Irlande : découvrez les secrets de l'île d'Émeraude

Carnet de voyage d'un expatrié en Irlande 1/3

25 Juillet 2013



Bravez la pluie et réveillez le Tigre (Celtique) qui est en vous ! Trois ans passés parmi les Irlandais à dénicher les pubs typiques, les bonnes adresses, à visiter des lieux plus ou moins emblématiques et à découvrir, toujours au pub avec un verre de whisky, le charme de la culture irlandaise. Suivez le guide !


Cliffs of Moher | Credits -- Tara Reid
Cliffs of Moher | Credits -- Tara Reid
Fáilte go hÉireann ! » C’est par ces mots que vous serez accueillis dans la verte Erin. Le temps risque d’être capricieux : ciel gris et nuageux, vent frais avec (probablement) quelques gouttes de pluie. Qu’à cela ne tienne ! Il est temps de sortir des sentiers battus des clichés sur l’Irlande et d’aller découvrir celle que l’on a surnommée, pendant près de dix ans, le Tigre Celtique.

BAILE ATHA CLIATH

La première escale vous amène à Dublin, ou Baile Átha Cliath en irlandais. Car c’est là, la première surprise : l’Irlande a deux langues officielles, l’anglais et le gaélique. Langue gaélique parlée également en Écosse et sur l’île de Mann (malgré quelques variantes), c’est une langue que vous aurez énormément de mal à comprendre à moins de vivre à Plogonnec, en plein milieu du Finistère et d’avoir regardé feu TV Breizh quotidiennement ces dix dernières années.

Vous voilà donc à Dublin. « La mare noire » comme son nom l’indique (la ville ayant été bâtie par les Vikings au IXe siècle à l’emplacement d’un ancien lac assez sombre), première ville d’Irlande avec une population d’environ 1,2 million habitants (pour une île qui en comprend 4,5). Parmi les attractions typiques, les pubs seront parmi les premières choses que vous remarquerez. Leur importance est cruciale pour la vie locale. Diminutif de « public house », les pubs constituent le lieu de vie, de divertissement et de rencontre des Irlandais. Il y en a au moins un dans chaque village. Les mauvaises langues vous diront qu’il y a plus de pubs en Irlande que d’habitants ! 



Grafton Street | Credits -- Mespil Hotel
Grafton Street | Credits -- Mespil Hotel
En arrivant dans le cœur de Dublin, vous trouverez la rivière Liffey. Véritable marqueur géographique elle coupe la ville en deux sur un axe est-ouest. Autrefois utilisée pour le transport, en péniche, des barils de Guinness jusqu’au port de Dublin, la Liffey est aujourd’hui une rivière dont le niveau d’eau fluctue de manière assez impressionnante tant et si bien que deux canaux ont dû être aménagés au nord et au sud de la ville. En supposant que vous ayez pris le bus depuis l’aéroport (le numéro 16 est un bus de ville, comptez 2 €50 environ ; le centre-ville est sinon très bien desservi par nombre de compagnies privées, comptez 6 € le trajet), vous pourrez descendre à O’Connell Bridge. Ce pont, situé dans l’alignement de l’une des artères principales de Dublin, O’Connell Street a la particularité d’être plus large que long.

O’Connell Street ne présente pas grand intérêt, si ce n’est la Grande Poste depuis laquelle partit l’insurrection de Pâques 1916 menée par l’avocat Patrick Pearse et férocement matée par les forces britanniques qui ne pouvaient se permettre, en pleine Première Guerre mondiale, de composer avec les demandes d’émancipation des Irlandais. La poste est aisément remarquable en raison de la présence, à ses côtés, d’une gigantesque construction métallique : « The Spire ». Surnommée l’aiguille de Dublin en référence aux nombreux junkies qui peuplaient autrefois les squats de Temple Bar, cette construction (dont on trouve une réplique à Belfast) symbolise le rapprochement entre la République d’Irlande (au sud) et l’Irlande du Nord (territoire britannique).

