« Ghost tour » : découvrir autrement l’histoire secrète d’Edimbourg

23 Février 2014



Touristes amateurs d’histoires surnaturelles, la capitale écossaise est faite pour vous. A travers ses ruelles pavées, à la nuit tombée, des tours opérateurs proposent d’y partir à la recherche des fantômes du passé.


Crédits Photo -- Manon Perelli/ Le Journal International
Crédits Photo -- Manon Perelli/ Le Journal International
Mystérieuse, serait l’adjectif qui qualifierait le mieux Edimbourg. Avec son architecture gothique, ses vieilles maisons et ses ruelles sombres, elle est un décor parfait pour un roman fantastique. Au point que certains la disent hantée. Ainsi, au détour d’un musée ou d’une visite de la vieille ville, de plus en plus de touristes se mettent en quête d’histoires surnaturelles.

Les « tours fantômes »

Depuis plus d’une vingtaine d’années, quatre compagnies installées sur l’artère principale de la ville, proposent même aux visiteurs de les faire frissonner à travers des « ghost tours ». Littéralement, des « tours fantômes ». Visite des catacombes. Histoires de revenants. Esprits frappeurs. Cimetières. Le tout de nuit. C’est à celui qui fournira l’offre la plus alléchante. Un kiosque bien en vue sur High Street propose même un « Double ghost tour » pour une quinzaine d’euros. « Le plus effrayant ghost tour au monde ». Le ton est donné. Le rendez-vous est pris. 

22heures. À l’heure où la nuit est déjà bien noire sur la capitale écossaise, comme tous les soirs, un mystérieux balai de silhouettes sombres prend place au pied de la cathédrale St Gilles. Les guides des différentes compagnies attendent, vêtus de longs manteaux noirs, ou de déguisements lugubres. Ils arborent une allure fantomatique. De loin, on jurerait qu’un bal des monstres est en train de se jouer. Et on hésiterait presque à approcher. Pourtant, clefs de voûte des visites, ces « storyteller » sont l’élément indispensable pour un « ghost tour » réussi. Plus conteurs, voire acteurs, que simples guides, ce sont eux qui rendent magique l’histoire cachée de la capitale écossaise. Ce soir, pour le « Double ghost tour », ce sera Katy, une jeune femme blonde d’une trentaine d’années à l’accent écossais prononcé. Elle sillonne les rues accompagnées de ces visiteurs de l’étrange, depuis plus de dix ans maintenant. Une véritable passion. 

Tandis qu’une pluie fine et continue frappe les visages, le groupe se constitue autour de la guide. Encore une fois, le public est au rendez-vous. La visite peut commencer. Mais avant Katy, prévient : « Ce qui va suivre n’est pas sans danger ! Des visiteurs sont parfois agressés physiquement par les fantômes qui jalonnent les différentes étapes du tour ». Certains semblent alors hésiter à continuer l’aventure. Mais tous resteront finalement, trop curieux de découvrir ce que le ventre d’Edimbourg a à cacher.

Visite en souterrain

Les premières minutes défileront rapidement, au gré d’une longue marche à travers les ruelles pavées de la vieille ville.  Katy prendra le temps de raconter de nombreuses anecdotes historiques sur la vie d’Edimbourg au Moyen Age. Rien de vraiment effrayant. L’ambiance est à la rigolade. Mais arrivent les catacombes. Là où les choses sérieuses commencent. Un à un, plus trop rassurés, les visiteurs s’enfoncent dans la noirceur des souterrains poussiéreux de la ville, juste éclairés par la lueur d’une lampe torche. « Il y a encore deux cent ans, des dizaines de personnes dormaient ici chaque nuit, entassées les unes sur les autres. Promiscuité, insalubrité, la vie n’était pas facile pour ces habitants des basses classes d’Edimbourg. Nombre d’entre eux sont même morts là où vous vous trouvez ». La voix de Katy résonne dans le souterrain.  

Est alors évoquée une présence, souvent ressentie par les visiteurs dans cette pièce traversée par un courant d’air qui fait même frissonner les plus hardis. La pièce vibre soudain. La lumière s’éteint. Fébriles, certains ricanent. D’autres étouffent un cri, tout en se cramponnant au bras de leur compagnon. L’effet escompté est atteint. La guide peut libérer ses téméraires visiteurs des catacombes, bien heureux de retrouver la surface, malgré la fraîcheur de la nuit écossaise. Tous retrouvent peu à peu leurs esprits et un peu de couleurs. Mais pas pour longtemps. Le groupe repart à travers les rues, afin de rallier le cimetière de Greyfriars. « A la base, Edimbourg était une plaine. Mais comme vous le voyez, dans ce cimetière nous sommes sur une petite colline, car pendant la grande peste, des milliers de gens ont été enterrés ici. Sans cercueil. Certains racontent que les jours de grosses pluies on peut retrouver des os aux alentours», souffle Katy d’une voix lugubre.

La prison des Convenanters

Au fond du cimetière, une grille s’ouvre sur une grande allée bordée de petites cellules. C’est la dernière étape de la visite. L’étape clef de ce tour. La prison des Convenanters. Katy explique que ce lieu fût le théâtre d’un massacre sanglant lors des guerres de religions. Les prisonniers y étaient enchaînés au sol durant des hivers entiers, sans ne pouvoir à aucun moment se relever. Des milliers mourraient de froid. Les autres, voyaient leur vie constamment menacée par les arquebusiers qui, veillant en permanence sur le mur d’enceinte, avaient pour ordre de tirer sur quiconque oserait lever la tête.

Depuis lors, un fantôme hanterait ces lieux : « Bloody Mc Kenzy ». Non content de terroriser par sa seule présence, le revenant aurait aussi la fâcheuse manie d’agresser les visiteurs : griffures, morsures, et autres bleus. Lors d’une visite, quelqu’un aurait même fait un violent malaise, contraignant la guide à appeler les secours. Le public en haleine ose à peine respirer de peur de susciter l’ire du fantôme hargneux. Mais la visite est déjà finie, et « Bloody Mc Kenzy » ne semble pas être de sortie ce soir. Le groupe est un peu sonné, mais visiblement content de sa soirée.

Peut être parmi les visiteurs, certains ont ils ressenti la présence d’esprits frappeurs. Pour l’heure, selon Katy, il est temps d’aller se remettre de ses émotions dans un pub traditionnel. Afin de terminer la nuit dans la convivialité écossaise.En somme, peut être pas de fantômes au rendez-vous, mais une manière originale et insolite de découvrir Edimbourg et son histoire.

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