Les études financées par les compagnies elles-mêmes vantant les mérites des antidépresseurs font que statistiquement, les chances de résultats négatifs sont réduites face à l’intérêt financier en jeu. Ce fait est d’autant plus vrai dans des cas où des études antérieures n’auraient rien décelé ou que d’autres n’auraient pas été publiées. Ainsi, il est désormais obligatoire de mentionner les financements dans le cadre d’une étude biomédicale.
Les scientifiques se penchent désormais plus souvent sur la pratique de méta-analyses, c’est-à-dire un passage en revue d’études menées sur le même sujet. En théorie, cela devrait garantir un certain équilibre entre les études financées par les sociétés et les autres.
Il semble que cet équilibre ne soit pas observé, selon le professeur de médecine John P.A. Ioannidis de l’Université de Sanford (Californie) ayant fait des révélations, à l’aide de collègues, dans la revue Journal of Clinical Epidemiology du 20 septembre 2015. Il s’agissait d’un passage en revue de pas moins de 185 méta-analyses (elles-mêmes des passages en revue donc !) sur les antidépresseurs.
Selon John P.A. Ioannidis et son équipe, un tiers de ces méta-analyses ont été écrites par des personnes rémunérées par les sociétés, alors que le second tiers avait un lien de près ou de loin à l’industrie. Le dernier tiers concernerait donc les études non financées par les entreprises.
John P.A. Ioannidis, qui s’est spécialisé dans les dérives de la recherche depuis une dizaine d’années, indique qu’il s’agit d’un phénomène récent et surement insoupçonné jusque-là, comme il l’explique dans un article du Scientific American du 21 octobre 2015.
Sources : Agence Science-Presse — Scientific American