Réfugiées maliennes (Photo : www.msf.ch)
La crise malienne a conduit à l’expansion des mouvements islamistes et des organismes terroristes. Ces derniers renforcent leur position dans le nord malien, d’où ils développent une « économie criminelle » fondée sur le trafic de drogue et la prise d’otages, contrôlant 3 aéroports maliens (Gao, Tessalit et Tombouctou), nécessaires à leur renforcement et à la réalisation de leur agenda.
Ces mouvements terroristes s’efforcent d’étendre leurs positions à partir du Mali, pour atteindre toute la région de l’Afrique de l’Ouest et aussi celle du Maghreb, d’où la crainte d’un effet domino qui serait susceptible de frapper les autres pays du Sahel, tels que le Niger, le Sénégal, le Burkina Faso, la Mauritanie, l’Algérie ou même la Libye.
Outre l’impact sécuritaire, la crise malienne ne cesse d’engendrer des tragédies humanitaires dangereuses qui se manifestent par l’augmentation du mouvement des réfugiés, dont le nombre s'estime aujourd’hui à plus de 180 000 personnes situées dans les frontières des Etats voisins.
Conscients du danger qui se trouve désormais à leurs frontières, les pays du Maghreb ont multiplié les réunions et les rencontres afin d’élaborer une stratégie commune en vue de limiter l’impact de cette crise sur leur sécurité. D’ailleurs, les pays membres de l’UMA (Union du Maghreb arabe) ont insisté sur une sortie politique de la crise, et souhaite y intégrer les pays du Sahel.
Ces mouvements terroristes s’efforcent d’étendre leurs positions à partir du Mali, pour atteindre toute la région de l’Afrique de l’Ouest et aussi celle du Maghreb, d’où la crainte d’un effet domino qui serait susceptible de frapper les autres pays du Sahel, tels que le Niger, le Sénégal, le Burkina Faso, la Mauritanie, l’Algérie ou même la Libye.
Outre l’impact sécuritaire, la crise malienne ne cesse d’engendrer des tragédies humanitaires dangereuses qui se manifestent par l’augmentation du mouvement des réfugiés, dont le nombre s'estime aujourd’hui à plus de 180 000 personnes situées dans les frontières des Etats voisins.
Conscients du danger qui se trouve désormais à leurs frontières, les pays du Maghreb ont multiplié les réunions et les rencontres afin d’élaborer une stratégie commune en vue de limiter l’impact de cette crise sur leur sécurité. D’ailleurs, les pays membres de l’UMA (Union du Maghreb arabe) ont insisté sur une sortie politique de la crise, et souhaite y intégrer les pays du Sahel.
Cependant, l’émergence d’une telle stratégie demeure largement tributaire de la fin de la guerre froide, permettant de dépasser le statut quo qui caractérise les relations entre l’Algérie et le Maroc, principales puissances de la région. En d’autres termes, le rapprochement entre l’Algérie et le Maroc constitue, aujourd’hui, une nécessité pour relever le défi sécuritaire créé par la crise malienne. Se pose, ainsi, la question suivante : dans quelle mesure la crise du Mali permettra-t-elle de redynamiser les rapports entre l’Algérie et le Maroc ?
L’analyse de la position des deux pays démontre qu’un tel rapprochement est encore très loin. Au moment où la situation du Mali devient de plus en plus complexe, appelant à la solidarité de tous les Etats de la région, force est de constater qu’aucune réunion bilatérale entre les deux pays ne s'est organisée. Pire encore, les deux protagonistes s’abstiennent de coordonner leurs efforts pour discuter d’une issue possible à cette crise et de coordonner leurs stratégies pour y parvenir.
La raison réside dans la volonté de l’Algérie et du Maroc de profiter de cette crise pour remporter des victoires géostratégiques. L’Algérie espère isoler encore plus le Maroc en refusant sa participation à la résolution de la crise, alors que le Royaume marocain tente d’exploiter cette opportunité stratégique pour revenir en puissance sur la scène africaine.
L’analyse de la position des deux pays démontre qu’un tel rapprochement est encore très loin. Au moment où la situation du Mali devient de plus en plus complexe, appelant à la solidarité de tous les Etats de la région, force est de constater qu’aucune réunion bilatérale entre les deux pays ne s'est organisée. Pire encore, les deux protagonistes s’abstiennent de coordonner leurs efforts pour discuter d’une issue possible à cette crise et de coordonner leurs stratégies pour y parvenir.
