Barfi est l’un des derniers films hindis sortis en salle et dont l'audience ne faiblit pas malgré les semaines passant. Il faut changer les représentations que l'on peut avoir quand on entend parler d'un film Bollywood. Les films de ce type ne sont pas que des histoires abracadabrantes dont l'histoire n'évolue qu'en danse et en chant. Des films tels que Barfi mais aussi Slumdog millionnaire sont bien différents.
Le film est un genre d'Amélie Poulain à l’indienne : à la sortie des salles obscures, l'envie d'apprécier la moindre des petites choses de la vie vous prend et vous embarque avec elle.
Barfi se construit autour de multiples flashbacks. Si durant les premières minutes, la trame peut sembler plus ou moins banale pour un film hindi, il ne faut pas s'y fier. On y voit un jeune sourd et muet, attachant et plein d'humour, tombé amoureux d'une belle jeune fille, Shruti, promise à un autre. La jeune fille curieuse de ce bout-en-train atypique, se laisse séduire par cet homme qui, malgré son handicap, semble être le seul à vivre sa vie pleinement. Sa vie ressemble à une aventure, à une comédie dont il s'est proclamé le héros principal. Après ces quelques semaines de flirt, la réalité reprend le dessus, et Shruti rejoint son futur époux. Les flashbacks se font plus présents. Des personnages de l'histoire viennent témoigner des changements de Barfi après ce départ, ainsi que des histoires à venir.
Une autre histoire vient s'ajouter en parallèle : l'histoire de Jhilmil, l'amie autiste de Barfi. Le spectateur découvre son histoire, le désamour de sa mère pour cette enfant pas comme les autres, mais aussi le caractère exceptionnelle de cette jeune femme très affirmée.
Le père de Barfi tombe gravement malade, il lui faut au plus vite 7000RS. Après avoir tenté de voler une banque, il décide de kidnapper Jhilmil. Les aventures de ces deux êtres atypiques nous sont racontées de manière cocasse et touchante. Les liens se nouent entre ces deux personnages pour qui la communication est loin d'être facile, et Jhilmil décide de ne pas retourner auprès des siens quand Barfi l'y remmène.
Six ans plus tard, Shruti qui habite désormais à Calcutta tombe par hasard sur Barfi son amour de jeunesse. Malheureuse dans son mariage elle se prend à rêver d'une autre vie au bras de son ancien compagnon. Mais, la présence de Jhilmil vient mettre un terme à son doux rêve. Par jalousie face à l'attachement commun entre Shruti et Barfi, Jhilmin décide de s'enfuir. Shruti, qui ne connait pas l'histoire de l'enlèvement de Jhilmil, appelle la police pour signaler sa disparition. La police vient donc au domicile de Barfi et l'arrête. Shruti, folle de désespoir face à cette situation, le suit jusqu'au commissariat. Elle décide de suivre et de sauver Barfi coûte que coûte abandonnant sa vie de femme mariée. De retour à Calcutta, Barfi est hanté par la disparition de Jhilmil et leur vie n'est pas aussi idyllique qu'elle ne l'aurait imaginé auparavant. Elle n'a pas saisi la chance qu'elle aurait pu avoir 6 ans auparavant.
Barfi, une possible définition du bonheur
La manière de filmer, de raconter et de voir ce film n'est pas commune. Une communication intense entre les personnages se crée alors même qu'un des personnages est sourd et muet, une autre autiste. Quant à celle qui ne souffre d’aucun handicap, elle subit en fait un manque de communication avec son entourage et un profond manque de vitalité.
Ce film nous fait nous poser les bonnes questions sur le bonheur et les petites choses de la vie. Si nous jouissons de la santé, qu'est ce qui devrait se mettre en travers du chemin de notre bonheur ? Notre société nous impose les normes du bonheur, de la consommation et de la communication, mais à travers le regard de ces trois personnages, nous découvrons que la simplicité des moments de la vie devrait être un cadeau que l'on accepte avec gaîté et que l'on transforme avec insouciance et magie en moments extraordinaires. Il n'en tient qu'à nous-mêmes de nous voir comme les héros de nos vies.
Notons qu'avec Barfi, c'est la première fois que l'Inde est nominée aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger.