Brésil : Les manifestations à Rio oscillent entre guerre et paix

Nos correspondants à São Paulo
18 Juin 2013



Alors que la paix semblait revenir à Rio après des pics historiques de violence, plusieurs bâtiments ont été sauvagement attaqués par une minorité de manifestants. Des radios ont vu leurs transmissions coupées. Des rumeurs de censure circulent.


11 juin 2013 - São Paulo. Crédit Photo -- Michel Filho/Agência O Globo
11 juin 2013 - São Paulo. Crédit Photo -- Michel Filho/Agência O Globo
Les manifestations du dimanche 16 juin ont remué Rio de Janeiro. Pourtant, les manifestans avaient une vraie volonté de se préserver de toute forme de violence et de provocations. Mais la répression policière a été intense. Mardi 18 juin, le cinquième jour de manifestations consécutif, les appels à la mobilisation ont à nouveau reposé sur ce message d'incitation à la paix entre police et manifestants.

La protestation n'a pas connu d’accrocs, jusqu'au moment où un petit groupe de manifestants a décidé de jeter des pierres et tenter d’enflammer le bâtiment de l'Assemblée législative de la ville. La police militaire a dû intervenir et les violents affrontements se sont poursuivis. Des petits groupes de manifestants ont mis le feu à des voitures et à des objets dans la rue. Quelques personnes ont été blessées.

Quatrième manifestation : des scènes de violence générales

Même si la tension est encore vive dans les rue de Rio de Janeiro, le dimanche 16 juin restera profondément dans les mémoires. La manifestation nationale contre l'augmentation du tarif des transports publics a donné lieu à des scènes d'émeutes, de confrontations barbares entre les manifestants et la police militaire, sans précédent depuis de nombreuses années.

Les cortèges ont débuté à une station de métro, près du stade du Maracanã, avec à peu près 30 000 personnes. La manifestation est restée pacifique, jusqu'à l'entrée du stade. C'est à ce moment précis que la police militaire et les forces de l'ordre spéciales ont commencé à lancer des bombes de gaz lacrymogène. Ils ont eu recours aux sprays de piment, allant jusqu'à tirer des balles de caoutchouc pour combattre les manifestants.

Un étudiant, Pedro Pepi, a relaté sur sa page Facebook que les troupes de police ressemblaient plus à un contingent militaire pour contenir une guerre qu’à des forces de police assurant la sécurité de chacun : « Ils nous menaçaient verbalement, nous essayions de dialoguer, mais ils commençaient à se mettre en formation pour avancer vers notre direction », raconte-t-il.

Pour fuir la confusion, une grande partie des manifestants se sont réfugiés à Quinta da Boa Vista, un grand parc public de la région. Encore une fois, la police a lancé des bombes lacrymogènes dans le parc, y compris sur des familles, avec des enfants, qu'y se promenaient. Les manifestants ont négocié avec la police afin de pouvoir sortir pacifiquement du parc, ce qu'ils ont pu aire après de houleuses négociations.

Des groupes d'activistes ont continué à chanter l'hymne national du Brésil à genoux, devant les forces spéciales de la police. Ces groupes ont été atteints par des bombes de gaz et des tirs de balles en caoutchouc. Des témoignages sur les réseaux sociaux attestent également, que des bombes lacrymogènes ont été lancées dans des stations de métro, alors que certains manifestants essayaient d'y échapper. D'autres manifestants affirment que les caméras municipales, autour du stade, étaient mystérieusement éteintes.

Attaques de journalistes

Des équipes de journalistes ont été touchées par des bombes de gaz lacrymogène. Luiz Roberto Lima, photographe des Agences O Estado et O Globo, a été atteint au visage par du spray de piment actionné par un policier et dû être secouru par les pompiers. Néanmoins, selon la reporter Luiza Scheliga, de la radio Band News, il n'y a pas eu de la répression policière contre le travail des journalistes. Les policiers agissaient toutefois avec une force « disproportionnée et véhémente » vis-à-vis des manifestants.

Rumeurs sur une censure des radios

Pendant la retransmission du match de football entre le Mexique et l'Italie, à l'occasion de la Coupe des Confédérations, les radios CBN et Band News FM ont connu des problèmes de transmission. Sur les réseaux sociaux, les rumeurs ont commencé à faire surface : les deux médias auraient été censurés.

Dans le cas de Band News, ceux qui essayaient d'accéder à la diffusion online, entendaient un message qui disait que, par détermination de FIFA, ils devaient attendre le retour de la programmation normale. La CBN a aussi connu une transmission audio coupée. Leurs programmes habituels n'ont normalement été diffusés qu'au début du match entre l'Espagne et l'Uruguay. Avant la coupure, la radio avait diffusé un témoignage plein d'émotion du reporter Genilson Araújo, affirmant que la manifestation avait connue une forme pacifique jusqu'à l'action des troupes d'élite. Sans savoir qu'il était en direct, le journaliste a négocié avec des policiers pour les convaincre d'arrêter la violence, car il y avait des enfants sur place.

Band News a démenti les rumeurs de censure. Selon des membres de la direction de la radio, le signal de réseau via Internet a dû être coupé à cause des droits contractuels de diffuser du groupe envers la FIFA, qui n'autorise pas les transmissions de la Coupe des Confédérations en dehors du territoire national. La radio a posté des messages sur Twitter pour essayer d'expliquer les problèmes techniques qui avaient affecté la transmission. CBN a nié toute interférence externe. Sur sa page Facebook, la chaîne a affirmé que la radio avait été coupée entre 12h30 et 17h30 à cause d'un problème d'équipement de stockage des données de tous les sites du système. 


Écrit par Andressa Pellandra, Bárbara Libório et Nicolas Iory.

Traduit par Andressa Pellanda.


Notez