La raison réside dans la volonté de l’Algérie et du Maroc de profiter de cette crise pour remporter des victoires géostratégiques. L’Algérie espère isoler encore plus le Maroc en refusant sa participation à la résolution de la crise, alors que le Royaume marocain tente d’exploiter cette opportunité stratégique pour revenir en puissance sur la scène africaine.
L’Algérie et son refus d’impliquer le Maroc dans la résolution de la crise malienne
Faut-il rappeler que l’Algérie a toujours exercé une influence très importante dans la région du Sahel, estimant que la résolution de la crise au Mali passe par un dialogue organisé sous l’encadrement des responsables algériens ? Or, ces derniers n’arrivent pas à réguler cette crise qui devient de plus en plus complexe, apparaissant encore plus pertinent après l’échec de l’Algérie à libérer son consul retenu au Mali.
Conscients de la gravité du contexte, la France, les Etats-Unis et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) jugent qu’une intervention militaire constitue la solution susceptible d’éviter l’explosion du Mali et, par lui la sécurité de toute la région. Pour ce faire, il s’agit d’impliquer tous les Etats de la région, c’est la raison pour laquelle ils se sont dirigés vers l’appui du Maroc, une situation qui n’a pas manqué de susciter une vive réaction algérienne qui refuse d’abord l’intervention militaire, puis toute implication du Maroc dans la crise malienne.
Les responsables algériens justifient leur position par le fait que le Maroc n’est pas directement concerné par la crise malienne car il n‘est pas un pays « de champs », d’autant plus que sa participation est davantage infondée puisqu’il n’est ni membre de la CEDEAO, ni membre de l’Union Africaine (UA).
En réalité, la réaction de l’Algérie repose sur des enjeux stratégiques dus à la rivalité qu’elle porte envers le Maroc. L’Algérie s’efforce depuis très longtemps, par le biais d’une activité politique, diplomatique et surtout financière, d’isoler son voisin marocain de son voisinage africain en réduisant ses marges de manœuvre dans les différentes structures africaines tout en instrumentalisant l’affaire épineuse du Sahara.
La stratégie algérienne a plus ou moins réussi puisque le Maroc a cessé sa coopération multilatérale en se retirant de l’OUA/UA, rompant également ses relations diplomatiques avec plusieurs Etats africains ayant reconnu le front du Polisario (présent dans le Sahara occidental NDLR), sans doute sous pression algérienne.
A cet égard, l’Algérie craint que la participation du Maroc à la crise malienne pourrait replacer le Maroc en tant que puissance importante sur la scène africaine, réduisant ainsi l’influence algérienne dans la région, une situation que les dirigeants algériens ont toujours tenté d’empêcher.
Cependant, les craintes de l’Algérie sont fondées puisque le Maroc a entamé, depuis quelques temps, la reconquête de l’Afrique à travers une action diplomatique plus présente, et des activités économiques très importantes touchant l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne.
L’objectif du Royaume étant de retrouver sa place sur la scène africaine, il pourrait, à ce titre, saisir l’opportunité offerte par la crise du Mali d’y parvenir.
Conscients de la gravité du contexte, la France, les Etats-Unis et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) jugent qu’une intervention militaire constitue la solution susceptible d’éviter l’explosion du Mali et, par lui la sécurité de toute la région. Pour ce faire, il s’agit d’impliquer tous les Etats de la région, c’est la raison pour laquelle ils se sont dirigés vers l’appui du Maroc, une situation qui n’a pas manqué de susciter une vive réaction algérienne qui refuse d’abord l’intervention militaire, puis toute implication du Maroc dans la crise malienne.
Les responsables algériens justifient leur position par le fait que le Maroc n’est pas directement concerné par la crise malienne car il n‘est pas un pays « de champs », d’autant plus que sa participation est davantage infondée puisqu’il n’est ni membre de la CEDEAO, ni membre de l’Union Africaine (UA).
En réalité, la réaction de l’Algérie repose sur des enjeux stratégiques dus à la rivalité qu’elle porte envers le Maroc. L’Algérie s’efforce depuis très longtemps, par le biais d’une activité politique, diplomatique et surtout financière, d’isoler son voisin marocain de son voisinage africain en réduisant ses marges de manœuvre dans les différentes structures africaines tout en instrumentalisant l’affaire épineuse du Sahara.
