Article reproduit avec l'autorisation de Novastan.
Instabilité de l’approvisionnement en électricité des régions pauvres et reculées
Le district de Leïlik est une des régions les plus touchées du pays par les coupures d’électricité dues au manque de production chronique durant l'hiver. En effet, le pays dépend – tout comme son voisin tadjik – à quelque 80 % d'un seul réservoir, celui de Toktogul (et celui de Nurek pour le Tadjikistan), pour produire son électricité. Ainsi lors des hivers, lorsque le flot des rivières est moindre, et si la saison a été sèche, l’au vient à manquer pour satisfaire le besoin en électricité de la population. Les compagnies de distribution reçoivent alors des quantités limitées de kilowatt/heure pour chaque district, et celui de Leïlik, situé en bout de ligne est un des plus souvent et longuement coupé.
Il en va de même pour la région du Gorno-Badakshan au Tadjikistan, région montagneuse difficile d’accès, elle n’est parfois pas du tout approvisionnée en électricité durant l’hiver. Début juillet 2016 a été achevée une autre station hydroélectrique de petite taille près du village de Bassid, grâce à l’initiative d’un jeune suisse, Roman Druks, ayant créé le fonds PamirLink pour récolter les quelques 250 000 dollars nécessaires à la construction, essentiellement grâce à des campagnes de financement participatif.
Les petites stations hydroélectriques : une solution pour éviter les grands projets générateurs de conflit ?
Ces initiatives, bien qu'anecdotiques, montre la possibilité d’améliorer considérablement l’approvisionnement en électricité des localités les plus touchées grâce à de petites stations hydrolélectriques. Peu coûteuses et rapides concernant la construction, elles ne nécessitent pas d’investissements conséquents – difficile à trouver pour des pays (très) mal classés dans l’index « Doing Business » de la Banque mondiale comme le Kirghizstan et le Tadjikistan. De plus, ces petites stations n’ont que peu d’impact sur l’environnement et surtout sur le flot des rivières sur lesquelles elles sont installées – car elles ne nécessitent pas la création de retenues d’eau conséquentes – à la différence des grands projets préconisés par les pouvoirs des deux pays depuis l’époque soviétique. C’est le problème du Kirghizstan et du Tadjikistan, qui voient leur voisin ouzbèk menacer de conflit si les grands projets de Kambarata et de Rogun – qui le priverait de l’eau nécessaire à la culture du coton – colonne vertébrale de leur économie – et menacerait une large partie de leur territoire d’inondations régulières, lors de lâchers d’eau en amont, et potentiellement pire en cas de tremblement de terre exceptionnel.
Suite à l’annonce de la construction de Rogun par la compagnie italienne Salini Impregilo d’ici 2018, le ministère des Affaires étrangères ouzbèk a envoyé une lettre de protestation à son homologue tadjik afin de réfuter la nécessité pour Douchanbé de construire un tel projet – « le plus haut du monde dans une région sismique à haut risque » – alors que « de nombreuses rivières et ressources en eau du Tadjikistan (…) peuvent assurer l’approvisionnement en électricité du pays (…) grâce à des petites et moyennes stations hydroélectriques », note le ministère ouzbèk.
Si les pouvoirs politiques du Kirghizistan et du Tadjikistan semblent encore poursuivre la politique de grands projets hydroélectriques, malgré l’absence criante de financement, un mouvement local semble émerger pour montrer la faisabilité et l’efficacité de ces petites stations hydroélectriques, que ce soit dans la région de Batken ou du Gorno-Badakshan.
Article reproduit avec l'autorisation de Novastan.