Entre altermondialistes et nationalistes, le G8 ravive les conflits en Irlande du Nord

17 Juin 2013



Alors que s'ouvre le sommet des chefs d'Etat du G8 à Lough Erne, le rendez-vous des puissants ravive les craintes de troubles qui ont émaillé la vie politique nord-irlandaise depuis la partition de l’île en 1921.


Entre altermondialistes et nationalistes, le G8 ravive les conflits en Irlande du Nord
Les troubles en Irlande du Nord ne s’éteignent jamais. En choisissant l’Irlande du Nord et le comté rural de Fermanagh comme lieu de réunion des dirigeants du G8, David Cameron et son gouvernement pensaient éviter les manifestations altermondialistes. Organisé dans un complexe hôtelier 5 étoiles situé sur les rives du Lough Erne, les 17 et 18 juin prochains, l’endroit appelle davantage à la pratique de la pêche à la ligne qu’à la discussion économique et politique de haut niveau. C’est néanmoins le lieu choisi par le gouvernement britannique pour organiser la trente-neuvième réunion du G8, la sixième organisée par le Royaume-Uni et la première en Irlande du Nord.

Le choix d’un lieu si éloigné de Londres n’est pas anodin. Les réunions du G8 ont en effet tendance à attirer les militants altermondialistes opposés aux événements gouvernementaux prônant le néolibéralisme. Dès lors, il semblait plus reposant de choisir la verte Irlande du Nord et ses 1,8 millions d’habitants. C’était sans compter sur les dissidents, ces anciens militants de l’Irish Republican Army (Armée républicaine irlandaise) à majorité catholique et qui souhaitent un rattachement de l’Ulster, le quatrième comté d’Irlande dont les limites correspondent à l’actuelle Irlande du Nord, à la République d’Irlande au Sud.

Farouchement opposés à la présence britannique en Irlande du Nord, les dissidents rejettent la fin de la lutte armée et l’accord du Vendredi Saint signé en 1997 entre Tony Blair et Bertie Ahern (alors respectivement Premier ministre du Royaume-Uni et de la République d’Irlande) ainsi que les deux courants politiques principaux d’Irlande du Nord, les nationalistes (pour un rattachement à l’Irlande du Sud) et les unionistes (souhaitant rester au sein du Royaume-Uni).

Une « occasion en or » pour les dissidents

En choisissant l’Irlande du Nord comme lieu d’organisation du G8, le gouvernement britannique peut se targuer d’avoir posé un épineux problème logistique aux militants altermondialistes pour qui il sera difficile de rejoindre le Lough Erne. Les organisations altermondialistes et les principaux syndicats ont d’ores et déjà indiqué que la mobilisation serait moins conséquente qu’elle ne l’a été pour les précédentes réunions du G8.

En revanche, Downing Street prend le risque de réveiller l’intérêt des dissidents qui, en manque de moyens et sans réel soutien populaire, peuvent profiter de la couverture médiatique du G8 pour créer l’événement et ainsi faire avancer leurs revendications. John Bew, expert en sécurité au King’s College de Londres a décrit cet événement comme « une occasion en or » pour les dissidents. Le comté de Fermanagh et sa préfecture, Enniskillen, sont déjà tristement célèbres pour les attentats de 1987, revendiqués par l’IRA, lors desquels 11 personnes ont été tuées et 63 grièvement blessées. Les forces de police nord-irlandaises ont par ailleurs découvert une ancienne cache de l’IRA contenant munitions et explosifs.

La sécurité a donc été renforcée sur l’aéroport international de Belfast, ainsi que sur certains bâtiments symboliques du centre-ville. Des rondes de garde sont planifiées autour de l’Assemblée d’Irlande du Nord ainsi qu’autour de certaines banques, du centre de conférences de Waterfront Hall et du Titanic Centre. Les prévisions sur le nombre de manifestants ont été revues à la baisse de 40 000 à 10 000 mais les autorités restent prudentes. Autour du lieu de l’événement, une barrière de 7 kilomètres a été érigée. La police surveille les routes alentours et 8 points de contrôle ont été installés afin de contrôler les flux de déplacement. En cas d’urgence, le gouvernement a même autorisé les forces de police à brouiller les appels téléphoniques dans la zone.

Du côté des forces de police en présence, la Police nationale d’Irlande du Nord alignera plus de 7 000 officiers qui seront épaulés par 3 600 de leurs homologues britanniques tandis que la République d’Irlande déploiera 900 Gardaí (la police irlandaise) aux comtés limitrophes. Un déploiement de troupes non sans conséquences sur les finances des deux pays en temps de crise…

La visite de la reine Elizabeth II et du Premier ministre David Cameron en mai 2011 avaient déjà occasionné un renforcement de la sécurité, suite à la tenue de manifestations hostiles au Royaume-Uni et à la découverte d’une bombe dans la ville de Maynooth dans la banlieue de Dublin.

Notez


Maxence Salendre
Amoureux des langues et cultures étrangères, je conjugue mes rêves en anglais, sur l’île... En savoir plus sur cet auteur