L’Allemagne, 1ère puissance économique et industrielle de l’Europe, un leitmotiv redondant que l’on ne cesse d’entendre depuis le début de la crise économique au sein de la zone euro. Mais ce bilan de santé positif ne peut se faire de Berlin, capitale et siège du pouvoir politique, où les inégalités sociales ne cessent de s’accroître.
Un héritage de la réunification lourd à porter
Si l’économie allemande se porte bien, Berlin demeure la seule capitale d’Europe dont le produit intérieur brut par habitant est inférieur à la moyenne nationale. Depuis la réunification du 3 octobre 1990, le taux de chômage a considérablement explosé. Au mois d’août 2013, 210 989 personnes étaient inscrites au chômage à Berlin, soit un taux de chômage de 11,7% (contre 6,8% à l’échelon national selon les chiffres de la Commission européenne). La capitale fédérale se situe ainsi en dernière place sur l’échelle nationale du taux de chômage.
La création d’un salaire minimum en Allemagne de 8,50 euros de l’heure, mesure phare du programme électoral du SPD mais surtout condition nécessaire à tout accord de coalition, a été finalement obtenu. C’est un pas en avant pour la capitale allemande où les « minijobs » payés à 1euro de l’heure et autres emplois précaires dont la rémunération est inférieure à 400 euros par mois sont monnaie courante. Cette résolution sera mise en place dès le 1er Janvier 2015 mais devrait s’appliquer à l’ensemble des branches professionnelles en 2017 seulement.
Berlin paie encore la réunification et elle devra désormais la payer seule. En février 2013, la Bavière et la Hesse, deux des plus riches Länder d’Allemagne décidèrent d’attaquer devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe la loi qui oblige les Etats les plus riches à aider financièrement les plus pauvres. La Bavière, le Bade Wurtenberg et la Hesse ont tous trois reversé plusieurs milliards aux Länder en difficulté durant l’année 2012, au nom de la solidarité fédérale. Berlin, grande gagnante reçut ainsi 3,3 milliards d’euros soit 945 euros par habitant. Une générosité qui fait désormais grincer des dents les coalitions conservatrices des riches Etats allemands, lassées de devoir aider Berlin à se relever de la réunification difficile des années 90. Au temps du Mur, il était d’une importance majeure d’aider financièrement Berlin à demeurer une ville de l’Ouest forte, libérale et prospère mais cet argument n’est plus d’actualité et la solidarité tend à s’effilocher.
La création d’un salaire minimum en Allemagne de 8,50 euros de l’heure, mesure phare du programme électoral du SPD mais surtout condition nécessaire à tout accord de coalition, a été finalement obtenu. C’est un pas en avant pour la capitale allemande où les « minijobs » payés à 1euro de l’heure et autres emplois précaires dont la rémunération est inférieure à 400 euros par mois sont monnaie courante. Cette résolution sera mise en place dès le 1er Janvier 2015 mais devrait s’appliquer à l’ensemble des branches professionnelles en 2017 seulement.
Berlin paie encore la réunification et elle devra désormais la payer seule. En février 2013, la Bavière et la Hesse, deux des plus riches Länder d’Allemagne décidèrent d’attaquer devant la Cour constitutionnelle de Karlsruhe la loi qui oblige les Etats les plus riches à aider financièrement les plus pauvres. La Bavière, le Bade Wurtenberg et la Hesse ont tous trois reversé plusieurs milliards aux Länder en difficulté durant l’année 2012, au nom de la solidarité fédérale. Berlin, grande gagnante reçut ainsi 3,3 milliards d’euros soit 945 euros par habitant. Une générosité qui fait désormais grincer des dents les coalitions conservatrices des riches Etats allemands, lassées de devoir aider Berlin à se relever de la réunification difficile des années 90. Au temps du Mur, il était d’une importance majeure d’aider financièrement Berlin à demeurer une ville de l’Ouest forte, libérale et prospère mais cet argument n’est plus d’actualité et la solidarité tend à s’effilocher.
Être pauvre, une tendance berlinoise ?
Berlin est une ville alternative, pop, underground, mais pauvre. On compte 40% des 3,4 millions de Berlinois qui vivent grâce aux aides publiques, 60 000 bas salaires et plus de 500 000 Berlinois sous le seuil de pauvreté. Une situation difficile dont certains ont réussi à tirer une nouvelle forme de way-of-life, économe mais branchée. En 2008, Bernd Wagner, ancien enseignant de RDA devenu chômeur publiait Berlin pour les pauvres, un guide de survie à destination des Hartz IV, les chômeurs de longue durée touchant 345 euros par mois. Face au constat révélé par l’Institut allemand de recherches économiques DIW selon lequel les riches berlinois sont de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres, Bernd Wagner développe des astuces pour consommer à moindre coût, tel que faire les fins de marché ou s’habiller dans des friperies.
