Blind Intersections, destins croisés à Beyrouth

1 Mai 2014



Blind Intersections, de son nom arabe Ossit Sawani a été projeté dans le cadre du festival du cinéma du Sud se déroulant à Lyon du 24 au 27 avril 2014. Sorti en 2012 et nominé aux Oscars 2014 dans la catégorie meilleur film en langue étrangère, ce drame au scénario déstructuré traite des enjeux de la population libanaise.


Crédit DR
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Les voix se taisent à mesure que l’écran s’allume, le film commence. On aperçoit un couple roulant à bord d’une Mercedes dans les rues de Beyrouth. Un tragique carrefour marque le début d’un scénario qui mêle trois protagonistes que tout semble opposer. Les personnages se croisent mais ne se rencontrent jamais, leur classe sociale est une barrière infranchissable. 

Ce drame réalisé par Lara Saba parle des problèmes sociétaux du Liban. Une réflexion sur les choix que chacun peut faire et les conséquences qu’ils peuvent avoir pour autrui. Car les effets des choix, eux, se manifestent de bas en haut de la population, au-delà des classes sociales.
 

« La société libanaise est malade »

Ce drame est avant tout une réflexion sociétale, le film ne traite pas de politique ni de religion mais bien des problèmes quotidiens des libanais. Trafic de drogue, prostitution, pédophilie et injustices sociales y sont dépeints. Lara Saba dresse, le portrait d’une « société malade » - ce qu’elle soutiendra lors de la conférence-débat qui suivra la séance. 
 

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Elle parle d’une société où les femmes vont accoucher à l’étranger pour garantir une meilleure éducation et un meilleur avenir à leur progéniture. Le seul lieu commun à ses personnages est l’hôpital, dans lequel ils se retrouvent tous, tantôt pour se faire soigner, tantôt pour pleurer un proche. 

Une réflexion habile où chacun se retrouve

La réalisatrice libanaise signe son troisième long métrage reconnu, suivant Yes (2004) et Beirut Truth and Versions (2009). La déstructuration du récit, figure narrative complexe contraire à la linéarité, qui rappellera Stanley Kubrick pour certains, est une preuve de la maturité qu’elle a acquise au fil des années. 

Le regard porté sur les personnages est inconditionnellement juste et sans jugement. On vole pour se nourrir et on boit pour oublier la misère dans laquelle on se trouve. Blind Intersections invite à changer notre perception d’autrui, à arrêter de fermer les yeux sur les vies de ceux qui nous entourent dans ce monde fragmenté. Un film émouvant qui tient en haleine.

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Claire Tholozan
Etudiante en deuxième année de journalisme à l'ISCPA Lyon, je suis passionnée par la culture et les... En savoir plus sur cet auteur