La Nona Ora. Maurizio Cattelan, 1999
Le Vatican, 13 mars 2013. Déjà 13 jours que les quelques 1,2 milliard de catholiques étaient démunis de leur Saint Père. 600 ans qu'aucun pape n'avait soumis sa démission. La tiare de Benoît XVI a trouvé une nouvelle tête : le Pape François. Non, il n'est pas revenu d'entre les morts, notre roi bien aimé, seulement, un contemporain s'est glissé là. Espérons juste que celui-ci n'attrapera pas une mauvaise grippe... Pendant que Benoît XVI dort déjà sur ses deux oreilles, François donne sa première bénédiction et nous souhaite de passer une douce nuit, non pas sans nous rappeler son prédécesseur Jean-Paul II, qui s'illustrait notamment par son caractère chaleureux. Il nous avait fait rire avec ses lunettes improvisées, on s'était agrippé à son charisme coppolien avec fougue, on fut désenchanté, ébranlé, irrité, bouleversé par sa mort spectaculaire mise en scène par Maurizio Cattelan.
« Le blasphème fait partie de la religion populaire » Antonio Machado
Il choisit dans La Nona Ora (La Neuvième heure, réalisé en 1999) de dresser le portrait d’un pape exténué faisant écho au pape hurlant de Francis Bacon sur sa chaise électrique. Comme les Anciens le faisaient dans les catacombes, Cattelan utilise le matériau cire et choisit le moulage comme la base de son travail. Cela inspire la vue d'une réelle carnation à cet homme devenu ordinaire, car « Le vrai réalisme consiste à montrer les choses surprenantes que l'habitude cache sous une housse et nous empêche de voir », nous dit Cocteau. Il se rapproche ainsi des fidèles et en même temps, de Dieu, en incarnant la figure du Christ, portant le péché du monde. De même que le Christ encore, il meurt à la neuvième heure tel que le symbolise le titre. Victime multiple, le pape se donne au monde et aux fidèles quand il est touché non pas de la grâce divine, mais d'une météorite symbolisant le big bang actuel de la foi.
Clin d'oeil aussi à l'heure du Far West où le pape esquiva les balles du terroriste turc Mehmet Ali Ağca. Cattelan le touche ici, non pas en plein cœur, mais en pleines jambes immobilisant Sa Sainteté Jean-Paul II au sol. Pourtant avec sérénité il reste droit, continue de porter son peuple et ses idées. Comme Goliath croule sous la pierre, le pouvoir papal croule sous la météorite. Pourtant, le pape reste tranquille, accroché à sa croix comme s'il ne voulait jamais la lâcher, tel un enfant s'accrocherait à son nouvel ourson. Il y a un certain décalage entre le traitement de la figure figée, de la pose raide et du tragique de la scène saisissante de vérité. Le pape rend l'âme, et nous les armes, car de toutes, une seule question subsistera toujours : « Rendre l'âme? D'accord, mais à qui? ». Merci Monsieur Gainsbourg.
Clin d'oeil aussi à l'heure du Far West où le pape esquiva les balles du terroriste turc Mehmet Ali Ağca. Cattelan le touche ici, non pas en plein cœur, mais en pleines jambes immobilisant Sa Sainteté Jean-Paul II au sol. Pourtant avec sérénité il reste droit, continue de porter son peuple et ses idées. Comme Goliath croule sous la pierre, le pouvoir papal croule sous la météorite. Pourtant, le pape reste tranquille, accroché à sa croix comme s'il ne voulait jamais la lâcher, tel un enfant s'accrocherait à son nouvel ourson. Il y a un certain décalage entre le traitement de la figure figée, de la pose raide et du tragique de la scène saisissante de vérité. Le pape rend l'âme, et nous les armes, car de toutes, une seule question subsistera toujours : « Rendre l'âme? D'accord, mais à qui? ». Merci Monsieur Gainsbourg.