Abbey Road, l'ultime album

29 Décembre 2012



"Le Journal international" revient sur la carrière des Beatles, en particulier sur la dernière collaboration du groupe. A découvrir pour les plus jeunes, à redécouvrir pour les fans.


Abbey Road, l'ultime album

Pour beaucoup, les Beatles se résument aux années yéyé, quatre garçons en costume cravate qui saluent poliment la salle après chaque interprétation, ce qui a le don d'agacer bon nombre de mauvais garçons du rock. Cependant, il ne faut pas oublier que c'est leur manager Brian Esptein qui a fait abandonner à ces jeunes rockeurs de Liverpool leurs blousons en cuir pour être plus présentables, et a ainsi pu faire entrer ce renouveau musical sur le devant de la scène et permettre ensuite à d'autres groupes de se faire un nom, sans avoir, eux, à se plier à un protocole vestimentaire.


Let it be, message d'adieu ? Pas du tout

Le dernier album des Beatles à être sorti est Let it be. Il n'y a qu'un pas pour imaginer que c'est un message subliminal indiquant la fin du groupe, ainsi soit-il... Eh bien c'est raté, puisque Let it be, même s'il a été enregistré dans une période particulièrement tendu entre nos quatre garçons dans le vent, n'est pas le dernier produit du phénomène Beatles. Mais on peut dire qu'il a contribué à sceller le sort du groupe. 


En effet, en 1969, John Lennon avait claqué la porte. Il semblait bien que l'histoire allait prendre fin. Les Fab Four voguaient déjà chacun vers leurs propres cieux. Mais un matin de 1970, le futur Sir Paul McCartney a la désagréable surprise de découvrir que de vieilles bandes enregistrées et laissées au placard avaient été reprises et retravaillées par un dénommé Phil Spector, qui semblait avoir la confiance des trois autres, sans qu'il eut été mis au courant. Les arrangements musicaux n’étant pas du tout du goût du papa d'Eleanor Rigby, ce dernier déclara officiellement la fin des Beatles en sortant son propre album. 


Ce qui n'arrangea pas les choses avec ses ex-collègues ! John Lennon grommela alors que c'était lui qui avait quitté les Beatles. Le jeune Paul venant de rencontrer sa future femme, Linda Eastman, issue d'une famille d'avocat américain, une bataille juridique s'engagea entre les différents membres du groupe pour ne prendre fin qu'en 1975 avec la dissolution de l'entité Beatles. Heureusement, Sir McCartney a pris sa revanche avec la sortie trois décennies plus tard d'un album rebaptisé Let it be...nacked, débarrassé des arrangements de l'ami Spector. 


Mais, avant ces événements, les Beatles s'étaient retrouvés une dernière fois en studio, à Abbey Road, pour enregistrer leurs dernières collaborations et faire l'excellent Abbey Road (Paul, Georges et Ringo se sont retrouvés début 1970 pour finaliser la chanson d'Harrisson, I me mine, sans John, mais on ne va pas chipoter !).


Abbey Road, le meilleur pour la fin ?

Après les expériences musicales du White Album et de Sergent Pepper, Abbey Road marque un retour aux sources, souhaité notamment par John Lennon. Et ça donne du très bon son ! Les interprétations magistrales de Lennon s’allient au talent de guitariste de Georges Harrison (Come together, I want you...) et au talent mélodique de Paul McCartney (Maxwell's Silver Hammer). Même si l'enregistrement de ce titre a été assez long au point d'agacer fortement Harrison, le plus jeune membre du groupe. 


On remarque aussi dans l'album la présence très prononcée de la basse dans certaines chansons, encore Paul ! McCartney pénible ? Peut-être, mais quand on a rêvé Yesterday, on peut se laisser aller à certains caprices ! On a également une belle chansonnette de Ringo (Octopus's garden). Et dans les délices offerts par Abbey Road, il ne faut pas oublier les magnifiques œuvres de Georges, Here comes the sun et surtout Something, l'une des plus belles balades romantiques du monde de la pop-rock. 


Tout ceci se finit en beauté avec une succession de petits morceaux de John et Paul, de Because à The End où les quatre se livrent chacun à un solo de guitare et de batteries pour Ringo (qui d'ailleurs déteste ça paraît-il) avec un petit clin d'œil, Her Majesty, complètement dans l'esprit Beatles. 


Si vous ne connaissez pas trop les Beatles ou si leur aspect de garçons sages vous a souvent rebuté, écoutez donc cet album et vous ne serez pas déçus !


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Souleïmane Urtis
Journaliste pour Le Journal International. En savoir plus sur cet auteur