Maxima lors de son mariage avec Willem-Alexander. Crédits photo -- FRED ERNST / ANP / AFP
Ce n’est pas la première fois que des Argentins investissent la scène internationale: les emblématiques joueurs de football Diego Maradona et Lionel Messi ont longtemps été associés à ce pays sud-américain. D’autres sont toujours considérés comme des mythes dans l’imagination populaire, comme Che Guevara, dont le visage continue à être imprimé sur des tee-shirts dans le monde entier. Eva Perón est également vénérée, non pour ses opinions politiques, mais plutôt pour les chansons dédiées à sa vie dans le show « Evita » à Broadway.
Mais ces nouvelles personnalités représentent-elles vraiment l’Argentine ? En réfléchissant à cette question, nous sommes face à une constatation paradoxale : le pays a toujours semblé être au bord du gouffre, alors que certains de ses ressortissants sont reconnus dans différents domaines et ont conquis le monde.
Mais ces nouvelles personnalités représentent-elles vraiment l’Argentine ? En réfléchissant à cette question, nous sommes face à une constatation paradoxale : le pays a toujours semblé être au bord du gouffre, alors que certains de ses ressortissants sont reconnus dans différents domaines et ont conquis le monde.
Une question d'éducation
L’Argentine est un pays multiculturel qui, à cause d’un fort taux d’immigration, a lutté pour trouver son identité nationale. Si les immigrants ont d’abord été accueillis car ils « importaient » la civilisation, il semble désormais que ce soit l’Argentine qui, ironiquement, exporte ses propres ressortissants, issus de ces immigrés. De plus, son système éducatif n’est pas centré sur la spécialisation, mais sur la diversité. Les étudiants approfondissent plusieurs domaines d’études au lieu de seulement trois ou quatre, et ils sont encouragés à apprendre une seconde langue. La Reine Máxima, qui a reçu une éducation privilégiée mais plutôt commune, en est un bon exemple. Etant donné la nature de l’éducation privée en Argentine et les influences des différentes cultures qui sont en jeu, tout particulièrement à Buenos Aires, on peut considérer que les étudiants sont préparés à être des citoyens internationaux.
Tout comme la majorité des anciennes colonies espagnoles, l’Argentine a un fort besoin d’être structurée, ce qui se traduit par des systèmes et des règles juridiques complexes. En dépit des ruptures avec les convenances qu’elle préconise, comme la légalisation du mariage gay, l’Eglise catholique est un héritage de l’influence espagnole. Cependant, ces objectifs d’obéissance sont contrecarrés par les valeurs individuelles qui tendent à affaiblir ou à contrer les règles. Ainsi, dans les pays ayant un régime de lois fonctionnelles, le besoin d’ordre et de respect des valeurs serait satisfait. Ces facteurs culturels pourraient expliquer la complète intégration de la Reine Máxima et du Pape François dans deux systèmes rigides et conservateurs, respectivement la monarchie et la papauté, malgré l’historique manque d’adhésion aux normes de leur pays d’origine.
En Argentine, on observe aussi une méfiance générale envers les autorités provoquée par de constantes erreurs et déceptions dans la sphère politique. Le dernier coup fatal a eu lieu en 2001, lorsque la confiance gagnée par le président Menem grâce à sa politique économique a volé en éclat suite à l’effondrement économique du pays. Ces défaillances politiques mènent souvent à une gestion privée des affaires pour combler les failles de l’Etat dans un grand nombre de domaines sociaux, ainsi qu’à une solidarité largement généralisée. Malgré des tendances individualistes et la corruption, qui tendent à ébranler les bonnes intentions, le sens de la communauté reste très présent, comme le montre le Pape François, dévoué à la justice sociale.
En plus des erreurs du gouvernement et de la méfiance envers les autorités déjà mentionnées, on retrouve aussi la notion du chacun pour soi. Depuis le début de son existence, l’Argentine s’est illustrée dans le non-respect des normes et a prospéré selon ce mode d’action, ce qui a provoqué une profonde déchirure entre le « pays réel » et le « pays légal ». Cette incapacité à faire confiance à la loi a mené à un pays très individualiste, dans lequel tout est négociable et la persévérance est devenue la clé pour obtenir gain de cause. De plus, l’Argentine est un pays dans lequel la compétition entre les individus compte beaucoup, de même que l’accomplissement personnel. Tout naturellement, le consensus et le patriotisme sont deux valeurs difficiles à atteindre à cause de ces attitudes. Cela explique toutefois l’excellence des Argentins à l’étranger ainsi que l’émergence d’individus plutôt que de communautés.
