Une cinquantaine de blessés, 70 émeutiers interpellés. Si les loyalistes manifestaient pacifiquement devant la mairie pendant que le conseil municipal s'y réunissait ce lundi, dans l'Est de la ville, les forces de l'ordre ont utilisé balles en caoutchouc et canons à eaux pour répondre aux lancers de pierres et cocktails Molotov des manifestants. Briques, bouteilles et engins incendiaires, volent dans les rues de Belfast depuis jeudi dernier. Les émeutiers contestent la décision de la municipalité. Cette dernière, majoritairement dirigée par les nationalistes irlandais, a entrepris de ne faire flotter le drapeau de l'Union Britannique que 17 jours spécifiques dans l'année. Par exemple, à l'occasion de l'anniversaire de la duchesse de Cambridge, Kate Middleton, mercredi prochain. Les loyalistes protestants, pour qui l'Union Jack est cher, se battent pour le conserver, et, symboliquement, les valeurs qui l'accompagnent. Theresa Villiers, la ministre de l'Ulster a déclaré sur la BBC qu'il n'était « pas acceptable que ceux qui défendent le drapeau britannique le fassent en lançant des briques et des cocktails Molotov sur la police. »
Simple conformité ou provocation ?
Le conseil municipal se serait simplement mis en conformité face aux consignes appliquées aux édifices gouvernementaux. Mais dans une région aussi sensible qu'est l'Ulster, cette modification est immédiatement apparue comme une provocation des nationalistes qui composent le conseil. Sensible de par son histoire, cette province s'est vue secouée par des violences intercommunautaires pendant trente-cinq ans, causant 3500 morts. Si l'accord de paix a été signé en 1998, les tensions demeurent. Et ont toujours demeuré. Rappelons, à ce titre, la « Love Ulster Parade de 2006 », destinée à rendre hommage aux victimes assassinées par l'IRA (Irish Republican Army). La commémoration a rapidement tourné au règlement de compte entre les Unionistes et les Républicains, tandis que les forces de l'ordre tentait de maîtriser les attaques. L'évènement s'était soldé par 14 blessés et 40 arrestations. L’Irlande du Nord souffre de son passé, et cette nouvelle n'est pas la bienvenue dans la région.
« Absence de leader pour négocier »
Pour mettre fin aux affrontements, des personnalités religieuses - mais aussi politiques - d'Irlande du Nord, ont entamé un dialogue. Cependant, un problème subsiste ; « il n’y a, semble-t-il, aucune personne à laquelle nous puissions nous adresser », a déclaré Michael Copeland, député d'Ulster. Mais la question est de savoir s'il y a réellement absence de leader ou si cette raison est un prétexte, une solution de facilité. Il est aussi reproché au peuple de n'avoir pas de « revendications claires », mais ne sont-elles pas tout simplement la peur d'une vague de nationalisme ? Le peuple irlandais est craintif, probablement à juste titre. Il est temps pour l'Irlande du Nord de se réconcilier. Et si la classe politique peine à faire aboutir un dialogue de paix, le peuple, lui, peut-être y parviendra-t-il.