Ils seront moins de 50% à voter le 22 janvier pour les élections législatives, estime l'étude menée par Asad Ghanem. C'est ce qui ressort de sa conférence à l'université de Haifa, sur l'abstention des Arabes d'Israël. Certains manquent de confiance dans le gouvernement, d’autres ne se sentent pas représentés au sein des partis ; les raisons sont multiples.
Ce n'est pas les premières élections législatives que les Arabes d'Israël boycotteront. En 2001 seulement 18% d'entre eux se sont présentés aux urnes contre 53% en 2009. Aujourd'hui seulement 17 sièges du Parlement sont réservés aux Arabes d'Israël alors que 120 autres sont occupés par des Juifs israéliens. Ces députés arabes représenteront un cinquième de la population israélienne totale, composée de 1,4 million d'Arabes israéliens.
L'étude menée par Asad Ghanem révèle aussi que sur 455 Arabes d'Israël interrogés seulement 8% se disent concernés par le conflit israélo-palestinien. Pour les Arabes qui se présenteront aux urnes, la majorité penchera vers les partis arabes.
« Moi, Arabe d'Israël, je voterai ce 22 janvier »
Hoda Aridi, étudiante en sciences politiques à l'université de Ramat Gan, fait partie des 20% d'Arabes en Israël. A quelques heures des élections législatives, elle est appelée à voter pour la première fois. "Le Journal international" est allé à sa rencontre.
Pouvez-vous vous présenter pour les lecteurs du "Journal international" ?
Je viens d'un village israélien appelé Kafr Qaa. J'ai 18 ans et j'ai quitté mon village pour habiter avec des amies à Tel Aviv pour mes études. Mon identité peut se décliner en plusieurs noms : certains se disent Arabes d'Israël, d'autres Palestiniens d'Israël, Arabes israéliens, etc. Je suis une femme palestinienne, musulmane et d'Israël.
A quoi ressemble la vie quotidienne d'une Arabe à Tel Aviv ?
Tel Aviv est une grande ville avec différents types de personnes. Je ne ressens pas de différences avec les Juifs dans le quartier où je vis, à Ramat Gan. J'ai de la chance ! Car en fonction du quartier, les discriminations peuvent plus ou moins se sentir. Avant, j'ai vécu à Umm al-Fahm, là c'était plus compliqué. Les gens n'aimaient pas les Juifs, ils refusaient qu'on leur parle en hébreu. Dans mon village natal, nous sommes tous Arabes je ne me suis jamais posée la question d'identité. Quand j'ai compris que notre situation en tant qu'Arabes d'Israël était particulière, je me suis penchée sur la question.
Comment définiriez-vous les Arabes d'Israël ?
C'est difficile parce que nous ne sommes pas comme les Arabes de Palestine, nous sommes moins conservateurs, plus modernes, les filles vont à l'université par exemple. D'un autre coté, nous n'avons pas une liberté illimitée comme les Juifs. Nous ne mangeons pas pareil, ne buvons pas d'alcool et portons des habits différents. Nous ne sommes ni des Arabes de Palestine, ni des Juifs d'Israël mais des Arabes d'Israël.
Dans quelques jours, Israël va connaître des élections législatives, allez-vous voter ?
Oui, j’irai voter. Je vote pour le parti appelé Mertz, un parti politique de gauche qui regroupe des Arabes et des Israéliens dans un même groupe. Mais plusieurs Arabes ne comptent pas voter. Les raisons sont nombreuses. Certains ne reconnaissent pas Israël, la Knesset et son administration. Pour beaucoup, Israël n'existe pas. D'autres ne sont simplement pas intéressés par la politique. Mais il y a aussi une autre partie des Arabes qui, elle, va voter. Ça ne veut pas dire pour autant qu'ils croient en Israël, mais ils souhaitent donner une voix aux Arabes de la Knesset, une chance de se battre pour nous.
Vous faites des études de sciences politiques, quels sont vos projets d'avenir?
Je me suis petit à petit construit un réseau de contacts dans la politique, des diplomates et des journalistes. Sans cela, je ne pourrais pas aller loin. Mon but est d'entrer dans la politique, pour promouvoir deux Etats. Israël et la Palestine sont deux peuples différents, il leur faut deux Etats distincts. Finalement, j'ai renoncé à mon projet de quitter le pays. Je suis bien ici, c'est ma terre et il y a beaucoup à faire. Pourquoi la quitterai-je ?