@Photo REUTERS/Eric Gaillard
Les djihadistes n’ont pas disparu. Ils ont choisi la politique de la mouvance pour contrecarrer l’intervention militaire franco-africaine. Ils constituent toujours un risque sur la stabilité de la région, encore parfaitement fragile. Cela signifie que tout désengagement prématuré de la communauté internationale au Mali donnera, sans doute, une nouvelle opportunité aux djihadistes d’AQMI et ses alliés de revenir encore plus fort. Par conséquent, une stratégie se doit d'être élaborée pour aider le Mali à faire face à ses nombreux défis. Cette stratégie devrait répondre à des enjeux sécuritaires et politiques capitaux pour l’avenir du Mali et par lui, de la région du Sahel et du Maghreb.
Dans ce contexte, comment répondre aux défis que pose l’étape d’après-guerre au Mali ? L’analyse du déroulement de la crise malienne montre qu’une approche strictement militaire n’offre que des solutions à court terme. De ce fait, il s’agit d’adopter une approche plus globale qui doit être axée sur la restauration de la souveraineté du pays, puis de rétablir un nouveau contrat social qui se traduit par le rétablissement de la confiance entre les différentes composantes de la société malienne.
Dans ce contexte, comment répondre aux défis que pose l’étape d’après-guerre au Mali ? L’analyse du déroulement de la crise malienne montre qu’une approche strictement militaire n’offre que des solutions à court terme. De ce fait, il s’agit d’adopter une approche plus globale qui doit être axée sur la restauration de la souveraineté du pays, puis de rétablir un nouveau contrat social qui se traduit par le rétablissement de la confiance entre les différentes composantes de la société malienne.
Restauration de la souveraineté : clé de la sécurisation du Mali
@Photo REUTERS/Malin Palm
Pour commencer, il semble nécessaire d'éviter les erreurs de l’Afghanistan et de l’Irak où l’opération militaire a été un énorme succès, mais où aucun plan n’a été établi pour la période post-militaire. Le Mali demeure encore très fragile et ne peut, à ce titre, gérer seul cette crise. Car la lutte contre les groupes terroristes au Mali ne s’arrête pas uniquement en les éloignant. Au contraire, la solution pourrait résider dans la restauration de la souveraineté du pays. Celui-ci devrait instaurer une surveillance permanente pour éviter toute déstabilisation du pays.
De fait, la mise en place d’une vigilance durable exige la présence des contingents étrangers sur le territoire malien. Leur objectif principal consisterait à surveiller les frontières maliennes et participer à la formation de l’armée malienne pour qu’elle soit prête à reprendre le contrôle de son propre territoire. Ceci explique certainement le déploiement de la Mission spéciale pour le soutien du Mali (MISMA), sous conduite de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Par ailleurs, la vigilance durable implique également d’entamer un dialogue politique avec les groupes touaregs afin d’éviter tout autre affrontement susceptible d’engendrer un conflit inter-malien. C’est la raison pour laquelle la France, comme les membres de la communauté internationale font appel aux Casques bleus dont l’objectif sera de maintenir la paix et la sécurité. Mais ce n'est pas tout. Les Casques bleus de l’ONU devront aussi promouvoir la réconciliation nationale, et s'assurer que les négociations entre le gouvernement malien et les groupes touaregs s’effectuent dans un esprit de dialogue et de concertation.
Une fois l’architecture de la sécurisation du Mali réalisée, il ne faut cependant pas oublier que la crise malienne (mais aussi celle du Sahel en général) puise ses origines de conditions de vie misérables. Aussi la résolution de la crise n’est-elle pas uniquement militaire ou sécuritaire : elle est aussi sociale.
En effet, le terrorisme puise sa puissance de la misère et la pauvreté des jeunes qui se trouvent généralement dans des situations de chômage. Ces derniers constituent la cible des recruteurs des groupes terroristes pour se renforcer et assurer ainsi la réalisation de leurs trafics en tous genres. D’où la nécessité de rétablir la confiance entre la population et le pouvoir central.
Par ailleurs, la vigilance durable implique également d’entamer un dialogue politique avec les groupes touaregs afin d’éviter tout autre affrontement susceptible d’engendrer un conflit inter-malien. C’est la raison pour laquelle la France, comme les membres de la communauté internationale font appel aux Casques bleus dont l’objectif sera de maintenir la paix et la sécurité. Mais ce n'est pas tout. Les Casques bleus de l’ONU devront aussi promouvoir la réconciliation nationale, et s'assurer que les négociations entre le gouvernement malien et les groupes touaregs s’effectuent dans un esprit de dialogue et de concertation.
