Les dialogues sont l’ennemi du scénariste. Tomber dans le piège des dialogues explicatifs est tellement facile et pratique, mais tout l’art du film consiste à ne pas seulement dire, mais montrer, ou tout simplement être ce qu’il dit sans utiliser aucun médium (mots ou images types). Comme à chaque règle, il existe des exceptions. Before Midnight est ce qu’on appelle un film bavard : le scénario n’est pas construit autour d’une action, ou même d’une évolution psychologique. Jesse et Céline ne sont pas différents au début du film et à la fin, leurs caractères n’ont pas subi de grands bouleversements. Ils ont simplement parlé pendant environ une heure et demie.
Before Midnight n’est pas une comédie romantique. Jesse et Céline sont ensemble depuis une dizaine d’années, ils ont quarante ans, deux jumelles et un fils (dont la mère n’est pas Céline). Ils s’entendent bien, semblent toujours amoureux l’un de l’autre, mais les disputes sont fréquentes et parfois violentes. Ils savent se gâcher la vie de manière réciproque. Pourtant, malgré toutes ces caractéristiques connues, ils valent le détour. Nous sommes à un moment de leur vie qu’il serait difficile de caractériser en un seul mot. Tout, dans ce film, est construit en nuances et en contrepoint pour esquisser cette journée à l’extrême fin des vacances. Le spectateur plonge ainsi au cœur de ces personnages pour tenter de cerner leurs personnalités. Lorsque l’on croit avoir compris comment l’un des membres du couple fonctionnait, ses peurs irrationnelles ou son agressivité renversent soudain notre réponse à la question « qui a raison. » Ils n’échappent cependant pas aux clichés de la Française féministe et tarée ou de l’Américain intello et grivois. Même chose pour les autres personnages, on trouve par exemple un couple de jeunes adultes persuadés que le monde sera bientôt dirigé par des ordinateurs et que l’amour n’est pas éternel. Mais le film assume cette part de banalité : après tout, il ne cherche pas à créer des personnages atypiques, surprenants par leur originalité. L’essentiel est que nous soyons hantés par leurs univers qui s’affrontent autant qu’ils s’unissent. Leurs discussions vous hantent par leur rythme et leur humour.
Before Midnight réussit en effet à être un véritable film de dialogues sans pour autant nous lasser (sauf à de très courts moments). Richard Linklater, le réalisateur, est aussi scénariste avec Julie Delpy et Ethan Hawke, les deux acteurs principaux. Ces fonctions qui se croisent permettent au film d’être véritablement énergique. Les dialogues entre les deux personnages principaux ont une matérialité qui manque peut-être aux discussions de groupe. Leurs réflexions sont celles d’intellectuelles et le spectateur est constamment sollicité pour tenter de comprendre leurs raisonnements parfois tordus. Mais leur complicité est parfaite, même pendant leurs disputes, et nous sommes du coup plongés au cœur de leur intimité. Chaque phrase trouve une résonance dans leur personnalité et inversement. Leur intimité est mise au jour par ce monde de paroles et de questionnement sans fin.
Heureusement, ce n’est pas seulement une intimité de mots et de phrases philosophiques. La mise en scène est très simple, mais Christos Voudouris sait filmer les corps et la lumière du sud de la Grèce. Rien n’est impudique ou exagérément touristique. Les plans sur les lieux que Jesse et Céline traversent pendant leur balade ne sont pas systématiquement montrés, et ce sont des endroits confidentiels qu’on est heureux de découvrir avec eux. Au milieu de ce décor chaleureux, nous apprenons à connaître nos deux personnages physiquement. Leur manière de se déplacer, leurs mimiques ou leurs gestes (de tendresse et de colère) deviennent familiers et s’accordent au flux presque continu de leurs paroles. Un couple est décortiqué sous nos yeux, volontairement, sans chercher à nous éblouir par une virtuosité factice. Il est facile de se laisser séduire.
Before Midnight n’est pas une comédie romantique. Jesse et Céline sont ensemble depuis une dizaine d’années, ils ont quarante ans, deux jumelles et un fils (dont la mère n’est pas Céline). Ils s’entendent bien, semblent toujours amoureux l’un de l’autre, mais les disputes sont fréquentes et parfois violentes. Ils savent se gâcher la vie de manière réciproque. Pourtant, malgré toutes ces caractéristiques connues, ils valent le détour. Nous sommes à un moment de leur vie qu’il serait difficile de caractériser en un seul mot. Tout, dans ce film, est construit en nuances et en contrepoint pour esquisser cette journée à l’extrême fin des vacances. Le spectateur plonge ainsi au cœur de ces personnages pour tenter de cerner leurs personnalités. Lorsque l’on croit avoir compris comment l’un des membres du couple fonctionnait, ses peurs irrationnelles ou son agressivité renversent soudain notre réponse à la question « qui a raison. » Ils n’échappent cependant pas aux clichés de la Française féministe et tarée ou de l’Américain intello et grivois. Même chose pour les autres personnages, on trouve par exemple un couple de jeunes adultes persuadés que le monde sera bientôt dirigé par des ordinateurs et que l’amour n’est pas éternel. Mais le film assume cette part de banalité : après tout, il ne cherche pas à créer des personnages atypiques, surprenants par leur originalité. L’essentiel est que nous soyons hantés par leurs univers qui s’affrontent autant qu’ils s’unissent. Leurs discussions vous hantent par leur rythme et leur humour.
Before Midnight réussit en effet à être un véritable film de dialogues sans pour autant nous lasser (sauf à de très courts moments). Richard Linklater, le réalisateur, est aussi scénariste avec Julie Delpy et Ethan Hawke, les deux acteurs principaux. Ces fonctions qui se croisent permettent au film d’être véritablement énergique. Les dialogues entre les deux personnages principaux ont une matérialité qui manque peut-être aux discussions de groupe. Leurs réflexions sont celles d’intellectuelles et le spectateur est constamment sollicité pour tenter de comprendre leurs raisonnements parfois tordus. Mais leur complicité est parfaite, même pendant leurs disputes, et nous sommes du coup plongés au cœur de leur intimité. Chaque phrase trouve une résonance dans leur personnalité et inversement. Leur intimité est mise au jour par ce monde de paroles et de questionnement sans fin.
Heureusement, ce n’est pas seulement une intimité de mots et de phrases philosophiques. La mise en scène est très simple, mais Christos Voudouris sait filmer les corps et la lumière du sud de la Grèce. Rien n’est impudique ou exagérément touristique. Les plans sur les lieux que Jesse et Céline traversent pendant leur balade ne sont pas systématiquement montrés, et ce sont des endroits confidentiels qu’on est heureux de découvrir avec eux. Au milieu de ce décor chaleureux, nous apprenons à connaître nos deux personnages physiquement. Leur manière de se déplacer, leurs mimiques ou leurs gestes (de tendresse et de colère) deviennent familiers et s’accordent au flux presque continu de leurs paroles. Un couple est décortiqué sous nos yeux, volontairement, sans chercher à nous éblouir par une virtuosité factice. Il est facile de se laisser séduire.