Crédits photo -- Ethan Miller/Getty Images
« Jennifer Lopez n’aurait pas chanté pour Gurbanguly Berdymukhamedov, ni même simplement au Turkménistan, si elle avait été au courant de la situation des droits de l’Homme dans le pays » a déclaré l’agent de J-Lo. Mais voilà, le problème c’est que le Turkménistan est classé parmi les dix pays les plus répressifs du monde. L’homosexualité y est punie de deux ans d’emprisonnement, toute opposition politique est considérée comme « trahison » et passible de la prison à vie, l’Internet local est sujet à un intense contrôle étatique, tous les médias sont censurés (classé troisième pire pays pour la liberté de la presse par Reporters Sans Frontières après la Corée du Nord et la Birmanie), la corruption est endémique, et restent encore à évoquer les discriminations ethniques et religieuses, les interdictions en tous genres (jeux vidéos, pilosité faciale, maquillage, cheveux longs, play-back en concerts...), la réélection du président, qui se fait appeler « Patron », à 97% des voix en février 2012, ou encore la gigantesque statue plaquée or à l’effigie du premier président du Turkménistan, ladite statue pivotant sur son socle afin de toujours faire face au soleil. Et la liste est loin d'être exhaustive.
Cynisme intéressé ou ignorance crasse ?
Ça n’est pas la première fois que Jennifer Lopez se fait remarquer pour ses concerts privés en compagnie douteuse. Elle semble par ailleurs manifester un goût prononcé pour l’ancien espace soviétique. Par le passé, la chanteuse s’est déjà produite en concert privé pour un homme d’affaires ouzbek en Ukraine pour un million de dollars, ainsi que pour l’oligarque azéri Telman Ismailov pour environ un million et demi de dollars. Cynisme intéressé ou ignorance crasse des réalités géopolitiques ? L’an dernier, au terme de deux concerts donnés en Russie, elle avait refusé de répondre à une question concernant les Pussy Riot, affirmant « Je n’aime pas parler de politique. » En arrivant sur le territoire turkmène, Jennifer Lopez s’étonnait sur son compte Twitter de la faible activité de ses followers locaux. Peut-être s’en étonnerait-elle moins si elle savait que Twitter, au même titre que Facebook, YouTube et quantité d’autres sites, est interdit dans le pays.
La chanteuse new-yorkaise est la dernière en date à se faire pointer du doigt, mais les prestations de grandes stars au profit de dirigeants d’Asie Centrale ne sont pas si rares. En 2007, Elton John empochait 1,25 million de dollars pour un concert privé organisé par le gendre de Noursoultan Nazarbayev, président du Kazakhstan. En 2010, c’est Sting qui s'est vu offrir pas moins de 2,5 millions de dollars pour un concert privé en l’honneur du président ouzbek Islam Karimov. Côté français, Gérard Depardieu confirme sa place de champion toutes catégories. En décembre 2012, il accompagnait la fille d’Islam Karimov, Gulnara Karimova, diplomate, femme d’affaires et chanteuse à ses heures perdues, sur une chanson d’amour. Son nom circulait le mois suivant dans le casting potentiel d’une série télévisée produite par Karimova.
Cultivant son image publique de philanthrope, de soutien à la culture et de femme moderne et dynamique, Karimova est, selon des documents publiés par Wikileaks en 2010, l’individu « le plus haï d’Ouzbékistan ». Ses activités d’extorsion et de chantage lui ont permis de bâtir un empire économique tentaculaire présent dans l’immobilier, les médias, les télécommunications, la culture du coton, les hydrocarbures, la restauration et les night-clubs. Des rumeurs l’accusent d’être liée aux opérations de stérilisation forcée de femmes ouzbèkes menées par le Ministère de la Santé dans les campagnes afin d'y réduire le taux de natalité. Toujours dans la famille Karimov, Lola Karimova s’était payé la présence d’Alain Delon lors d’un dîner à Paris en 2009. Le même Alain Delon avait dîné en compagnie de la femme du président d’Azerbaïdjan Ilham Aliev, réputé pour sa conduite autoritaire du pays.
