La population allemande originaire de Turquie représente un tiers de la présence étrangère en Allemagne. Elle répondait dans les Trente Glorieuses à une pénurie de main d’œuvre. Initialement qualifiés de Gastarbeiter (travailleurs hébergés), les immigrés turcs ont par la suite bénéficié d’une politique d’intégration soutenue par des échanges renforcés entre les deux pays. Le gouvernement allemand a ainsi ouvert dès 1961 un bureau de liaison en Turquie et a œuvré en faveur d’une coopération avec l’agence turque pour l’emploi.
Ces relations économiques ne datent pas d’hier et ont été introduites dès l’indépendance de la Turquie par des relations politiques. Une alliance a ainsi été signée à la veille de la Première Guerre mondiale entre les deux pays, et est à l’origine de la dislocation de l’Empire Ottoman. Quelques années plus tard, un certain Adolf Hitler exprimait une admiration sans faille pour Atatürk, premier Président de la République turque. En déchirant le traité de Versailles, il se serait même exclamé, évoquant le traité de Sèvres : « Ce qu’Atatürk a fait il y a dix ans, nous ne sommes en mesure de le faire que maintenant. »
L’Allemagne est aujourd’hui le principal partenaire économique de la Turquie. La chambre de commerce germano-turque dénombre environ 5000 entreprises allemandes sur les 30 000 entreprises étrangères que compte la République turque. Cela expliquerait un phénomène surprenant : le retour de germano-turcs de la troisième génération en Turquie. Deux tiers d’entre eux, pour la plupart bilingues, souhaitent bénéficier d’une croissance soutenue (5,4% par an sur la dernière décennie) favorable au marché de l’emploi. Mais quel accueil sera fait à ces « Turcs de l’étranger » ,qui représenteront une sérieuse concurrence pour leurs compatriotes sur le marché du travail ?