Une fois l’architecture de la sécurisation du Mali réalisée, il ne faut cependant pas oublier que la crise malienne (mais aussi celle du Sahel en général) puise ses origines de conditions de vie misérables. Aussi la résolution de la crise n’est-elle pas uniquement militaire ou sécuritaire : elle est aussi sociale.
En effet, le terrorisme puise sa puissance de la misère et la pauvreté des jeunes qui se trouvent généralement dans des situations de chômage. Ces derniers constituent la cible des recruteurs des groupes terroristes pour se renforcer et assurer ainsi la réalisation de leurs trafics en tous genres. D’où la nécessité de rétablir la confiance entre la population et le pouvoir central.
Rétablissement de la confiance sociale au Mali : condition de réussite
@Photo Bertrand DEVIMEUX
La vigilance durable ne semble nullement efficace pour éradiquer le terrorisme du Mali. Selon la précédente expertise, seul le rétablissement de la confiance entre les différentes composantes de la société à travers un processus de réconciliation nationale permettrait de mettre fin à l’insécurité dans le pays et aussi dans l’ensemble de la région.
Pour ce faire, il est nécessaire de rallier la population à la lutte contre le terrorisme, en s’inscrivant dans une stratégie de développement durable du pays. Une telle stratégie est la condition sine qua non de l'éradication du terrorisme sur le sol malien. Elle permettrait en effet à la population malienne de constater la différence et, par conséquent, de reprendre confiance en le pouvoir central. Là aussi, la communauté internationale devra sans doute s’investir considérablement. Car le développement du Mali suppose la participation solidaire de tous les Etats qui pourraient donner au pays les moyens d’assurer son redécollage économique, à travers des aides au développement touchant plusieurs secteurs vitaux de l’Etat.
La communauté internationale a compris cela et a vite répondu présente en organisant une conférence des donateurs sur le Mali, où 455 millions d’euros ont été promis au gouvernement malien. A cet égard, l’Union européenne avait déjà annoncé qu’elle débloquera plus de 200 millions d’euros. La France aussi a promis 150 millions d’euros pour la restructuration du pays en matière d’eau, d’électricité, de la santé et de l’éducation, sans oublier les pays de la région dont le Maroc qui a offert une aide de 5 millions d’euros.
Ainsi, le défi de la période de l’après-guerre est finalement plus important que la guerre elle-même. Il s’agit d’une étape cruciale dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel. La crise malienne a mis en avant la vulnérabilité des pays du Sahel devant la problématique du terrorisme dont les conséquences tiennent principalement à des questions de développement.
Le temps est venu pour tous les pays du Sahel de prendre leur responsabilité en adoptant une stratégie en matière de renforcement sécuritaire et en accélérant leurs agendas sur la question du développement social pour neutraliser toute présence terroriste déstabilisatrice. Il ne s’agit plus d’un choix : désormais c’est une nécessité qui s’impose à l’ensemble de la région
Pour ce faire, il est nécessaire de rallier la population à la lutte contre le terrorisme, en s’inscrivant dans une stratégie de développement durable du pays. Une telle stratégie est la condition sine qua non de l'éradication du terrorisme sur le sol malien. Elle permettrait en effet à la population malienne de constater la différence et, par conséquent, de reprendre confiance en le pouvoir central. Là aussi, la communauté internationale devra sans doute s’investir considérablement. Car le développement du Mali suppose la participation solidaire de tous les Etats qui pourraient donner au pays les moyens d’assurer son redécollage économique, à travers des aides au développement touchant plusieurs secteurs vitaux de l’Etat.
La communauté internationale a compris cela et a vite répondu présente en organisant une conférence des donateurs sur le Mali, où 455 millions d’euros ont été promis au gouvernement malien. A cet égard, l’Union européenne avait déjà annoncé qu’elle débloquera plus de 200 millions d’euros. La France aussi a promis 150 millions d’euros pour la restructuration du pays en matière d’eau, d’électricité, de la santé et de l’éducation, sans oublier les pays de la région dont le Maroc qui a offert une aide de 5 millions d’euros.
Ainsi, le défi de la période de l’après-guerre est finalement plus important que la guerre elle-même. Il s’agit d’une étape cruciale dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé au Sahel. La crise malienne a mis en avant la vulnérabilité des pays du Sahel devant la problématique du terrorisme dont les conséquences tiennent principalement à des questions de développement.
Le temps est venu pour tous les pays du Sahel de prendre leur responsabilité en adoptant une stratégie en matière de renforcement sécuritaire et en accélérant leurs agendas sur la question du développement social pour neutraliser toute présence terroriste déstabilisatrice. Il ne s’agit plus d’un choix : désormais c’est une nécessité qui s’impose à l’ensemble de la région