Eurovision, un idéal danois

23 Mai 2013



125 millions de spectateurs à travers le monde l’ont appris samedi dernier : le Danemark a gagné l’Eurovision. Retour sur une soirée qui a marqué les esprits.


Emmelie de Forest, gagnante de l'Eurovision 2013
Emmelie de Forest, gagnante de l'Eurovision 2013
L’Eurovision ne fait plus rêver en France et y est d’ailleurs de plus en plus dénigrée. La raison en est probablement le score français, qui devient chaque année de plus en plus médiocre. Avec une 23e position sur 26 candidats, l’édition 2013 ne déroge pas à la règle pour une France qui n’a pas gagné l’Eurovision depuis 1977. Plus encore, depuis 2000, c’est seulement son statut de grand contributeur financier de l’Eurovision qui lui assure d’être automatiquement qualifiée chaque année pour la grande finale. De quoi rendre les français indifférents face au célèbre concours.

Une fierté danoise

Pourtant, dans le petit pays du Danemark, l’Eurovision est presque devenue un sport national. Et pour cause ! Les danois ont remportés la 58e édition du concours avec 281 points, grâce à la chanson Only Teardrops d’Emmelie de Forest. Depuis la création de l’Eurovision en 1956, c’était leur troisième victoire.
A Copenhague, ville connue pour sa diversité culturelle et internationale, des jeunes des quatre coins du monde s’étaient réunis pour visionner ensemble l’émission. A Studenterhuset, communément appelé la maison des étudiants, l’ambiance était survoltée. Jeux à boire, pronostics tirés par les cheveux et blagues géopolitiques, tout le monde avait son point de vue sur les candidats. Cascada, le groupe représentant l’Allemagne, se faisait huer par les natifs des pays du sud, mais était supporté par les Danois, comme on s’en doute également très favorables aux autres pays scandinaves. Les enjeux géopolitiques étaient largement commentés, certains dénonçant le fait que les pays de l’est avaient tendance à voter pour l’Azerbaïdjan et l’Ukraine, placés 2e et 3e du classement. Pourtant, les tensions se sont progressivement effacées lorsque les points sont allés au Danemark. Quelle que soit leur nationalité, tous les jeunes présents se sentaient danois pour la soirée et partageaient le bonheur de leurs amis natifs. La chaîne de télévision danoise DR est même allée jusqu’à parler d’une « extase danoise » à l’annonce des résultats.

Une Eurovision réussie malgré la crise

Pourtant, l’Eurovision s’avérait particulièrement difficile à organiser cette année. Certains candidats comme le Portugal ont été obligés de renoncer à la compétition pour des raisons financières, tandis que les Grecs n’ont pas manqué d’humour en mentionnant dans leur chanson le naufrage d’un bateau. De même, le choix d’organiser le concours dans la petite ville de Malmö, le public et la scène réduits révélaient les économies imposées par la crise. La Suède aurait ainsi dépensé 50 fois moins que l’Azerbaïdjan, pays organisateur de l’édition précédente.
Rassurez-vous tout de même, les organisateurs de l’Eurovision ne sont pas allés jusqu’à obliger Emmelie de Forest à chanter pieds nus. Si celle-ci a réalisé sa performance sans chaussures, c’est bien par choix. L’anecdote raconterait que depuis sa plus tendre enfance, celle-ci a toujours été habituée à chanter pieds nus et n’a jamais voulu changer d’habitudes.
Autre conséquence inattendue de la crise, l’Allemagne est à présent en proie à une polémique suite au score médiocre de Cascada qui ne s’est retrouvé qu’à la 21e place. Pour certains commentateurs, cela ne serait pas dû à la performance du groupe mais surtout à une protestation contre la politique d’austérité d’Angela Merkel.

Quoi qu’il en soit, bien qu’elle ait été désastreuse pour la France, l’Eurovision a été plutôt réussie et de bonne qualité compte tenu des circonstances. Le meilleur moment restera tout de même la prestation de Krista Siegfrids, la candidate finlandaise, qui a embrassé l’une de ses danseuses à la fin de sa chanson Marry Me. Un astucieux clin d’œil à l’égalité, thème de l’Eurovision de cette année, qui a fait oublier le temps d’un instant le contexte morose.

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Lauriane Clément
Ancienne correspondante à Copenhague, étudiante à Sciences Po Lyon, j'aime découvrir de nouvelles... En savoir plus sur cet auteur