Le 8 janvier 2013, 11 corps en décomposition avancée de jeunes filles âgées de 16 à 25 ans ont été découverts dans un quartier de Yaoundé, la capitale du Cameroun. Les dépouilles étaient nues, les jambes écartées, les orbites enfoncées, les parties génitales amputées. Selon les gendarmes, il s’agirait de crimes rituels. Si jusqu’ici les auteurs de ces crimes courent encore, de nombreux témoignages indiquent que des personnalités de hautes fonctions seraient impliquées dans ces meurtres, qui se multiplient au fil des ans. Ces fonctionnaires en profiteraient pour maintenir leurs fonctions, et même pour briguer des postes plus importants.
A Bafoussam, dans l’ouest du pays, plusieurs corps ont été découverts ces derniers mois, avec des organes amputés. A Maroua dans le nord, un jeune homme a été condamné à la peine de mort, après avoir éventré une femme et retiré son fœtus. Des corps ont également disparu dans les morgues, sans que l’on ne retrouve leurs traces.
Un difficile maintien de la sécurité
« Il n’est pas exclu que ces corps soient vendus en Europe où les organes sont très sollicités. On a connu des cas où des jeunes, arrêtés pour trafic d’organes, ont affirmé avoir pris plus de 15 millions de francs CFA (environ 22 800 euros, ndlr) pour un cœur », a affirmé cet officier de gendarmerie qui a souhaité rester anonyme. Le gendarme a également expliqué la difficulté pour les forces de l’ordre à assurer la sécurité dans de nombreux quartiers où l’électricité est souvent absente.
« En trois mois, huit enfants de 11 mois à 10 ans ont été sodomisés, violés et assassinés à Douala et à Yaoundé. Une escalade macabre qui curieusement devant les tribunaux et les procureurs tombent dans les impasses ! Nous allons lutter de toutes nos forces contre les crimes rituels et le viol des bébés », a expliqué Sismondi Barlev, porte-parole du Rassemblement de la jeunesse camerounaise, une association locale.
Dans son ouvrage paru en 2012(1), le Dr Ateba Eyene, enseignant à l’université de Yaoundé II, indique que le Président de la République a grand intérêt à s’attaquer vigoureusement à ces maux qui se sont enracinés dans la société camerounaise et l’empêche de décoller : « Si tu n’es pas dans une loge, quoi que tu fasses, on ne te voit même pas ».
(1) Charles Ateba Eyene, Le Cameroun sous la dictature des loges, des sectes, du magico-anal et des réseaux mafieux. De véritables freins contre l’émergence en 2035 (la logique au cœur de la performance). Editions Saint-Paul Yaoundé, septembre 2012.