Les métropoles veulent aujourd’hui jouer un rôle en tant que laboratoires du changement », affirme Gergely Böszörményi-Nagy, co-fondateur de l’incubateur de startups Brain Bar Budapest. Un incubateur ou accélérateur de startups est une structure créée par de grandes entreprises pour financer et lancer les startups. Depuis quelques temps, leur nombre explose en Hongrie.
Le Sziget Cultural Management Office, qui organise en Hongrie certains des plus grands festivals européens parmi lesquels le Sziget, le Balaton Sound et le Volt, a permis à certaines sociétés hongroises de dévoiler des solutions technologiques inédites dans le secteur de l’événementiel et ainsi se faire connaître en Europe et dans le monde.
Depuis 2011, pour s’adapter aux besoins des festivaliers, le Sziget collabore avec Festipay pour créer le paiement sans espèces et garantir des transactions efficaces mais surtout plus sécurisées. La société Festipay a donc créé une solution de paiement qui consiste en une carte à puce sur laquelle les festivaliers peuvent créditer de l’argent. Plus de souci pour le rendu de monnaie et les erreurs de caisse, mais surtout davantage de transparence pour les organisateurs qui peuvent suivre chaque achat effectué sur l’île, sachant que les commerces installés sur l’île doivent leur verser 25 % de leur chiffre d’affaires.
Grâce à ce système, le Sziget maîtrise toute l’activité qui se déroule sur l’île et peut déployer ses services pour disposer d’un contrôle quasi-complet sur ses prestataires. Car depuis cette année, le paiement sans contact est devenu le seul autorisé pour l’ensemble des ventes. Désormais, chaque participant souhaitant s’offrir une boisson, un repas ou même un goodies estampillé Sziget doit se munir d’une carte Festipay ou de sa propre carte bleue sans contact.
Le QR Code comme clef du festival
Pour la première fois en 2016 également, des moyens technologiques ont été utilisés pour sécuriser l’entrée dans les festivals. Depuis le festival Volt à la fin du mois de juin dernier, lors du premier accès sur les lieux, les participants doivent présenter un document d’identité valide qui sera scanné et relié à un QR Code attaché directement à leur bracelet.
La personnalisation des moyens d’entrée répond aux demandes croissantes en matière de contrôle et de sécurité. La solution proposée par l’entreprise organisatrice a donc été numérique. Des agents ont été placés aux entrées pour vérifier l’identité des participants, ce qui semble avoir soulagé un certain nombre de festivaliers, touchés par le sentiment d’insécurité issu de l’actualité.
Vitrine du pays, le Sziget attire un flux important de participants des cinq continents. La capitale hongroise en a donc profité pour promouvoir le pays auprès des touristes et des investisseurs en mettant en valeur le dynamisme de ses entreprises et l’émergence de ses jeunes talents.
L’implantation des incubateurs de startups, symbole du dynamisme hongrois
Au-delà de ses festivals, la Hongrie a vu naître depuis 2007 de nombreuses startups dans sa capitale qui cherche à s’implanter durablement dans le secteur des nouvelles technologies.
Les entrepreneurs hongrois ont installé de nombreux incubateurs en vue d’attirer les capitaux étrangers. En première ligne, l’ancien ministre des Finances hongrois, Péter Oszkó, fondateur d’OXO Group, entreprise spécialisée dans les nouvelles technologies, qui a lancé un grand nombre de startups en impulsant l’implantation de nombreux accélérateurs à Budapest. Pour ce faire, le Brain Bar Budapest est organisé chaque année pour réunir les jeunes inventeurs et les investisseurs dans un lieu de dialogue et de partage et impulser le potentiel technologique de la Hongrie.
Le géant des télécoms Hungarian Telekom a également apporté sa pierre à l’édifice en créant Kitchen Budapest, rendue célèbre en 2009 pour avoir lancé Prezi. Cette société hongroise propose une alternative aux présentations Powerpoint et est depuis devenue l’un des plus grands outils bureautiques en ligne grâce aux fonds d’investissement.
Entre la multiplication des accélérateurs de startups et le faible coût de la vie en Hongrie, Budapest est devenue un terrain fertile à l’innovation, où les jeunes entreprises peuvent s’installer et se développer plus facilement qu’à l’Ouest, souvent jugé trop cher et ultra-compétitif. Malgré une rivalité avec la Roumanie voisine et une TVA très élevée (27 %), la Hongrie a su offrir un cadre attractif aux nouvelles entreprises en plus de ses nombreux événements servant de tremplin au marché de l’innovation.
Accroître le marché de l’innovation pour booster la croissance
Le pays mise aujourd’hui sur ses entreprises technologiques pour booster sa croissance et profite des aides accordées par la Commission européenne et le Fond d’investissement européen pour injecter des capitaux dans le secteur de la recherche et du développement et favoriser l’essor de la robotique et de l’informatique.
Cela n’a pas toujours été le cas. En octobre 2014, des dizaines de milliers de Hongrois étaient descendus dans la rue pour s’opposer, avec succès, au vote d’une mesure visant à taxer la connexion internet en fonction du débit de chaque utilisateur. Depuis, le gouvernement a fait volte-face et a décidé d’encourager le développement du secteur informatique.
Certains groupes hongrois ont saisi leur chance, comme l’entreprise Kürt, leader hongrois de la cyber sécurité, qui a créé la Kürt Academy, pour former ses étudiants à la sécurité informatique. Et pour cause, de plus en plus d’entreprises accumulent des données auprès de leurs utilisateurs mais également des informations parfois vitales pour leur bon fonctionnement. Il s’agit donc de les protéger jalousement pour assurer le meilleur service qui soit. Le groupe hongrois a su anticiper les besoins du marché et offrir aux jeunes une formation adaptée à la demande.
Dans le secteur de l’innovation, la capitale hongroise a ainsi su utiliser les outils à sa disposition pour accroître son tissu technologique et séduire les investisseurs européens et internationaux. Budapest est peu à peu devenue une référence européenne en matière de nouvelles technologies. Son but : devenir en 2020, la capitale des startups européennes.