Crédits photo -- FranceKoul.com
Dans un coin de la salle de répétition du théâtre, assise sur un tapis de sol, Zarema se confie sur son métier de ballerine, ses rôles, ses héroïnes, et sa passion tardive pour le ballet. Chacune de ses paroles est pesée et reflète fidèlement sa pensée. Transparaît alors une grâce féline dans un corps de chat, la même lumière dans les yeux.
FranceKoul : D'ordinaire, vous évitez les médias, pourquoi ?
Zarema Khairullina : En fait, je ne suis pas une personne publique... J'ai déjà reçu des offres pour participer à des tournages et répondre à des interviews, mais en général, je refuse. J'ai accepté l'interview avec vous parce que je sais qu'elle ne sera pas publiée dans les médias locaux.
FK : Nous vous sommes reconnaissant de nous offrir cette exclusivité. Pouvez-vous nous raconter votre entrée dans le monde du ballet ?
ZK : Par hasard. J'ai commencé à étudier le ballet trop tard, à 12 ans. Avant, je pratiquais la gymnastique artistique. Une blessure au dos m'a obligée à quitter ce sport au niveau professionnel. Alors, sur l'insistance de ma grand-mère, j'ai commencé à étudier le ballet.
FK : Lesquels de vos professeurs et enseignants avaient le plus d'impact sur votre développement artistique ?
ZK : C'était ma mère, Zhanataeva Natalia Nikolaevna. C'est elle qui m'a le plus influencée en tant qu'artiste. Le ballet était partout, sur le chemin de l'école, au dîner à la maison, dans les discussions et les disputes. N'importe où et n'importe quand. Elle m'a transmise toute son expérience et ses connaissances. Ma mère est aussi et surtout une critique très sévère.
FK : À une certaine période, vous avez souhaité quitter le ballet et vous avez commencé à étudier le droit ?
ZK : Oui, un jour j'ai perdu le désir, et j'ai quitté le ballet. J'ai manqué toute une année. Après ça, je suis retournée au ballet pour la vie. J'aimerais apprendre le métier de paysagiste... peut-être plus tard.
FK : Depuis combien de temps dansez-vous au théâtre de l'Opéra de Bichkek ?
ZK : C'est la neuvième saison. Ces sept dernières années, la troupe a répété sous la direction d’Akan Alymbekovich Nurtazin.
FK : Vous avez un rôle préféré ?
ZK : J'aime toutes les héroïnes que j'ai interprétées. Je pense au rôle divin de Macha dans Casse-Noisette, Gamzatti dans La Bayadère, et Égine dans Sparta.
FK : Égine, la méchante insidieuse et séductrice ?
ZK : Égine est une femme très forte, prête à tout par amour, même à trahir, mais uniquement pour le grand amour.
FK : Et vous, seriez-vous capable de trahir par amour ?
ZK : C’est une question difficile. Probablement, oui.
Zarema Khairullina : En fait, je ne suis pas une personne publique... J'ai déjà reçu des offres pour participer à des tournages et répondre à des interviews, mais en général, je refuse. J'ai accepté l'interview avec vous parce que je sais qu'elle ne sera pas publiée dans les médias locaux.
FK : Nous vous sommes reconnaissant de nous offrir cette exclusivité. Pouvez-vous nous raconter votre entrée dans le monde du ballet ?
ZK : Par hasard. J'ai commencé à étudier le ballet trop tard, à 12 ans. Avant, je pratiquais la gymnastique artistique. Une blessure au dos m'a obligée à quitter ce sport au niveau professionnel. Alors, sur l'insistance de ma grand-mère, j'ai commencé à étudier le ballet.
FK : Lesquels de vos professeurs et enseignants avaient le plus d'impact sur votre développement artistique ?
