Irlande : Galway, Connemara et Boyne, visite historique de l'île d'Émeraude

Carnet de voyage d'un expatrié en Irlande 2/3

10 Août 2013



Âme perdue au fond d'un verre de whisky ou corps égaré dans un pub dublinois en regardant le dernier match de hurling, continuons notre périple en Irlande à la découverte de la vallée de la Boyne, du Connemara et de Galway.


Lacs du Connemara | Crédits photo -- Patrizia Schiozzi
Lacs du Connemara | Crédits photo -- Patrizia Schiozzi
Dublin ne se résume pas seulement à la culture et aux pubs (ou à la culture des pubs, chacun son choix). La ville possède également un grand patrimoine historique. Les deux cathédrales, Christchurch – la protestante et Saint-Patrick – la catholique, reflètent l’histoire terrible d’une nation envahie par un ennemi qui a déporté sa population dans les zones marécageuses du Connemara, en lui imposant sa religion et un système politique que les Irlandais n’ont jamais reconnus.

Quand l’Irlande et le Royaume-Uni se mélangent à nouveau…

Château de Dublin | Crédits photo -- Artur Bogacki/Shutterstock
Château de Dublin | Crédits photo -- Artur Bogacki/Shutterstock
Le Château de Dublin, siège du gouverneur avant la guerre d’indépendance est l’un des édifices visibles. Pour davantage d’informations sur l’histoire irlandaise, je ne saurais trop vous recommander de lire l’excellent ouvrage « Histoire de l’Irlande et des Irlandais » de l’historien Pierre Joannon.

Le quartier situé autour du parc de Saint-Stephen’s Green, au sud de Grafton Street, ainsi que Ballsbridge, situé à l’ouest de Trinity College, sont des exemples types de l’architecture victorienne qui rappellent les villes d’Angleterre et certains quartiers londoniens. Ce quartier et les rues environnantes, Exchequer Street notamment, présentent nombre de petits restaurants à ne pas manquer. Phoenix Park, à l’extrême ouest de la ville, n’est pas sans rappeler les grands parcs londoniens. La colonne Wellington rappelle les victoires de ce général britannique tandis que le drapeau tricolore irlandais flotte sur l’Áras an Uachtaráin, la résidence officielle du Président.

Vers les vertes prairies…

Peut-être préféreriez-vous vous abandonner au charme bucolique de la campagne irlandaise. Dublin offre quelques jolies excursions accessibles depuis l’Office du Tourisme ou en utilisant le DART (l’équivalent local du RER – en plus propre). Au nord, Malahide, son château et ses plages (sur lesquelles vous ne vous baignerez pas) vous accueillent tandis que le port de pêche de Howth vous régalera de ses crustacés.

Plus loin au nord, Drogheda et la vallée de la Boyne enchanteront les amateurs d’Histoire. Site de la bataille de la Boyne qui a opposé les troupes du protestant William d’Orange et le roi catholique, britannique et déchu James, la vallée de la Boyne abrite aussi les tombes préhistoriques de Newgrange et Knowth. Vous ne croiserez probablement pas le roi James, vaincu en 1690 et dont l’un des officiers exilés en France a fondé la maison des cognacs Hennessy. C'est ici que l’ingéniosité des premiers Irlandais est remarquable : ces tumulus ont été bâtis dans l’alignement des rayons du soleil les jours de solstice. Déclarée patrimoine mondial de l’Humanité par l’UNESCO, la visite de Newgrange et de la vallée de la Boyne vaut les 40 minutes de trajet (départ depuis , les billets sont disponibles à l’office de tourisme).

Newgrange | Crédits photo -- German Poo-Caamano
Newgrange | Crédits photo -- German Poo-Caamano
Si l’idée de remonter encore plus vers le Nord vous fait déjà frissonner de froid, pourquoi ne pas vous rendre dans le sud, à Glendalough et dans les monts Wicklow ? Le lac et le site monastique de Glendalough charmeront les amoureux de la nature tandis que les amateurs de bière pourront toujours essayer de découvrir le secret qui se cache dans l’eau des monts Wicklow et qui donne ce goût si prononcé à la Guinness (surement dû à la couleur rouille de l’eau – mais ceci n’est probablement qu’un argument de plus pour vous pousser vers la consommation de l’eau-de-vie gaélique, breuvage tellement plus noble…).

Si l’idée de la conduite à gauche ou le côté grégaire du tour-opérateur vous effraie, pourquoi ne pas prendre le DART vers le sud pour aller visiter le charmant village de Dalkey. À noter que vous risquez de croiser Bono qui a ses habitudes dans les pubs locaux.

