Crise mondiale : comment en sortir ? (Partie 2)

27 Octobre 2012



Après avoir analysé les causes de la crise que nous traversons (voir l’article « Crise mondiale : un problème de bobine ? »), Paul Krugman propose pour nous sortir de ce marasme un plan d’action en trois volets.


Portrait de Paul Krugman
Portrait de Paul Krugman
« La seule chose qui empêche cette reprise, c’est le manque de lucidité intellectuelle et de volonté politique. […] Nous pouvons mettre un terme à cette dépression – et nous devons nous battre pour imposer des politiques qui réussiront, en nous y mettant tout de suite. »

Alors que la majorité des ménages voient leurs revenus stagner voire diminuer, que les entreprises n’investissent plus du fait des perspectives moroses, qui, sinon l’Etat, a les moyens de faire repartir la machine ? Partant de ce constat très keynésien, Paul Krugman établit un plan d’action en trois volets pour nous sortir de cette crise.

1- Dépenser maintenant et rembourser plus tard

Dans une économie déprimée, l’Etat doit prendre le relais des dépenses privées des ménages et des entreprises pour rétablir la situation et tenter par tous les moyens de stimuler l’activité. Et il doit le faire avec détermination. En effet, si le plan de relance de l’administration Obama de l’année 2009 a été un échec, c’est parce qu’il était insuffisant et inadapté !

La priorité est donc d’annuler au plus vite les coupes budgétaires dans les administrations publiques et de rétablir les postes supprimés, notamment dans l’enseignement. A cela doit s’ajouter une augmentation de la dépense publique par la mise en route de projets d’infrastructures. Enfin, une hausse des aides aux personnes en difficulté (allocations chômage, couverture sociale) donnerait un important coup de pouce à l’économie.

2- Un assouplissement monétaire

A court terme, la baisse des taux d’intérêt permet d’augmenter l’activité d’un pays par au moins deux canaux : la hausse des investissements car emprunter coûte moins cher aux entreprises, et la hausse de la demande extérieure car la monnaie domestique se déprécie, ce qui dope les exportations.

Lorsque les taux d’intérêt sont déjà proches de zéro, les banques centrales – et Paul Krugman vise particulièrement la Réserve Fédérale américaine – ont encore à leur disposition tout un arsenal d’outils pour stimuler l’activité. Encore faut-il qu’elles ne soient pas frappées de « paralysie volontaire ».

Raillant  les « éternels allumés » et les économistes conservateurs qui agitent la menace d’une zimbabwification de l’Amérique (le Zimbabwe est connu pour ses taux d’inflation à quatre chiffres), Paul Krugman recommande entre autres une hausse modeste de la cible d’inflation à 3 ou 4%, ce qui aurait un effet similaire à une baisse des taux d’intérêt et viendrait donc soutenir les efforts de relance des Etats.

3- Immobilier : un programme de refinancement massif

La crise que nous connaissons a débuté par l’éclatement d’une bulle spéculative sur un petit compartiment du marché de l’immobilier américain, les subprimes. Nos difficultés actuelles sont étroitement liées à celles du secteur de l’immobilier et au surendettement des propriétaires américains.

Il apparaît donc nécessaire d’alléger le poids de la dette contractée par les ménages ayant acquis des biens immobiliers et de renégocier les contrats. Cette renégociation est d’autant plus facile que la majorité des crédits concernés ont été souscrits auprès de deux établissements bancaires aujourd’hui nationalisés (Freddie Mac et Fannie Mae). Cela permettrait aux ménages concernés de libérer de l’argent auparavant destiné au paiement des intérêts de leur dette et d’augmenter leurs dépenses de consommation.

Roosevelt dans le rétroviseur

Ce plan est naturellement à mettre en œuvre avec une « détermination rooseveltienne », c’est-à-dire qu’il faut persister à mettre en place des politiques de création d’emplois jusqu’à ce que l’objectif soit atteint. « Il faut donc aujourd’hui appuyer sur l’accélérateur, pas lever le pied. »

Paul Krugman évoque également diverses autres mesures comme par exemple le durcissement de la politique à l’égard de la Chine qui manipule les taux de change pour que son économie reste compétitive, ou encore la mise en place d’une fiscalité environnementale pour inciter les entreprises à investir dans le secteur prometteur des énergies renouvelables.

Référence de l’ouvrage : Paul Krugman (2012), Sortez-nous de cette crise… Maintenant !, Flammarion, 284 pages.

Retrouvez le première partie de l'article en cliquant ici

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Journaliste spécialiste des questions économiques. En savoir plus sur cet auteur