Chine : petits arrangements avec Dieu

25 Janvier 2013



En marge des révoltes de Tibétains contre les autorités chinoises, Pékin veut utiliser le « rôle positif » de la religion pour souder la nation.


« Pour la Chine athéiste, la religion n'est plus un poison. », titrait vendredi le principal quotidien indien The Times Of India en référence à l'idée marxiste qualifiant la religion d'« opium du peuple ». Les dirigeants chinois ne cachent plus leur volonté d'utiliser le religieux pour renforcer le patriotisme national. En début de semaine, Yu Zhengsheng, membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) a visité à Pékin des associations bouddhistes, taoïstes, musulmanes et chrétiennes de Chine. Selon l'agence de presse Xinhua, M. Yu les a qualifiées de « forces positives » dans le développement socio-économique du pays. Le pouvoir chinois cherche désormais à montrer aux groupes religieux qu'il existe des points communs entre leurs croyances et le socialisme. On est bien loin de l'idéologie maoïste qui sert de base à l'organisation politique de la Chine. Pendant la Révolution culturelle dans les années 1960, des milliers de Gardes rouges n'avaient pas hésité à détruire des symboles religieux tels que des crucifix, des statues de Bouddha et de nombreux textes anciens. Un rapprochement surprenant donc, mais loin d'être désintéressé. Certes soucieux de répondre à l'intérêt grandissant des Chinois pour la spiritualité (voir l'article de La Croix ), le gouvernement cherche aussi à canaliser les révoltés tibétains. 

Calmer la « clique du Dalaï Lama »

Selon le média officiel, les unités du PCC ont pour consigne « d'encourager les groupes religieux et les aider à résoudre les problèmes pratiques. » La police chinoise doit en effet faire face aux immolations par le feu de moines tibétains, la « clique du Dalaï Lama », et de civils, qui cherchent à attirer l'attention de la communauté internationale. Liée au Parti, l'Association bouddhiste de Chine a, elle aussi, récemment condamné l'action anti-gouvernementale du mouvement tibétain. Son président, Chuan Yin, a comparé les immolations à des meurtres, tout en ajoutant que « le bouddhisme est une religion qui respecte la vie ». De son côté, Yu Zhengsheng appelle à étudier la compatibilité entre bouddhisme tibétain et société socialiste pour impliquer chacun, croyant ou non, dans « le grand renouvellement de la Nation chinoise ».

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Thomas Denis
Je suis étudiant en journalisme à Chennai au sud de l'Inde. Diplômé de l'école de journalisme de... En savoir plus sur cet auteur