Inde, la nature s'acharne sur un lieu de pèlerinage

Ramalingam Va, correspondant à Chennai (Inde)
4 Juillet 2013



Alors qu'il y a deux semaines de soudaines inondations tuaient des milliers de pèlerins - et en immobilisaient des milliers d'autres privées de secours par de mauvaises conditions météorologiques - l'État d'Uttarakhand, en Inde du Nord, a été frappé le 27 juin par un léger tremblement de terre de magnitude 3,5 sur l'échelle de Richter. Les autorités sont débordées.


Statue du Dieu Shiva sous les eaux - Photo The Atlantic
Statue du Dieu Shiva sous les eaux - Photo The Atlantic
Les dieux du panthéon hindou s'acharnent-ils sur l'Uttarakhand au Nord de l'Inde ? Cet État qui héberge plusieurs sites prisés par de nombreux pèlerins hindous, dont les fameux Badrinath et Kedarnath, semble en tout cas frappé par le mauvais sort. Depuis la crue éclair du 16 juin dernier, les secours et l'armée ont eu du fil à retordre. Sur près de 15.000 villages dans l'État, la plupart ont été coupée de tous contacts avec le monde extérieur après la catastrophe, et seuls un peu plus de 300 restaient accessibles. Dans l'attente d'opérations de sauvetages retardées par la météo exécrable, des colis alimentaires ont été largués à destination des touristes et des pèlerins coincés sur place. À mesure que les personnes épargnées rentraient et que le déluge s'apaisait, les autorités ont vécu dans la crainte incessante de voir la liste des victimes s'allonger pendant que les politiciens instrumentalisaient la catastrophe à leur sauce. L'un des futurs candidats à la fonction de Premier ministre du parti conservateur BJP a même participé aux sauvetages, s'attirant ainsi le sobriquet de « Rambo » de la part de certains dirigeants. Le cirque politique mis à part, la nature s'est également jouée de la situation.

Un désastre sur tous les fronts

Quelques jours après le début des opérations de sauvetage, le temps n'a pas cessé de se dégrader. Au cours d'une mission, un hélicoptère de l'Indian Air Force (IAF) s'est écrasé. 20 personnes y ont laissé la vie. Clou de tous ces obstacles au bon déroulement des opérations de sauvetages, un léger tremblement de terre de magnitude 3,5 a frappé l'État le 27 juin dernier. Il faut dire que l'Uttarakhand est classé en zone à haut risque sismique. Sans compter les glissements de terrain très fréquents dans les zones montagneuses, menace perpétuelle sur les vallées. De leur côté, les autorités ont défini un calendrier sur 3 ans pour un retour à la normal des zones touchées. Un haut fonctionnaire de l'État central a par ailleurs souligné les lacunes et entorses au règlement en matière de normes sismiques dans la construction des bâtiments. Sévèrement touchés, les sites sacrés de Badrinath et Kedarnath seront soumis à une longue période de reconstruction, rendant difficile tout pèlerinage dans un futur proche. Mais les inquiétudes sont aujourd'hui toutes autres.

Un risque d'épidémie se profile dans la zone touchée. En effet, les cadavres coincés dans la boue se désintègrent et risquent d'infecter les eaux et diffuser les maladies parmi la population. Le Président de l'Assemblée de l'Uttarakhand estime que le nombre de victimes létales de ces sinistres en chaîne atteindra 10.000 personnes. Des chiffres qui varient cependant beaucoup d'un source à l'autre.

La Chine, oiseau de proie ?

L'autre menace qui semble peser sur l'Uttarakhand est cette fois humaine. C'est celle de l'intrusion chinoise qui se fait chaque jour plus imminente. L'État s'étend sur 545 km au centre de la frontière sino-indienne de 4.057 km. Depuis la crue, les avant-postes et les troupes de l'armée indienne sur place sont pratiquement inaccessibles. Avec l'Armée populaire de libération (APL) de Chine qui peut mobiliser près de 15.000 soldats le long de la Ligne de contrôle effectif (BAC), l'Inde est en alerte maximale. Autre épine dans le pied pour l'armée, les communications de la plupart des postes-frontière ont été touchés, les rendant inaccessibles que ce soit par les ondes, à pieds ou même en avion. Avec de nombreuses routes défoncées et impraticables, la frontière du nord de l'Inde est d'autant plus exposée aux incursions chinoises. Les personnels militaires enchaineraient les heures supplémentaires pour reconstruire les infrastructures clés du pays qui entame sa saison des pluies sous les plus sombres auspices.

Traduit de l'anglais par Thomas Denis

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