La stratégie algérienne a plus ou moins réussi puisque le Maroc a cessé sa coopération multilatérale en se retirant de l’OUA/UA, rompant également ses relations diplomatiques avec plusieurs Etats africains ayant reconnu le front du Polisario (présent dans le Sahara occidental NDLR), sans doute sous pression algérienne.
A cet égard, l’Algérie craint que la participation du Maroc à la crise malienne pourrait replacer le Maroc en tant que puissance importante sur la scène africaine, réduisant ainsi l’influence algérienne dans la région, une situation que les dirigeants algériens ont toujours tenté d’empêcher.
Cependant, les craintes de l’Algérie sont fondées puisque le Maroc a entamé, depuis quelques temps, la reconquête de l’Afrique à travers une action diplomatique plus présente, et des activités économiques très importantes touchant l’ensemble des pays d’Afrique subsaharienne.
L’objectif du Royaume étant de retrouver sa place sur la scène africaine, il pourrait, à ce titre, saisir l’opportunité offerte par la crise du Mali d’y parvenir.
Crise malienne: opportunité stratégique pour le Maroc
D’aucuns estiment que l’intérêt du Maroc au Mali repose sur des considérations sécuritaires. Cela étant, il ne faut pas oublier l’intérêt stratégique de la position du Royaume dans la crise malienne.
En effet, cette crise offre une opportunité importante pour le Maroc afin de sortir de son isolement et de continuer sa reconquête diplomatique de l’Afrique, dans la perspective de se repositionner comme une véritable puissance régionale, contrepoids de l’Algérie.
L’enjeu stratégique de la crise au Mali justifie donc l’activisme sans précédent du Maroc. Celui-ci n’a pas, en fait, hésité à s’impliquer diplomatiquement, d’abord - et probablement - sur le terrain, à travers une intervention militaire décidée par le Conseil de Sécurité.
En attendant ladite intervention, le Maroc, fort de la demande du Premier ministre malien puis de celle de la France, a rapidement joué un rôle de leader diplomatique en incitant tous les acteurs concernés à intervenir.
Pour cela, le Royaume a participé aux travaux de la CEDEAO (bien qu’il n'en soit pas membre) à Abuja ; ceux-ci étaient destinés à établir un plan d’action militaire au Mali qui a été remis, d’ailleurs, au Conseil de sécurité. Parallèlement, il a contribué à la réunion de Rome à l’instar de la France, de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de l’ONU, de l’UA et de l’UE pour discuter de l’évolution de la situation au Mali et au Sahel.
En effet, cette crise offre une opportunité importante pour le Maroc afin de sortir de son isolement et de continuer sa reconquête diplomatique de l’Afrique, dans la perspective de se repositionner comme une véritable puissance régionale, contrepoids de l’Algérie.
L’enjeu stratégique de la crise au Mali justifie donc l’activisme sans précédent du Maroc. Celui-ci n’a pas, en fait, hésité à s’impliquer diplomatiquement, d’abord - et probablement - sur le terrain, à travers une intervention militaire décidée par le Conseil de Sécurité.
En attendant ladite intervention, le Maroc, fort de la demande du Premier ministre malien puis de celle de la France, a rapidement joué un rôle de leader diplomatique en incitant tous les acteurs concernés à intervenir.
Pour cela, le Royaume a participé aux travaux de la CEDEAO (bien qu’il n'en soit pas membre) à Abuja ; ceux-ci étaient destinés à établir un plan d’action militaire au Mali qui a été remis, d’ailleurs, au Conseil de sécurité. Parallèlement, il a contribué à la réunion de Rome à l’instar de la France, de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, de l’ONU, de l’UA et de l’UE pour discuter de l’évolution de la situation au Mali et au Sahel.
Ensuite, Rabat a abrité la réunion 5+5 défense, dont les travaux se sont focalisés sur la coordination des efforts pour mettre un terme à la crise malienne, en insistant sur la nécessité de renforcer la coopération sécuritaire.
Le Maroc a également saisi l’occasion de sa présidence au Conseil de Sécurité, pour organiser une réunion sur les dangers de la crise du Mali dans laquelle il a appelé à l’adoption d’une approche globale dans la résolution de la crise malienne, qui comporte - non seulement - le cadre sécuritaire, mais doit aussi englober des aides au développement politiques, économiques et sociales.