En traversant le pont en direction du sud vous arriverez vers le cœur de Dublin : College Green et le Trinity College, Temple Bar et sa multitude de pubs qui ne ferment (presque) jamais et Grafton Street qui vous mènera vers les quartiers victoriens de la capitale irlandaise.

Trinity College | Credits -- Matthew Buck
Trinity College | Credits -- Matthew Buck
Commençons par Trinity College si vous le voulez bien. Le but de cet article n’est pas de vous faire un historique de cette ancienne université (fondée en 1514 par la reine Elizabeth pour les étudiants protestants d’Irlande), chose que les étudiants-guides font très bien eux-mêmes. Je vous recommande donc de visiter la grande bibliothèque et le book of Kells, joyau d’enluminure monastique du VIIe siècle (10 € l’entrée, si vous la cumulez avec une des visites extérieures proposées par les étudiants – en été seulement, plusieurs langues disponibles – vous ne paierez que 10 € pour le tour de l’université et de la bibliothèque) ainsi que le musée d’histoire naturelle. Notons au passage que cette bibliothèque a servi comme modèle pour les bibliothèques numériques retrouvées dans Star Wars épisodes II et III  (rien que ça !).

La culture est omniprésente en Irlande ! Spectacles et chanteurs/danseurs, sketchs, théâtre et récitation de poèmes se retrouvent dans les rues et les pubs. Les Irlandais adorent la littérature et l’Irlande est le seul pays au monde capable d’aligner trois prix Nobel de littérature. Trinity n’est d’ailleurs pas en reste avec l’une des premières bibliothèques d’Europe et nombre d’évènements culturels organisés tout au long de l’année.

Culture ou pub ?

Peut-être préféreriez-vous aller déguster une bière ou un whisky ? Le choix entre les deux est cornélien, car l’adage « dis-moi ce que tu bois, je te dirais qui tu es » n’a peut-être jamais été aussi véridique qu’au pays de la Guinness et de Jameson.

La Guinness d’abord. L’usine se trouve à Dublin, dans le quartier de St James’ Gate-, à l’ouest de la ville en suivant la Liffey, le bus touristique hop on/hop off peut vous y déposer. Son fondateur, Arthur Guinness – dont la fête est normalement célébrée autour du 26 septembre – ne comptait sûrement pas la délocaliser puisqu’il a pris un bail pour 1000 ans ! La Guinness est l’arme de la survie locale : noire, épaisse et amère, on dit même que dans un verre de Guinness il y a « autant à boire qu’à manger ». C’est une stout, contrairement aux ales ou lagers qui sont des bières blondes, plus légères. Économiquement, la Guinness est assurément une arme défensive de choix dans l’arsenal gouvernemental irlandais : avec un pub dans chaque village et nombre d’emplois liés au commerce de l’alcool (pubs, transport, etc.), l’entreprise est une source de fierté nationale, mais également un solide gage de solidité économique. 

Pour le whisky, « l’eau-de-vie » en gaélique, Jameson est assurément la première marque qu'il vous faut tester. Notez toutefois que l’usine se trouve à Cork et que la visite de la distillerie proposée à Dublin n’est en fait qu’une vitrine (somme toute limitée) de l’usine véritable. Pour les grands amateurs de whisky, je ne saurais que trop vous recommander d’aller faire un tour au Black Sheep (Capel Street) ou à Café en Seine (Dawson Street). Deux pubs qui possèdent une impressionnante collection de whiskys. Contrairement au scotch (whisky écossais) et au bourbon (whisky américain), le whisky irlandais est distillé trois fois, le rendant quasiment transparent. Parmi les whiskys à goûter absolument, tentez le Bushmills Black (Irlande du Nord), le Green Spot, le Writer’s Tears, le RedBreast ou l’un de ceux parfumés à la tourbe comme le Connemara. À éviter absolument : le Paddy ou le Power’s !

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Maxence Salendre
Amoureux des langues et cultures étrangères, je conjugue mes rêves en anglais, sur l’île... En savoir plus sur cet auteur