ZK : C'était ma mère, Zhanataeva Natalia Nikolaevna. C'est elle qui m'a le plus influencée en tant qu'artiste. Le ballet était partout, sur le chemin de l'école, au dîner à la maison, dans les discussions et les disputes. N'importe où et n'importe quand. Elle m'a transmise toute son expérience et ses connaissances. Ma mère est aussi et surtout une critique très sévère.
FK : À une certaine période, vous avez souhaité quitter le ballet et vous avez commencé à étudier le droit ?
ZK : Oui, un jour j'ai perdu le désir, et j'ai quitté le ballet. J'ai manqué toute une année. Après ça, je suis retournée au ballet pour la vie. J'aimerais apprendre le métier de paysagiste... peut-être plus tard.
FK : Depuis combien de temps dansez-vous au théâtre de l'Opéra de Bichkek ?
ZK : C'est la neuvième saison. Ces sept dernières années, la troupe a répété sous la direction d’Akan Alymbekovich Nurtazin.
FK : Vous avez un rôle préféré ?
ZK : J'aime toutes les héroïnes que j'ai interprétées. Je pense au rôle divin de Macha dans Casse-Noisette, Gamzatti dans La Bayadère, et Égine dans Sparta.
FK : Égine, la méchante insidieuse et séductrice ?
ZK : Égine est une femme très forte, prête à tout par amour, même à trahir, mais uniquement pour le grand amour.
FK : Et vous, seriez-vous capable de trahir par amour ?
ZK : C’est une question difficile. Probablement, oui.
FK : Est-ce que l'expérience acquise dans la vraie vie vous aide dans la préparation de vos rôles ?
ZK : Vous savez, tout ce qui se passe sur scène ne se reflète pas dans ma vie. Je veux dire que je distingue clairement la scène et la vie. Le théâtre est mon travail, mon occupation favorite. Mais la vie, c'est la vie. C'est différent, et je n'exploite pas non plus sur scène mon propre vécu.
FK : Ainsi, sur scène et hors de la scène, vous êtes deux personnes totalement différentes ?
ZK : Oui. Je suis une personne tout à fait ordinaire qui sort les poubelles, fait le ménage, prépare le dîner. Je suis un être humain banal. Sur la scène, c'est une nature éphémère.
FK : Dans l'imaginaire collective, les ballerines rivalisent entre elles, prêtes à tout pour un rôle. Est-ce vraiment un mythe ?
ZK : C'est un mythe, avec un fond de vérité. Mais, grâce à Dieu, dans le cadre de mon travail au théâtre, je n'ai jamais eu de différends ou de scandales. Bien sûr, parfois vous faites l'objet de jalousie professionnelle. Vous ne savez pas toujours ce que les autres pensent de vous. Il y a eu quelques moments désagréables. Mais ma meilleure amie est aussi ballerine de notre théâtre. Elle me soutient. Je sais qu'elle croit en moi, et moi, je crois en elle.
FK : Que ressentez-vous quand vous arrivez sur scène ?
ZK : De l'excitation, mais une excitation positive. Ce n'est ni de la panique, ni de la peur. Parfois dans les coulisses, tu entends : « Les filles, la salle est pleine ! ». Et là, tu bouillonnes. Mais dès le premier pas sur scène, tu atteints une sorte de plénitude... La scène apaise.
FK : Que pouvez-vous dire sur le rôle d'Odette-Odile dans Le Lac des cygnes dans lequel vous avez brillé si longtemps ? Ce rôle principal est le rêve de toutes les ballerines du monde, non ?
ZK : Ce n'était pas facile avec Odette tant au niveau technique qu'émotionnel. La fragilité de l'héroïne était très difficile à transmettre.
FK : Et vous, quelles sont vos faiblesses ?
ZK : Vous savez, ici, sans un caractère fort et sans résilience, c'est impossible. Le ballet ne tolère pas les faibles. Une personne faible ne peut pas résister. Tout peut arriver pendant les répétitions, crises, larmes... Tu t'irrites, tu claques la porte, tu disparais, et dix minutes après, tu te calmes et tu reviens dans la salle de répétition pour travailler.
