Biennale Musiques en Scène 2012, le "must" de la création musicale contemporaine

Profondément épurée, excessivement provocatrice, infiniment poétique – une Biennale troublante

Catinca Dumitrascu
4 Juin 2012



Qu'est-ce que l'on peut encore crée, de nos jours, en matière de musique instrumentale? Comment ne pas être submergé, en tant que musicien, par le poids des créations des siècles derniers et qui sont les compositeurs d'aujourd'hui? La Biennale Musiques en Scène conçue par le Grame, centre national de création musicale de Lyon a relevé, cette année, le défi de répondre à toutes ces interrogations.


Biennale Musiques en Scène 2012, le "must" de la création musicale contemporaine
En ce début de XXIe siècle, notre société ressent farouchement le besoin de questionner et de contester le passé, bref de faire un bilan pour pouvoir trouver la voie à suivre pour l'avenir. La politique n'est certainement pas la seule à subir des bouleversements, les arts, qu'il s'agisse de littérature, de cinéma, de danse ou de musique, sont également secoués par une vague de mutations, métamorphoses et changements. Certains les perçoivent comme des craintifs tâtonnements, d'autres voient la naissance de genres nouveaux.

Essayant à tout prix de se libérer des systèmes classiques, la musique contemporaine veut délibérément rompre avec la notion d'harmonie, veut absolument quitter la voie mélodique afin de purifier et d'épurer l'expérience musicale. Utilisant la plupart du temps des instruments classiques (violon, violoncelle, alto, piano etc.) elle s'est également ouverte aux techniques électro-acoustiques et informatiques, ce qui lui a permis une incroyable ouverture sur un monde d'expérimentations infinies.

Apparue après la Seconde Guerre Mondiale, cette musique moderne est souvent appelée musique savante. Et c'est précisément cette image que la Biennale Musiques en Scène 2012 a essayé de modifier, d'une part grâce à une programmation extrêmement variée ( concerts, pièces de théâtre, expositions, afters) et d'autre part en adoptant une stratégie de communication à l'image de la création musicale programmée (à la fois jeune, légèrement ironique et très raffinée). Sous le signe du bleu et du cuivre, des couleurs métallisées et pourtant d'une insolite douceur, les affiches qui ont timidement jalonnées la ville de Lyon, ainsi que les gélules factices offertes pour comprendre la musique contemporaine, attestent de ce désir de conquérir un nouveau public.

Placée sous le signe du recycling attitude ( ou le recyclage en musique) la Biennale a accueilli des compositions alliant musiques pour orchestre, musiques électroniques, projections vidéo, danse, théâtre, bref le temps des alliances a sonné pour le monde musical aussi.

Une musique qui ne laisse pas indifférent, des sons étranges, à la fois grinçants, métalliques et acérés, mais aussi voluptueux, délicats et feutrés, et des performances scéniques qui laissent pantois. Jamais autant de crins d'archet ne se sont rompus pour danser dans l'air lyonnais ! Une expérience transcendante que l'on vous recommande pour 2014 !

Pour en savoir plus :
http://www.2012.bmes-lyon.fr/

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