Elections allemandes, répercussions européennes

29 Mars 2013



Bien qu’Angela Merkel soit donnée favorite, les élections allemandes de septembre prochain pourraient permettre à de petits partis d’avoir une influence sur les débats actuels.


Elections allemandes, répercussions européennes
Les élections fédérales allemandes sont prévues pour le 22 septembre prochain. Les électeurs devront voter pour les 598 députés fédéraux du Bundestag, le Parlement allemand, pour une législature de quatre ans. C’est de ce vote que dépendra le nom du futur chancelier ou de la future chancelière. Contrairement au président français, le chancelier allemand n’est pas élu au suffrage universel direct. À six mois du scrutin, les partis élaborent leurs stratégies.

Le parti de Merkel fragilisé

Ces élections devraient sans surprise permettre à Angela Merkel de se voir confier un nouveau mandat. La chancelière, réélue avec plus de 97% des voix à la tête de son parti, la CDU/CSU (Union Chrétienne-démocrate), en décembre dernier, est aujourd’hui encore très populaire. Ce n’est pas le cas de son parti, qui devra certainement former une coalition faute d’obtenir la majorité nécessaire pour gouverner. Mais laquelle ?
 
Le SPD (parti social-démocrate), plus ancien parti allemand, a été en coalition avec la CDU entre 2005 et 2009. Le parti a tenté de se réformer en profondeur depuis son échec aux dernières élections fédérales. Peer Steinbrück, présenté comme le concurrent principal de Merkel, a cependant enchaîné ces derniers mois les erreurs politiques. Il est notamment empêtré dans un scandale de conférences grassement payées. Dans un sondage du 22 mars du ZDF Politbarometer, 29% des sondés se déclaraient pour Steinbrück, contre 60% pour Merkel.
 
C’est donc avec les libéraux du FDP qu’a dû gouverner la CDU les quatre dernières années. Malgré un score historique de 14,6% aux élections fédérales de 2009, les libéraux ont peiné à s’adapter au passage de l’opposition à la majorité. Les plus pessimistes craignent même que le parti ne franchisse pas le seuil des 5% des voix nécessaires pour entrer au Bundestag. Afin de se positionner clairement sur la scène européenne, le candidat du FDP, Rainer Brüderle, peste contre le laxisme de la France et veut inscrire la stabilité des prix dans la constitution allemande. Une position paradoxale pour un libéral.

Les petits veulent se faire entendre

Les trois grands partis étant en difficulté, de plus petits pourraient avoir une influence sur la couleur de la majorité au Parlement. On pourrait penser à Die Linke (la gauche) et aux Grünen (les Verts) qui ont acquis ces dernières années une audience importante. Die Linke connaît cependant depuis 2010 de nombreux échecs électoraux. Et bien que des alliances avec le SPD aient permis quelques victoires régionales aux écologistes allemands, notamment au Schleswig-Holstein en 2012, le poids des Grünen est resté limité. Angela Merkel leur a de plus coupé l’herbe sous le pied en annonçant d’elle-même la fermeture des centrales nucléaires après la catastrophe de Fukushima en 2011.
 
Les partis traditionnels n’intéressent plus les électeurs. De nouveaux venus, comme le Parti pirate, se font connaître, principalement au niveau régional. Mais ce parti, auquel il est souvent reproché de ne pas avoir réellement de programme politique, n’est pas un parti de gouvernement. Sa dernière question posée au Sénat berlinois : « Est-il possible d’élaborer un manuel de survie pour se préparer en cas d’attaque de zombies ? ». Sauf surprise, il ne devrait pas pouvoir changer la couleur de la majorité au Parlement. 

Dans un contexte de crise européenne, les Allemands espèrent pouvoir se tourner vers des partis capables de répondre aux problématiques budgétaires. Alternative pour l’Allemagne (Alternative für Deutschland), le tout récent parti anti-euro créé par Bernd Lucke, ancien proche de Merkel, veut avoir son mot à dire alors que la crise chypriote est imputée à une mauvaise gestion allemande. Pour Lucke, l’Europe a perdu son sens depuis que les pays du Sud, dans lesquels il inclut la France, ont perdu en compétitivité. Dans une étude réalisée en septembre par la Fondation Bertelsmann, deux Allemands sur trois estiment qu’ils iraient mieux personnellement si l’Euro était remplacé par le Deutsch Mark. Un électeur sur quatre se dit aujourd’hui prêt à voter pour Alternative pour l’Allemagne. Encore faut-il passer la barre des 5% d’ici septembre.
 
La création de ce parti d’ores et déjà populaire pourrait inciter la chancelière à durcir le ton sur la scène européenne. L’évolution de la crise chypriote, très délicate pour le gouvernement d’Angela Merkel, aura une grande influence sur les élections à venir. Les plus petits partis, même s’ils n’obtiendront pas la majorité, pourraient bien se faire entendre dans un débat résolument orienté vers l’Europe.

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Laurène Perrussel-Morin
Ex-correspondante du Journal International à Berlin puis à Istanbul. Etudiante à Sciences Po Lyon... En savoir plus sur cet auteur