Malgré ces traits culturels, que l’on observe chez la Reine Máxima et le Pape François, il y a une différence de taille entre leur émergence sur la scène internationale et celle de leur pays d’origine: ils sont populaires. Le fait que tant d’Argentins soient talentueux et s’élèvent dans les hautes sphères, qui plus est dans de nombreux domaines, n’est pas compatible avec la position internationale de l’Argentine, ce qui n’est pas qu’avantageux. Alors que l’Amérique latine lutte pour gagner en crédibilité et en influence à l’échelle mondiale, par le biais de moyens comme la participation à des opérations de paix avec les Nations Unies, ces informations pourraient encourager, non seulement à donner enfin de l’importance à l’Argentine sur l’échiquier mondial, mais aussi à prendre en compte le développement de la région.
En opposition à la position de leur pays, les Argentins deviennent des modèles et des objets de fantasme dans la sphère internationale. Etant donné le talent des Argentins, la question que l’on pourrait se poser est pourquoi l’Argentine n’arrive pas à généraliser ces qualités au sein du pays, afin de se développer globalement et de s’investir au niveau international.
Tout comme la majorité des anciennes colonies espagnoles, l’Argentine a un fort besoin d’être structurée, ce qui se traduit par des systèmes et des règles juridiques complexes. En dépit des ruptures avec les convenances qu’elle préconise, comme la légalisation du mariage gay, l’Eglise catholique est un héritage de l’influence espagnole. Cependant, ces objectifs d’obéissance sont contrecarrés par les valeurs individuelles qui tendent à affaiblir ou à contrer les règles. Ainsi, dans les pays ayant un régime de lois fonctionnelles, le besoin d’ordre et de respect des valeurs serait satisfait. Ces facteurs culturels pourraient expliquer la complète intégration de la Reine Máxima et du Pape François dans deux systèmes rigides et conservateurs, respectivement la monarchie et la papauté, malgré l’historique manque d’adhésion aux normes de leur pays d’origine.
En Argentine, on observe aussi une méfiance générale envers les autorités provoquée par de constantes erreurs et déceptions dans la sphère politique. Le dernier coup fatal a eu lieu en 2001, lorsque la confiance gagnée par le président Menem grâce à sa politique économique a volé en éclat suite à l’effondrement économique du pays. Ces défaillances politiques mènent souvent à une gestion privée des affaires pour combler les failles de l’Etat dans un grand nombre de domaines sociaux, ainsi qu’à une solidarité largement généralisée. Malgré des tendances individualistes et la corruption, qui tendent à ébranler les bonnes intentions, le sens de la communauté reste très présent, comme le montre le Pape François, dévoué à la justice sociale.
En plus des erreurs du gouvernement et de la méfiance envers les autorités déjà mentionnées, on retrouve aussi la notion du chacun pour soi. Depuis le début de son existence, l’Argentine s’est illustrée dans le non-respect des normes et a prospéré selon ce mode d’action, ce qui a provoqué une profonde déchirure entre le « pays réel » et le « pays légal ». Cette incapacité à faire confiance à la loi a mené à un pays très individualiste, dans lequel tout est négociable et la persévérance est devenue la clé pour obtenir gain de cause. De plus, l’Argentine est un pays dans lequel la compétition entre les individus compte beaucoup, de même que l’accomplissement personnel. Tout naturellement, le consensus et le patriotisme sont deux valeurs difficiles à atteindre à cause de ces attitudes. Cela explique toutefois l’excellence des Argentins à l’étranger ainsi que l’émergence d’individus plutôt que de communautés.
Malgré ces traits culturels, que l’on observe chez la Reine Máxima et le Pape François, il y a une différence de taille entre leur émergence sur la scène internationale et celle de leur pays d’origine: ils sont populaires. Le fait que tant d’Argentins soient talentueux et s’élèvent dans les hautes sphères, qui plus est dans de nombreux domaines, n’est pas compatible avec la position internationale de l’Argentine, ce qui n’est pas qu’avantageux. Alors que l’Amérique latine lutte pour gagner en crédibilité et en influence à l’échelle mondiale, par le biais de moyens comme la participation à des opérations de paix avec les Nations Unies, ces informations pourraient encourager, non seulement à donner enfin de l’importance à l’Argentine sur l’échiquier mondial, mais aussi à prendre en compte le développement de la région.
En opposition à la position de leur pays, les Argentins deviennent des modèles et des objets de fantasme dans la sphère internationale. Etant donné le talent des Argentins, la question que l’on pourrait se poser est pourquoi l’Argentine n’arrive pas à généraliser ces qualités au sein du pays, afin de se développer globalement et de s’investir au niveau international.
Traduit par Oriane Commarmond.