Les Pays-Bas et l’Allemagne étaient à l’honneur cette année pour le Festival international de Mode et de Photographie de Hyères. Depuis trente ans, ce festival fait connaître de jeunes créateurs et photographes aux yeux du grand public et les récompensés reçoivent des prix qui propulseront leur carrière. L’Allemagne et les Pays-Bas ont pour cette édition remporté tous les prix.
Côté germanique, les allemandes Annelie Schubert et Anna Bornhold ont respectivement remporté les prix première vision et le prix Chloé. La première remporte une bourse de création de 15 000 euros, une collaboration avec les métiers d’art de Chanel et avec la marque Petit Bateau. La seconde remporte une bourse de création de 15 000 euros.
Côté Pays-Bas, Wiekie Sinnige remporte la mention spéciale du jury mode : pour cela, elle aura l’opportunité de travailler avec les métiers d’art de Chanel à hauteur de 10 000 euros. Enfin, Sjoerd Knibbeler remporte le grand prix du jury photographe et une dotation de 15 000 euros.
La présence de Virginie Viard ou encore Karl Lagerfeld de la maison Chanel a attiré énormément de visiteurs. Comme chaque année, le festival a accueilli un public de tous les horizons : des blogueurs aux journalistes en passant par les stylistes mais aussi des hyérois, des familles et des amateurs de photographie et de mode. Le Festival international de la Mode et de la Photographie est une plateforme de rencontre et un lieu où la diversité culturelle est le mot d’ordre.
« C’est à la fois une chance et à la fois unique »
Depuis sa création en 1985, le festival n’a cessé d’évoluer. Jean-Pierre Blanc, qui est à l'origine de ce festival, le décrit comme une « histoire d'amour » entre la ville et lui. Cette histoire d'amour, il la partage depuis trente ans avec des centaines de festivaliers venus de la France et du monde entier.
Dès ses débuts, le festival a attiré des amateurs de mode étrangers : « pour la quatrième édition, nous avions un partenariat avec un concours de mode belge très important. Le deuxième lauréat, un étudiant de l’école de mode de La Cambre, Sami Tillouche, a défilé à Hyères. Sa collection pour homme était un moment exceptionnel. Tout le monde pleurait tant c’était émouvant. Aujourd’hui, Sami est dans le studio de création de Lanvin, aux côtés d’Alber Elbaz. Après cet événement, on est devenu des superstars en Belgique, et, depuis, tous les créateurs qui sortent de La Cambre ou de l’Académie royale veulent participer au festival ! »
Pour les festivaliers, ce mélange de culture est l’occasion de découvrir de nouveaux horizons. C’est aussi ça l’esprit du festival, pousser les gens à dévoiler un peu de leur personnalité à travers leurs vêtements et avoir la chance de la partager avec d’autres personnes.
Pour Maxime, 18 ans, coiffeur lors des défilés, cet événement est aussi un vecteur de curiosité, autant pour des professionnels de la mode et de la photographie que pour des novices : « Le festival est quelque chose dont on parle énormément, la photographie et la mode sont des secteurs de la culture qui sont assez fermés et c’est pour cela que ça attire la curiosité. » Le Journal International a rencontré cinq interlocuteurs qui sont tous d’accord sur un point : que ce soit la première fois que l’on vient ou que l’on soit un habitué, le festival d’Hyères est une chance culturelle.
« Un laboratoire de rencontres des talents de demain »
Pour sa première participation au festival, Rachel, étudiante en lettres confie au JI : « Dans les créateurs, j’ai croisé essentiellement des étrangers, seulement une française et une franco-allemande. En revanche, parmi les participants, il y avait une vraie mixité entre les origines. » Les créateurs et photographes de divers pays sont un tremplin pour l’inter-culturalité et la découverte.
Clémence, étudiante en design graphique à Aix-en-Provence confie son ressenti : « Je pense qu’il est nécessaire de s’ouvrir au monde et de découvrir les créateurs de demain, qu’ils soient français ou étrangers. Il est essentiel pour un festival récompensant les jeunes créateurs de faire découvrir différentes cultures et différentes façons de créer qui peuvent varier selon les influences culturelles de chaque pays. »
Les créations vues lors du défilé témoignent des différentes visions de la mode et de la photographie selon les pays. Les tendances varient d’un pays à l’autre et les collections des créateurs l’illustrent bien : quand certains dessinent des silhouettes enfantines, d’autres les préfèrent plus structurées. Plumes, fourrure, coton, pierreries, la diversité est aussi présente dans les matières. Pour Irina, qui travaille dans une boîte de communication à Paris, ce festival est un bel exemple d’éclectisme.
A l’inverse des événements liés au monde de la mode ou de la photographie, ce festival se veut simple : bien entendu, tout le monde y est le bienvenu et l’objectif est aussi de prouver qu’une petite ville de Province peut avoir autant d’impact au niveau international qu’une Fashion Week. Depuis 30 ans, pari réussi.