ailleurs, pour la terminologie, le tag est l'ancêtre du Street art. Les motifs étaient alors absents puis peu à peu, révolutionnèrent les rues. C'est là que l'on commença à parler de Street art — c’est un message artistique, un dessin parlant qui en a long à raconter.
Un flot de symboles à comprendre et à expérimenter comme c'était le cas dans les oeuvres modernes. Soyons aujourd'hui tous certains que le Street art est inscrit dans l'histoire de l'art et qu'il est l'évolution de ces peintures modernes révolutionnaires que créèrent Alberti Courbet et bien d'autres.
Sous ses airs frivoles, parce qu'empreint de couleurs flash, d'un style épuré et de motifs naïfs, l'art de Haring, comme celui de nombreux Street-artistes, a pour lui la volonté de faire passer un message, de dénoncer le système, les médias, la guerre et vers la fin de sa vie, le Sida.
« Mes images sont une réponse directe à mon appréhension du monde actuel ; à la façon par exemple, dont les gens croient au progrès technologique, mais, en même temps, ne s’y fient pas » déclara-t-il. Le Street art demeure donc un moyen de faire passer des messages de contestation ou simplement des constats sur la société.
Mais les artistes n'ont pas toujours un message précis à faire passer. Nous avons tort de vouloir machinalement attribuer une valeur messagère aux œuvres. Elles ne seraient alors plus que des moyens et non des finalités en elles-mêmes.
Le collectif d'artistes « Cnard » développe un art qui ne se veut pas politique ou commercial, mais juste un art empreint à faire sourire les enfants. Il déclara à ce propos : « nous ce qui nous intéresse plus c'est les questions que ça peut emmener chez les petits. C'est plus intéressant de toucher les petits parce que c'est eux qui dans 10 ans vont se mettre à dessiner. (...) parce que l'avis des adultes on le connaît, il est toujours un peu cynique. Les gens ont toujours un doute sur ton honnêteté, est-ce que tu ne fais pas ça pour l'argent tout ça ».
Parce que oui, beaucoup d'artistes se servent de leur bombe comme gagne-pain... mais est-ce que cela est bien légal dans l'art de rue ? Quand les artistes décident de se vendre, ne ternissent-ils pas l'essence du Street art qui est de partager sa philosophie à travers son art dans la rue ? Telle est la question du marché de l'art urbain...
La rétrospective de l'oeuvre d'Haring, intitulée « The Political Line », fait renaître ces halles macabres, et surtout, Haring lui-même. Il s'agit de redonner vie à l'artiste de génie que la mort nous a volé 23 ans auparavant.
Nous ne pouvons bien entendu que faire l'éloge de cet événement international « à la fois par le nombre d'oeuvres et par leur qualité », selon les mots de Fabrice Hergott, directeur du MAM.
Aussi, parce que chaque œuvre rassemblée provient de collections privées, elles-mêmes disséminées à travers le monde ; c'est donc l'occasion de s'approcher d'œuvres que l'on ne reverra probablement jamais. Profitons !
Pour finir, la rétrospective répond au souhait d'Haring formulé étant enfant : être exposé par un musée français. Ainsi, après le musée d'Art contemporain de Lyon et sa rétrospective de 2008, c'est la capitale de la culture, de l'art et de l'expression, en un mot Paris, qui lui offre la consécration. Donc, reconnaissons-le, c'est certainement la rencontre artistique à ne pas rater de ce début d'année. Elle nous permet à nous, spectateurs avides de culture et passagers du milieu urbain, de mieux comprendre l'oeuvre du plus célèbre des Street artistes et par-là, le Street-art et sa valeur.
Il n'est pas question ici d'expliquer le travail d'Haring, ni de se soucier du débat sur la légitimité du statut « d'Art » pour cette discipline. Voyons un peu ce qu'il est du Street art, omniprésent, mais que nous ne savons souvent pas trop comment définir et délimiter...
Haring oeuvrait la nuit, loin des musées et des galeries, dans les métros new-yorkais de l'East Village, où se développait la culture alternative des années 80. À l'époque, on le traitait volontiers de vandale et de meurtrier du calme et de la propreté publique.
S'il était traité de la sorte, c'est que c'est l'un des premiers à oeuvrer dans l'espace public tout en valorisant ce nouveau courant par la commercialisation dans une boutique, le Pop Shop, où il vendait des articles dérivés de son art. Si les artistes comme Haring utilisent la rue comme mur d'expression, c'est parce qu'ils savent qu'ils peuvent ainsi toucher un plus grand public. Ils souhaitent démocratiser le Street art comme les peintres réalistes l'ont fait avec la peinture au XIXe. C'est la volonté de partager l'art avec un public différent qui anime les artistes dans leur travail.
Cette notion de partage de l'art est très importante dans la logique du Street-art, car c'est une pratique artistique qui se développe dans et surtout, avec la rue. Le rapport avec le public, contrairement aux autres formes artistiques, est ici forcé, puisque les motifs s'imposent au passant.
Il y a un rapport triangulaire d'échange entre l'artiste, le passant et la rue. L'artiste donne au passant au moyen de la rue, mais il n'est rien sans le passant comme le maître n'est rien sans son esclave. L'art de la rue, ce n'est pas juste une signature floue, rapidement recouverte par une autre signature, un tag. — D'ailleurs, pour la terminologie, le tag est l'ancêtre du Street art. Les motifs étaient alors absents puis peu à peu, révolutionnèrent les rues. C'est là que l'on commença à parler de Street art — c’est un message artistique, un dessin parlant qui en a long à raconter.
Un flot de symboles à comprendre et à expérimenter comme c'était le cas dans les oeuvres modernes. Soyons aujourd'hui tous certains que le Street art est inscrit dans l'histoire de l'art et qu'il est l'évolution de ces peintures modernes révolutionnaires que créèrent Alberti Courbet et bien d'autres.
Sous ses airs frivoles, parce qu'empreint de couleurs flash, d'un style épuré et de motifs naïfs, l'art de Haring, comme celui de nombreux Street-artistes, a pour lui la volonté de faire passer un message, de dénoncer le système, les médias, la guerre et vers la fin de sa vie, le Sida.
« Mes images sont une réponse directe à mon appréhension du monde actuel ; à la façon par exemple, dont les gens croient au progrès technologique, mais, en même temps, ne s’y fient pas » déclara-t-il. Le Street art demeure donc un moyen de faire passer des messages de contestation ou simplement des constats sur la société.
Mais les artistes n'ont pas toujours un message précis à faire passer. Nous avons tort de vouloir machinalement attribuer une valeur messagère aux œuvres. Elles ne seraient alors plus que des moyens et non des finalités en elles-mêmes.
Le collectif d'artistes « Cnard » développe un art qui ne se veut pas politique ou commercial, mais juste un art empreint à faire sourire les enfants. Il déclara à ce propos : « nous ce qui nous intéresse plus c'est les questions que ça peut emmener chez les petits. C'est plus intéressant de toucher les petits parce que c'est eux qui dans 10 ans vont se mettre à dessiner. (...) parce que l'avis des adultes on le connaît, il est toujours un peu cynique. Les gens ont toujours un doute sur ton honnêteté, est-ce que tu ne fais pas ça pour l'argent tout ça ».
Parce que oui, beaucoup d'artistes se servent de leur bombe comme gagne-pain... mais est-ce que cela est bien légal dans l'art de rue ? Quand les artistes décident de se vendre, ne ternissent-ils pas l'essence du Street art qui est de partager sa philosophie à travers son art dans la rue ? Telle est la question du marché de l'art urbain...