On the road…

En voiture ou en bus, tels les colons américains, nous sommes en route vers l'Ouest. Optez pour l’une des trois compagnies d’autobus qui vous emmèneront vers Galway et le Connemara : Gobus, Citylink et BusEireann. Les deux premières sont les plus recommandables : tarifs moins élevés et une rapide arrivée à bon port assuré. Alors certes vous ne risquez pas de croiser beaucoup de moutons en route, mais vous aurez moins la satisfaction de rouler sur les autoroutes flambant neuves financées par vos impôts. Car oui, les autoroutes irlandaises ont été, en grande partie, financées par l’Union européenne. Sur la route Dublin-Galway, Clonmacnoise est le premier site qu'il faut visiter. Site monastique assez bien conservé, c’est ici que Jean-Paul II a célébré une messe sur la lande irlandaise. La route est longue, en cas de panne de « carburant », la distillerie de Kilbeggan vaut vraiment le détour.

Galway ou la porte du Connemara

Galway | Crédits photo -- Rejflinger
Galway | Crédits photo -- Rejflinger
Les Irlandais entonnent, eux aussi, l'air d'une chanson interprétée par un certain chanteur français. Il faut admettre que sa description n’est pas erronée. Le Connemara est une lande marécageuse, tourbeuse, et battue par le vent. Galway et Clifden en sont les villes principales. Galway est la quatrième ville d’Irlande. C’est une ville peuplée d’étudiants l’année et de touristes l’été. La ville accueille un festival artistique, un festival de cinéma, une semaine de courses hippiques et a pendant deux années reçu la Volvo Ocean Race (course nautique autour du globe) durant les mois de juillet et août.

C’est une ville très animée l’été qui s’endort et reprend son image de port de pêche le reste de l’année. Côté restauration, il y a de quoi être servi. Galway abrite parmi les meilleurs restaurants qu’il m’ait été donné de tester en Irlande. Que vous souhaitiez manger espagnol (le Lunares à Woodquay), japonais (le Kappa-Ya sur Middle Street), ou découvrir la nouvelle « cuisine terroir » à l’irlandaise à Nimmos ou Kai Café, vous trouverez tous les styles à Galway. Peuplée de hippies, la ville affiche un côté « nature » assez intéressant. Les produits sont locaux, le marché (les samedis et dimanches matin sur Church Yard Street) s’apparenterait presque à nos marchés méridionaux (le mauvais temps en plus). C’est une ville qui peut vous servir de camp de base pour visiter les environs.

Le Connemara, le Burren ou les îles d’Aran ?

Depuis Galway, trois excursions sont possibles en bus : le Connemara et l’abbaye de Kylemore, une magnifique abbaye bâtie par un Lord britannique en l’honneur de sa femme tombée amoureuse de cette vallée boisée, nichée entre deux montagnes. En effectuant ce tour, les plaines tourbeuses du Connemara ainsi que l'unique fjord d’Irlande (à Killary Habour) s'offriront à vous. Revers de la médaille : c'est aussi à ce même endroit que des milliers de paysans irlandais ont été déportés par Cromwell et ses successeurs…

En partant vers le sud, vous pourrez visiter le Burren et ses montagnes granitiques, le comté de Clare et ses dolmens et enfin les magnifiques falaises de Moher, parmi les plus hautes d’Europe. Culminant à plus de 200 mètres au-dessus des flots, elles ont servi de décor pour le cinquième film Harry Potter. 

Par temps clair, vous apercevrez le Connemara de l’autre côté de la baie de Galway ainsi que les îles d’Aran (Inis Mór – la grande, Inis Meáin et Inis Óirr – la petite). Ces dernières constituent la troisième excursion possible depuis Galway. Accessibles en bateau depuis le port de Doolin (comté de Clare) ou Rossaveel (comté de Galway). Les trois îles sont couvertes de champs…de pierres, battues par les vents, divisées en minuscules lopins de terre séparés par des murs de pierre (sinistres souvenirs du droit de succession britannique qui imposait aux paysans de diviser leurs terres en parts égales pour chacun de leurs enfants créant dès lors querelles familiales, divisions des capacités de production et famine). Les îles sont toutefois la mémoire vivante de l’Irlande rurale.

Située en plein cœur du Gaeltacht, cette région virtuelle créée par le gouvernement pour la survie de la langue et des traditions celtiques. Vous trouverez sur place des paysages magnifiques, des vestiges historiques (château de Dun Aengus sur Inis Mór) et un excellent artisanat local (pulls en laine, bonnets, écharpes – pour le tweed il vous faudra monter plus au nord, vers le Donegal). Les îles étant interdites aux voitures de touristes, la visite se fait à pied, en vélo ou en calèche.

DR
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Après ces excursions, une bonne nuit de folie à Galway n'est pas déméritée ! De toutes les villes visitées, c’est de loin l’une des plus animées l’été, Dublin excepté. Neactain’s, Busker Brownes, le Front Door, le Roisin Dubh, Massimo’s (partez d’Eyre Square, descendez Shop Street, traversez le pont pour revenir vers Dominick Street) vous tendent leurs bras ! À vous de faire honneur à cette nuit irlandaise !

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Maxence Salendre
Amoureux des langues et cultures étrangères, je conjugue mes rêves en anglais, sur l’île... En savoir plus sur cet auteur