Considérer la pauvreté d’un nouvel oeil, tel fut également l’objectif des rédacteurs en chef du journal de rue Strassenfeger qui lancèrent le projet d’une bande dessinée sur les sans-abri, érigés en personnages de super héro. Ironique sans être cynique, « Superpenner » (« super clochard ») met au cœur de l’histoire les problématiques propres aux sans-logis et attire l’attention sur ces personnes exclues. Soutenus financièrement par l’agence de publicité Scholz & Friends qui s’est chargée de l’impression, cette bande dessinée rédigée dans un style familier mais vif envoie valser les clichés sur les plus démunis.
Considérer la pauvreté d’un nouvel oeil, tel fut également l’objectif des rédacteurs en chef du journal de rue Strassenfeger qui lancèrent le projet d’une bande dessinée sur les sans-abri, érigés en personnages de super héro. Ironique sans être cynique, « Superpenner » (« super clochard ») met au cœur de l’histoire les problématiques propres aux sans-logis et attire l’attention sur ces personnes exclues. Soutenus financièrement par l’agence de publicité Scholz & Friends qui s’est chargée de l’impression, cette bande dessinée rédigée dans un style familier mais vif envoie valser les clichés sur les plus démunis.
Klaus Wowereit, ou comment sauver le Berlin sexy
Si le Berlin pauvre est une réalité, son maire social démocrate, Klaus Wowereit ne la trouve pas moins « sexy » et il entend bien la défendre ! Face au discours de la Cour Constitutionnelle de Karlsruhe qui l’encourage à réduire les dépenses de l’Etat du Brandenburg, Klaus Wowereit tient bon. Il refuse de toucher aux prestations sociales et culturelles, de revenir sur la dernière année de crèche gratuite et sur l’augmentation des droits universitaires : « L’Allemagne doit miser sur l’éducation, sa capitale aussi » justifie t-il. Face à l’afflux d’investisseurs étrangers attirés par le coût bas du terrain à Berlin, Klaus Wowereit limite la privatisation de l’immobilier. Une prise de position courageuse car les investissements seraient également une nouvelle source de richesse pour la ville.
Réélu en 2011, Klaus Wowereit a su se faire adopter par les Berlinois en se présentant en tant que politique progressiste, social et honnête. En rendant son homosexualité publique en Juin 2001 « Je suis gay et c’est bien ainsi », Klaus Wowereit marqua également des points auprès de la communauté homosexuelle importante de l’une des villes les plus gay-friendly d’Europe. Sa phrase « Berlin est pauvre mais sexy » fut un véritable coup markeeting pour la capitale dont le maire tente de diffuser une bonne image, opération difficile quand les slogans « Berlin, capitale de la pauvreté » et « Wowi, roi des précaires » tendent à secouer sa popularité. Et si le SPD possède un ancrage non contestable à Berlin, il suffit de se déplacer à Schöneweide dans l’est de la capitale pour constater que de nouveaux partis espèrent également faire leur chemin. Le NPD, le parti d’extrême droite allemand à tendance néonazie et le PDS, héritier du Parti communiste d’ex-RDA s’emparent du sujet de la hausse de la pauvreté à Berlin comme fer de lance de leurs programmes électoraux.
Si la capitale ne peut ignorer le phénomène d’embourgeoisement qui la gagne, elle ne peut également fermer les yeux sur les conditions de vie de ses habitants les plus démunis. Face à la hausse des prix des loyers et l’exclusion géographique des plus pauvres Berlinois, l’équilibre promet d’être difficile à trouver pour Wowi.
Réélu en 2011, Klaus Wowereit a su se faire adopter par les Berlinois en se présentant en tant que politique progressiste, social et honnête. En rendant son homosexualité publique en Juin 2001 « Je suis gay et c’est bien ainsi », Klaus Wowereit marqua également des points auprès de la communauté homosexuelle importante de l’une des villes les plus gay-friendly d’Europe. Sa phrase « Berlin est pauvre mais sexy » fut un véritable coup markeeting pour la capitale dont le maire tente de diffuser une bonne image, opération difficile quand les slogans « Berlin, capitale de la pauvreté » et « Wowi, roi des précaires » tendent à secouer sa popularité. Et si le SPD possède un ancrage non contestable à Berlin, il suffit de se déplacer à Schöneweide dans l’est de la capitale pour constater que de nouveaux partis espèrent également faire leur chemin. Le NPD, le parti d’extrême droite allemand à tendance néonazie et le PDS, héritier du Parti communiste d’ex-RDA s’emparent du sujet de la hausse de la pauvreté à Berlin comme fer de lance de leurs programmes électoraux.
Si la capitale ne peut ignorer le phénomène d’embourgeoisement qui la gagne, elle ne peut également fermer les yeux sur les conditions de vie de ses habitants les plus démunis. Face à la hausse des prix des loyers et l’exclusion géographique des plus pauvres Berlinois, l’équilibre promet d’être difficile à trouver pour Wowi.