JFK : il y a 50 ans, le mythe de Dallas

22 Novembre 2013



Il y a cinquante ans, Kennedy était assassiné à Dallas. Le mobile du crime, l’identité du tueur, la possibilité d’un complot : aujourd’hui encore, le doute plane quant aux circonstances du meurtre. La seule certitude, l’assassinat de Kennedy propulsa ce dernier dans la légende.


Crédits photo -- Corbis
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De très nombreux ouvrages ont été publiés pour commémorer les cinquante ans de l’assassinat de Kennedy. Parmi eux, se détache le témoignage d’un des deux seuls journalistes français présent à Dallas juste après l’événement : Philippe Labro. Il se rappelle l’Amérique foudroyée par la nouvelle, et la confusion qui régnait dans le commissariat où ont été détenus successivement Oswald, puis Ruby.

Philippe Labro, alors correspondant de France Soir aux États-Unis, avait croisé JFK avant Dallas. Il se souvient de l’homme derrière le Président, qu’il avait découvert à la Maison Blanche. C’est de ce Kennedy aux deux visages, aussi charismatique qu’imparfait, dont il esquisse le portrait. Car s’il respirait la jeunesse, Kennedy ne cessa d’être victime de son corps, comme Franklin Delano Roosevelt avant lui. Malade ? Imparfait ? Peu importe. Kennedy, c’était « J comme Jeunesse, F comme Futur, K comme Kilowatt ». C’est ce portrait qui a été balayé et sublimé par quelques coups de feu, tirés du sixième étage du dépôt de livres scolaires de Dallas.

« On a tiré sur le Président ! »

Le président Kennedy savait que venir à Dallas n’était pas sans risque. Le fait qu’il ait dénoncé la ségrégation faisait de lui une persona non grata au Texas. Mais, les élections approchaient et il fallait gagner des voix. Il était arrivé à Dallas le matin du 22 novembre 1963, accompagné de Jackie, son épouse. Il faisait beau et JFK avait demandé que sa voiture soit décapotée. Il devait traverser la ville avant de se rendre à un déjeuner, au Trade Mark. Assis à l’arrière de la Lincoln Continental, au côté de son épouse, il eut la surprise d’être bien accueilli par la foule. La femme du gouverneur du Texas, assise devant Jackie Kennedy, à la gauche de son époux, lui fit d’ailleurs remarquer qu’il ne pourrait pas dire que Dallas ne l’aimait pas.

La voiture roulait lentement. Elle quitta Main Street pour s’engager sur Houston street et amorcer un virage serré sur Elm street. Dealey Plaza était la fin du parcours présidentiel. Le cortège passa devant le dépôt de livres scolaires de Dallas. Quelques secondes après, une salve de coup de feu retentit. Le Président tombe, puis le gouverneur s’écroule. Jackie se précipite vers l’arrière du véhicule. Clinton J. Hill, agent secret responsable de sa protection, s’élance vers elle depuis la Cadillac suivant la voiture présidentielle. Le cortège présidentiel se dirige désormais vers l’hôpital, mais il est déjà trop tard. Une demi-heure après, le Président décède.

Des hypothèses à défaut de la vérité

Après le choc, alors que tous les regards étaient tournés vers les funérailles officielles du Président à Washington, Philippe Labro était à Dallas. Au commissariat, il croise Oswald, interroge les policiers et discute avec le capitaine. Il rencontre aussi un homme étrange qui lui donne sa carte de visite, un certain Ruby. Il est également l’un des premiers à retracer le parcours d’Oswald jusqu’à son arrestation, et à suivre, pour la presse française, tous les rebondissements des enquêtes successives.

Un demi-siècle après, Philippe Labro en revient aux faits. Car du meurtre, des hypothèses, des théories du complot, tout et son contraire semblent déjà avoir été dit. Bien sûr, toutes les archives n’ont pas encore été rendues publiques, mais chacun s’est fait son idée, à défaut de connaître la vérité.

Et quels sont ces faits ? Sont-ils de ceux du rapport Warren ? Ceux de l’enquête Garrison, du nom du district attorney de la Nouvelle Orléans qui a décidé de rouvrir le dossier Kennedy à la fin des années 1960 ? Ceux de la U.S. House of Representatives Select Committee on Assassinations qui ont confirmé le rapport Warren sans pour autant rejeter la théorie du complot ? Pour Philippe Labro, au-delà des rapports et des ragots, seules les choses vues comptent.

Au cœur du chaos

Or, qu’a-t-il vu à Dallas ? Une sorte de carnaval embrumé d’amateurisme. Car, selon lui, ce qu’il faut retenir, c’est bien sûr que les services secrets n’ont pas assuré correctement la sécurité de Kennedy. Mais, c’est aussi la facilité avec laquelle n’importe qui pouvait avoir accès à Oswald, dans le commissariat de Dallas. Peut-être que la police était débordée et qu’il existait une collusion entre elle et le monde qui virevoltait autour, monde dont Jack Ruby faisait parti.

Des « années Kennedy », l’assassinat à Dallas constitue indéniablement la pièce maîtresse. C’est bien ce crime, qui, en l’inscrivant dans la funeste lignée de Lincoln, transcenda Kennedy. Mais à la lumière de ce dernier, répondent inlassablement les ombres d’Oswald et de Ruby. Car le « mystère » de ces deux hommes est peut-être la solution à l’énigme de l’assassinat de JFK.

Depuis le désordre du commissariat de Dallas où Philippe Labro se replonge, il est possible d’être au plus près du mystère et de redécouvrir une époque pas si lointaine. Car cela ne fait aujourd’hui qu’un demi-siècle qu’ « on a tiré sur le Président »*.


* « On a tiré sur le Président », Philippe Labro, NRF Gallimard, 2013.


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1.Posté par sorin le 22/11/2013 14:04
tres bon article

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