La chanteuse new-yorkaise est la dernière en date à se faire pointer du doigt, mais les prestations de grandes stars au profit de dirigeants d’Asie Centrale ne sont pas si rares. En 2007, Elton John empochait 1,25 million de dollars pour un concert privé organisé par le gendre de Noursoultan Nazarbayev, président du Kazakhstan. En 2010, c’est Sting qui s'est vu offrir pas moins de 2,5 millions de dollars pour un concert privé en l’honneur du président ouzbek Islam Karimov. Côté français, Gérard Depardieu confirme sa place de champion toutes catégories. En décembre 2012, il accompagnait la fille d’Islam Karimov, Gulnara Karimova, diplomate, femme d’affaires et chanteuse à ses heures perdues, sur une chanson d’amour. Son nom circulait le mois suivant dans le casting potentiel d’une série télévisée produite par Karimova.
Cultivant son image publique de philanthrope, de soutien à la culture et de femme moderne et dynamique, Karimova est, selon des documents publiés par Wikileaks en 2010, l’individu « le plus haï d’Ouzbékistan ». Ses activités d’extorsion et de chantage lui ont permis de bâtir un empire économique tentaculaire présent dans l’immobilier, les médias, les télécommunications, la culture du coton, les hydrocarbures, la restauration et les night-clubs. Des rumeurs l’accusent d’être liée aux opérations de stérilisation forcée de femmes ouzbèkes menées par le Ministère de la Santé dans les campagnes afin d'y réduire le taux de natalité. Toujours dans la famille Karimov, Lola Karimova s’était payé la présence d’Alain Delon lors d’un dîner à Paris en 2009. Le même Alain Delon avait dîné en compagnie de la femme du président d’Azerbaïdjan Ilham Aliev, réputé pour sa conduite autoritaire du pays.
Chevaux, bolides et yacht
Le président turkmène Gurbanguly Berdymukhamedov | Crédits photo -- Reuters
Pâtissant d’une image déplorable sur la scène internationale, les dirigeants d’Asie centrale peuvent s'offrir le luxe d’associer leurs noms à ceux de grandes stars, dans l'espoir de redorer partiellement leurs blasons ternis, ou plus prosaïquement de jouir d’un show exceptionnel le temps d’une soirée. Souvent impliqués dans les milieux d’affaires, nombre d’hommes politiques d’État d’Asie centrale affichent un goût prononcé pour cadeaux luxueux et loisirs dispendieux. Propriétaire d’une quarantaine de chevaux, le président du Kazakhstan a fait l’acquisition de plusieurs propriétés pour un coût s’élevant à quelques millions de dollars. C’est cependant encore une fois le Turkménistan qui semble décrocher la palme.
Si l'on peut douter de son amour pour les équidés depuis sa chute spectaculaire lors d'une course de chevaux, le Président Gurbanguly Berdymukhamedov accumule en revanche les cadeaux somptueux de sociétés étrangères en échange d’avantageux contrats. On lui prête notamment un yacht de 60 millions de dollars offert par la société russe Itera en 2008 selon Wikileaks, et de nombreuses voitures de luxe, Bentley, Mercedes Maybach, Cadillac Escalade ou encore Range Rover. Un goût pour l’exubérance que l’on retrouve dans la politique urbaine des dirigeants turkmènes : il y a un peu plus d’un mois, la capitale Achkhabad entrait dans le livre des records, comme la ville où l’on trouve le plus grand nombre de bâtiments en marbre blanc du monde.
Si l'on peut douter de son amour pour les équidés depuis sa chute spectaculaire lors d'une course de chevaux, le Président Gurbanguly Berdymukhamedov accumule en revanche les cadeaux somptueux de sociétés étrangères en échange d’avantageux contrats. On lui prête notamment un yacht de 60 millions de dollars offert par la société russe Itera en 2008 selon Wikileaks, et de nombreuses voitures de luxe, Bentley, Mercedes Maybach, Cadillac Escalade ou encore Range Rover. Un goût pour l’exubérance que l’on retrouve dans la politique urbaine des dirigeants turkmènes : il y a un peu plus d’un mois, la capitale Achkhabad entrait dans le livre des records, comme la ville où l’on trouve le plus grand nombre de bâtiments en marbre blanc du monde.