Génocide. Le mot est fort. C'est celui employé par les Guarani-Kaiowás eux-mêmes ainsi que par leurs défenseurs. Chiffres à l'appui, le terme paraît approprié : cette dernière décennie, près de 300 d'entre eux ont été assassinés.
Le massacre
Poison versé dans leurs sources, incendies criminels, avec notamment l'exemple assez récent du 22 juin dernier, où un enfant a perdu la vie et un village entier a été détruit, recours à des tueurs à gages... Les méthodes employées sont diverses. Pourquoi subissent-ils cela ? Parce que leur « tekoha », c'est-à-dire le territoire où ils vivent, celui où reposent leurs ancêtres, n'est ni plus ni moins qu'un territoire cultivable pour les grands fermiers brésiliens. Victimes tout comme l'ensemble de l'écosystème de la déforestation massive de l'agro-industrie, ils se retrouvent agglutinés dans des campements de fortune en périphérie ou au bord des routes.
Outre les meurtres fréquents, le quotidien des Guarani-Kaiowás reste tragique. Vivant souvent dans une grande pauvreté, la malnutrition les touche particulièrement. Environ 80% d'entre eux dépendent de bons alimentaires de l'État, souvent distribués en faible quantité et à des fréquences aléatoires. Leur espérance de vie est donc très courte : 45 ans pour les adultes contre 73 ans pour les Brésiliens en général. Pour ce qui est des enfants, ils ont une espérance de vie plus courte de 14 ans que celle d'enfants irakiens, nés dans un pays en guerre. Le suicide est également beaucoup plus fréquent dans cette communauté que dans le reste du pays. Plusieurs cas de suicide infantile ont même été recensés, phénomène très rare à travers le monde.
Exploités par l'industrie
Pour survivre, la plupart d'entre eux travaillent dans les plantations ou les usines de l'agro-industrie. Leur situation de pauvreté permet à leurs employeurs de les faire travailler pour des salaires dérisoires dans des conditions s'apparentant parfois à de l'esclavagisme moderne. Parmi les entreprises mises en cause pour ces pratiques, on compte la multinationale française Louis Dreyfus Commodities par le biais de sa filière brésilienne Bioenergia. En novembre 2009, le groupe avait été condamné par la justice pour sous-traitance de main-d’œuvre illégale et non-respect du droit du travail.
Pour leur survie, les Guarani-Kaiowás se défendent notamment par la voie juridique, en luttant contre l'accaparement illégal des terres. Insistant sur le fait que leur révolte est toujours restée non-violente, ils tentent également de sensibiliser la population à leur sort.