L’une des conséquences néfastes de la chute de Mouammar Kadhafi au-delà des frontières de la Libye a été l’invasion et la division du territoire malien en deux. En effet, cela fait de nombreux mois maintenant que le Nord Mali a été conquis militairement et occupé par des islamistes intégristes. Ils font régner, dans cette partie du pays, la terreur auprès des populations en y appliquant, à la lettre, la charia.
Face au refus de ces islamistes de libérer la zone occupée et face à l’incapacité de l’armée malienne de se débarrasser d’un envahisseur puissamment armée, fortement fanatisé et extraordinairement endoctriné par les préceptes de l’islam et de la charia, le gouvernement malien a officiellement sollicité auprès de la communauté internationale une intervention militaire des forces de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDAO) pour l’aider à libérer le nord de son territoire. Le peuple malien aussi a appelé à une telle opération. Mais ce qui est étrange c’est que, depuis lors, malgré ces appels, ladite intervention attend toujours. La dernière résolution de l’ONU sur la crise malienne approuve une opération militaire et donne 45 jours à la CEDAO pour préparer un plan d’attaque. Toutefois, en même temps, elle demande au gouvernement malien de tenter un dialogue avec les Islamistes du Nord. Une façon subtile de dire clairement qu’une telle intervention pourrait ne pas avoir lieu.
Pourtant, en Syrie, la communauté internationale sollicite depuis longtemps, et avec vigueur, une intervention militaire internationale. N’eurent été les vétos de la Chine et de la Russie, ce pays serait aujourd’hui sous les bombardements des forces multinationales. Cela étant, on est en droit de s’interroger sur le pourquoi d’un tel acharnement de la communauté internationale à vouloir intervenir militairement en Syrie alors même que ni le gouvernement syrien, ni son peuple, n’ont appelé officiellement à une telle intervention comme cela a été le cas au Mali. Aussi, quand on voit la rapidité avec laquelle les forces de l’OTAN sont intervenues en Libye en mars 2011, sous l’autorisation de la communauté internationale et sans celle du gouvernement et du peuple libyen, on se demande pourquoi jusqu’ici, au Mali, il n’y a aucune intervention d’armées multinationales malgré les appels du peuple et du gouvernement de ce pays à une telle action militaire. La même question peut se poser pour le cas de la Côte d’Ivoire où des forces internationales sont intervenues sans qu’une demande locale ne soit formulée.
Cela dit, y a-t-il donc des pays où une intervention militaire internationale est possible même si les peuples et les gouvernements locaux ne la demandent pas ? Y a-t-il des pays où cette intervention n’est pas possible même s’il y a une demande locale officielle ? Pourquoi une intervention militaire internationale en Côte d’Ivoire, en Libye et pas au Mali où sévit une crise grave et où une demande a été formulée ? Bref, on est en droit de se demander si les interventions militaires internationales ne seraient pas uniquement décidées en fonction des intérêts des pays-acteurs dans l’Etat en question.