L’objectif est donc de redynamiser le développement humain dans les pays d’Afrique en vue de lutter efficacement contre le terrorisme. Il s’agit certainement d’un clin d’œil vis-à-vis de ces pays et une façon de leur rappeler que le Maroc défend la cause africaine dans les organismes internationaux.
Il semblerait, ainsi, que les craintes de l’Algérie se soient confirmées, car le Maroc, en s’impliquant encore plus dans la résolution de la crise malienne, est en passe de sortir de son isolement forcé pour se positionner comme une puissance importante dans toute la région, conduisant, par la même occasion, à augmenter la rivalité avec son voisin algérien.
En somme, la crise malienne a dévoilé que la rivalité entre le Maroc et l’Algérie ne peut qu’aggraver l‘insécurité dans la région. En effet, le cas malien exige la participation de tous, car elle ne peut être résolue sans l’Algérie ou sans la participation du Maroc. En fait, « les deux frères ennemis » ont plusieurs critères en commun, c’est la raison pour laquelle ils doivent cesser leur rivalité, et incarner "l'axe du Maghreb".
Pour ce faire, le Maroc et l’Algérie sont tenus de prendre leurs responsabilités et s’engager dans un cadre de coopération élargie, susceptible de garantir la sécurité et la stabilité nécessaire pour mettre fin à la crise au Mali et assurer, par la même occasion, la stabilité de toute la région.
De manière générale, la crise malienne, quelle que soit son issue, a largement contribué à changer la carte géopolitique de la région. Cependant, l’enjeu majeur reste de placer les conséquences de ce changement dans le sens d’un apaisement de rivalité et de l’inscrire, plutôt, dans un cadre de coopération globale, susceptible de redynamiser l’intégration maghrébine, plus que jamais nécessaire dans ce nouvel ordre mondial en construction.
Le Maroc a également saisi l’occasion de sa présidence au Conseil de Sécurité, pour organiser une réunion sur les dangers de la crise du Mali dans laquelle il a appelé à l’adoption d’une approche globale dans la résolution de la crise malienne, qui comporte - non seulement - le cadre sécuritaire, mais doit aussi englober des aides au développement politiques, économiques et sociales.
L’objectif est donc de redynamiser le développement humain dans les pays d’Afrique en vue de lutter efficacement contre le terrorisme. Il s’agit certainement d’un clin d’œil vis-à-vis de ces pays et une façon de leur rappeler que le Maroc défend la cause africaine dans les organismes internationaux.
Il semblerait, ainsi, que les craintes de l’Algérie se soient confirmées, car le Maroc, en s’impliquant encore plus dans la résolution de la crise malienne, est en passe de sortir de son isolement forcé pour se positionner comme une puissance importante dans toute la région, conduisant, par la même occasion, à augmenter la rivalité avec son voisin algérien.
En somme, la crise malienne a dévoilé que la rivalité entre le Maroc et l’Algérie ne peut qu’aggraver l‘insécurité dans la région. En effet, le cas malien exige la participation de tous, car elle ne peut être résolue sans l’Algérie ou sans la participation du Maroc. En fait, « les deux frères ennemis » ont plusieurs critères en commun, c’est la raison pour laquelle ils doivent cesser leur rivalité, et incarner "l'axe du Maghreb".
Pour ce faire, le Maroc et l’Algérie sont tenus de prendre leurs responsabilités et s’engager dans un cadre de coopération élargie, susceptible de garantir la sécurité et la stabilité nécessaire pour mettre fin à la crise au Mali et assurer, par la même occasion, la stabilité de toute la région.
De manière générale, la crise malienne, quelle que soit son issue, a largement contribué à changer la carte géopolitique de la région. Cependant, l’enjeu majeur reste de placer les conséquences de ce changement dans le sens d’un apaisement de rivalité et de l’inscrire, plutôt, dans un cadre de coopération globale, susceptible de redynamiser l’intégration maghrébine, plus que jamais nécessaire dans ce nouvel ordre mondial en construction.
Mehdi Rais est doctorant en Relations et Droit internationaux à l'université de Rabat (Maroc), membre du Centre d’étude et de recherche internationale et communautaire (CERICMED)