Fashion Week de Paris : tétons et Instagram ne font pas bon ménage

Kasia Opydo, traduit par Solweig Ogereau
5 Mars 2014



Le magazine d’Anja Rubik, 25, a été supprimé d’Instagram pour avoir posté une photo sur laquelle on pouvait voir la mannequin polonaise vêtue du dernier modèle d’Anthony Vaccarello. Un vêtement transparent créé pour la Fashion Week de Paris automne-hiver 2014. Selon Rubik, tout ceci est ridicule, et elle accuse le réseau social de censurer des photographies qui célèbrent la nudité du corps nu d’une femme.


© Imaxtree
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Anthony Vaccarello est un designer italo-belge, actuellement considéré comme faisant partie de l’avant-garde de la mode européenne. Quand Anja a rencontré Anthony, elle est tombée amoureuse de ses modèles, à la fois osés et sexy tout en étant parfaitement équilibrés. Rubik l’a soutenu dans sa carrière dès le tout début en portant ses projets aux plus grands événements de la mode mondiale (une célèbre robe blanche fendue à la hanche qu’Anja avait porté au Met Gala en 2012 avait provoqué de nombreux commentaires sur tous les sites de mode).

La semaine dernière,Vaccarello présentait sa collection de prêt-à-porter Automne/Hiver 2014-2015 au Palais de Tokyo à Paris. Etant la muse et l’amie de Vaccarello, Rubik a fermé la présentation en portant un manteau long de satin et de soie, et un haut translucide sans soutien-gorge en-dessous. Quelques jours après seulement, 25, le magazine tenu par Anja Rubik a été supprimé d’Instagram sans le moindre avertissement, pour avoir posté une capture d’écran de la page d’accueil de style.com représentant la mannequin vêtue du modèle final de Vaccarello.

© Reuters
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Comme elle connaissait les restrictions d’Instagram, Rubik faisait très attention, surtout que ce n’était pas la première fois que le profil de la mannequin avait été supprimé. L’année dernière cela s’était déjà produit quand la mannequin polonaise avait posé pour Givenchy et Christian Dior : elle avait été immédiatement suspendue d’Instagram après avoir partagé des snaps (ou instantanés) de ses séances en ligne. Dans une interview pour Style.com, Rubik n’a pas caché sa frustration : « Quand on parcourt Instagram, on peut trouver tellement d’images crues et vulgaires, qui ne posent apparemment aucun problème. Mais quand on poste le beau corps d’une femme nue, ce qui est la chose la plus naturelle qui puisse exister, alors ça dérange. Quelle est la pire chose qui puisse arriver ? Même si des enfants tombent sur ces images, pourquoi devraient-ils être choqués par un sein ? Surtout s’il est photographié ou montré d’une façon naturelle, ça n’a rien de vulgaire. »

Anja Rubik a rouvert son profil en informant ainsi ses ‘followers’ sur Twitter : « Mon compte Instagram pour contenu inapproprié. Voilà mon nouveau compte. Cher Instagram, et à tous mes followers : ne craignez pas les tétons ! » La phrase est devenue la devise de Rubik et la mannequin a fait imprimer des t-shirts portant ce slogan pour célébrer la dernière parution de son magazine 25 en novembre. « C’est une question d’habilitation de la femme et de se sentir bien dans son corps et à l’aise avec sa sexualité. Enfin, je suppose que cette image a entraîné beaucoup de dénonciations, et que c’est pour ça que le compte a été fermé. », a-t-elle expliqué.

Cette peur du corps nu de la femme est bien plus visible aux Etats-Unis. Anna Wintour n’autoriserait jamais de montrer des seins nus dans les pages du Vogue américain, même photographiés par Patrick Demarchelier ou Mario Testino. Anne Hathaway elle-même a dû s’excuser parce que l’on pouvait deviner ses tétons à travers la tenue Prada rose pâle qu’elle portait à la cérémonie des Oscars l’an dernier. L’Europe, au contraire, a tendance à être moins prude, mais selon Anja Rubik la pudeur américain s’étend aussi sur l’ancien continent, « ce qui est ridicule puisque quand on allume la télé – sur un programme de téléréalité – on se retrouve face à tellement d’images vulgaires. Voilà pourquoi ça devrait être censuré et non autorisé », dit la mannequin.

S’il y a une chose qu’Anja Rubik aimerait dire à Instagram ou à ceux parmi le grand public qui ont peur des tétons, c’est que « ils devraient se réveiller. Nous faisons marche arrière, vraiment. Au lieu de célébrer nos corps et d’aller de l’avant, d’explorer notre sensualité, on bloque toutes ces choses et on les rend honteuse. Et aux gens qui n’aiment pas ces images et les dénoncent sur Instagram, vous n’avez qu’à pas nous suivre. C’est très simple. »

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1.Posté par gippo le 22/03/2014 08:48
Cet article met en évidence l'intérêt de développer en Europe des services similaires comme le font les chinois mais dans le cadre démocratique européen. Le recours contre une société américaine ou basée dans des paradis fiscaux est trop aléatoire.

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