26,061 millions de chômeurs, triste record européen

11 Janvier 2013



Une crise qui s’éternise depuis plus de cinq ans, et une année de rigueur et de mesure d’austérité à travers l’Europe sont à l’origine d'un taux de chômage record. Depuis 20 ans, jamais le nombre de chômeurs enregistrés n'a été aussi important, selon un rapport de la Commission européenne publié le 8 janvier, qui révèle des disparités et des inégalités grandissantes entre les pays du Nord et du Sud de l’Europe.


26,061 millions de chômeurs, triste record européen
Les chiffres donnent presque le vertige, le taux chômage dans la zone euro ayant atteint un niveau sans précédent de 11,8% de la population active en novembre 2012, rapporte mardi L'office européen de statistiques Eurostat. Cela représente plus de 26 061 millions d’hommes et de femmes en situation de chômage en novembre 2012.

Sur le plan économique, l’année 2012 sera à marquer d’une pierre noire, de l’avis même de Laszlo Andor, le commissaire européen à l'Emploi, aux Affaires sociales et à l'Inclusion, qui reconnaît que « 2012 a été une nouvelle année mauvaise pour l'Europe, après cinq années de crise économique, la récession est de retour, le chômage a atteint des niveaux qu'il n'avait plus connus depuis près de vingt ans, le revenu des ménages est en baisse et le risque de pauvreté ou d'exclusion augmente ». Il poursuit en rajoutant que « la plupart des systèmes de sécurité sociale ont perdu une grande partie de leur capacité à protéger les revenus des ménages contre les effets de la crise ». À ce sombre tableau, Laszlo Andor juge « improbable que l’Europe connaisse beaucoup d’améliorations sur le plan socio-économique en 2013 », tuant ainsi toute lueur d’optimisme…

Pire encore, « il semble hautement probable que le taux de chômage dépasse visiblement les 12% au cours de 2013 » dans la zone euro, estime Howard Archer, économiste d’IHS Global insight dans Le Devoir. Il faut dire qu'en comparaison avec novembre 2011, le nombre de demandeurs d’emploi européens compte 2,012 millions de personnes en plus.

Ironie de l’histoire, les pays les plus accablés par cette hausse massive du chômage sont les pays du sud de l’Europe, anciennement plébiscités pour leur politique de rattrapage économique au début des années 2000 avant le choc de 2008. On pense notamment à la Grèce et à l’Espagne, avec des taux de demandeurs d’emploi de 26% et 26,6%. Ces taux très élevés contrastent avec ceux observés en Autriche (4,5%), au Luxembourg (5,1%), en Allemagne (5,4%) et aux Pays-Bas (5,6%), marquant la fracture économique et sociale entre les Etats européens.

Comme souvent sur les questions des inégalités et de la précarité, les jeunes Européens de moins de 25 ans paient un lourd tribut : 23,7% d'entre eux étaient au chômage en novembre 2012 (5,799 millions de jeunes) contre 22,2% en novembre 2011 (+1,5%). Avec des pics à 57,6% en Grèce et 56,5% en Espagne.

Par ailleurs, en novembre 2012, le taux de chômage était de 7,8% aux États-Unis et de 4,1% au Japon, soit des chiffres bien inférieurs au taux de 11,8% de l’UE, ce qui implique que cette dernière se retrouve confrontée à un énorme défi quant à la gestion de cette crise qui a de lourdes et immédiates conséquences sur sa population. Le rapport de la Commission européenne montre notamment que les revenus disponibles des ménages ont baissé entre 2007 et 2011 de 17% en Grèce, 8% en Espagne, 7% à Chypre ou encore 5% en Estonie et en Irlande. Assurément, l’année 2013 pour l’UE s’annonce éprouvante…


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