Berlin l’inachevée

5 Octobre 2012



L’inauguration de l’aéroport Willy Brandt-Brandebourg, prévue pour le 3 juin 2012, a été repoussée de neuf mois. Une illustration des difficultés que rencontre la ville pour finir ses grands chantiers.


Berlin l’inachevée
La construction de l’aéroport Willy Brandt-Brandebourg a été décidée en 1995, et sa construction a commencé le 5 septembre 2006. Situé en partie sur le terrain de l’aéroport de Schönefeld, cet immense complexe aéroportuaire remplacera Tegel et Schönefeld. Les Berlinois se déplaçant principalement à vélo, une piste cyclable de 25 km est prévue pour relier l’aéroport au centre de la ville.

Mais ce chantier pharaonique, dont le coût est estimé à 2,5 milliards d’euros, peine à s’achever. Le responsable de la construction a été mis à la porte du fait des lacunes constatées dans le système de sécurité anti-incendie, et le bourgmestre de la ville, Klaus Wowereit, est accusé de laxisme depuis qu’il a annoncé que l’aéroport n’ouvrirait qu’en mars 2012. Le complexe est désormais surnommé « Wowi Fluchhafen » (« le port de la malédiction pour Wowi », surnom de Klaus Wowereit). Certaines compagnies, comme Lufthansa, réclament des dédommagements à la ville du fait des coûts imprévus.

L’image de Berlin est ternie par ces retards. On lui reproche les nombreux projets inachevés qui ont été lancés depuis la réunification. La réouverture du Staatsoper, plus vieil opéra de la ville fermé depuis 2010 pour travaux, a ainsi été reportée à 2015. Le projet de reconstruction du château de la ville, détruit sous la RDA, est encore dans les limbes.

Certains responsables dénoncent cependant ces critiques, perçues comme résultant d’une jalousie. Richard Meng, porte-parole de l’exécutif berlinois, se veut rassurant : « Berlin profite actuellement d’une image tellement bonne que tout le monde est content de pouvoir dire que ce n’est pas si formidable que ça. Regardez donc un peu ce qui se passe ailleurs: la Philharmonie de Hambourg (...) dont le chantier dure de plus en plus longtemps et coûte de plus en plus cher. Ou encore la bataille autour de la gare de Stuttgart qui a donné lieu à des immenses manifestations. » La fin de l’exception berlinoise ?

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Laurène Perrussel-Morin
Ex-correspondante du Journal International à Berlin puis à Istanbul. Etudiante à Sciences Po Lyon... En savoir plus sur cet auteur