FK : Qui est votre professeur sous la direction duquel vous répétez ?
ZK : C'est Rosa Abdullaevna Tairova, une artiste émérite de la Republique kirghize.
FK : Vous êtes sans doute sa favorite ?
ZK : Non, je ne suis pas sa favorite. Nous nous respectons mutuellement et quand elle me félicite de mon travail, je suis heureuse. Mais c'est une femme de caractère et exigeante. Si vous n'êtes pas prêt à travailler dur pendant les répétitions et à vous donner à cent pour cent, il vaut mieux le dire immédiatement !
FK : Tout paraît clair...
ZK : Oui, ici la discipline, c'est comme dans l'armée.
ZK : Vous savez, tout ce qui se passe sur scène ne se reflète pas dans ma vie. Je veux dire que je distingue clairement la scène et la vie. Le théâtre est mon travail, mon occupation favorite. Mais la vie, c'est la vie. C'est différent, et je n'exploite pas non plus sur scène mon propre vécu.
FK : Ainsi, sur scène et hors de la scène, vous êtes deux personnes totalement différentes ?
ZK : Oui. Je suis une personne tout à fait ordinaire qui sort les poubelles, fait le ménage, prépare le dîner. Je suis un être humain banal. Sur la scène, c'est une nature éphémère.
FK : Dans l'imaginaire collective, les ballerines rivalisent entre elles, prêtes à tout pour un rôle. Est-ce vraiment un mythe ?
ZK : C'est un mythe, avec un fond de vérité. Mais, grâce à Dieu, dans le cadre de mon travail au théâtre, je n'ai jamais eu de différends ou de scandales. Bien sûr, parfois vous faites l'objet de jalousie professionnelle. Vous ne savez pas toujours ce que les autres pensent de vous. Il y a eu quelques moments désagréables. Mais ma meilleure amie est aussi ballerine de notre théâtre. Elle me soutient. Je sais qu'elle croit en moi, et moi, je crois en elle.
FK : Que ressentez-vous quand vous arrivez sur scène ?
ZK : De l'excitation, mais une excitation positive. Ce n'est ni de la panique, ni de la peur. Parfois dans les coulisses, tu entends : « Les filles, la salle est pleine ! ». Et là, tu bouillonnes. Mais dès le premier pas sur scène, tu atteints une sorte de plénitude... La scène apaise.
FK : Que pouvez-vous dire sur le rôle d'Odette-Odile dans Le Lac des cygnes dans lequel vous avez brillé si longtemps ? Ce rôle principal est le rêve de toutes les ballerines du monde, non ?
ZK : Ce n'était pas facile avec Odette tant au niveau technique qu'émotionnel. La fragilité de l'héroïne était très difficile à transmettre.
FK : Et vous, quelles sont vos faiblesses ?
ZK : Vous savez, ici, sans un caractère fort et sans résilience, c'est impossible. Le ballet ne tolère pas les faibles. Une personne faible ne peut pas résister. Tout peut arriver pendant les répétitions, crises, larmes... Tu t'irrites, tu claques la porte, tu disparais, et dix minutes après, tu te calmes et tu reviens dans la salle de répétition pour travailler.
FK : Qui est votre professeur sous la direction duquel vous répétez ?
ZK : C'est Rosa Abdullaevna Tairova, une artiste émérite de la Republique kirghize.
FK : Vous êtes sans doute sa favorite ?
ZK : Non, je ne suis pas sa favorite. Nous nous respectons mutuellement et quand elle me félicite de mon travail, je suis heureuse. Mais c'est une femme de caractère et exigeante. Si vous n'êtes pas prêt à travailler dur pendant les répétitions et à vous donner à cent pour cent, il vaut mieux le dire immédiatement !
FK : Tout paraît clair...
ZK : Oui, ici la discipline, c'est comme dans l'armée.
Zarema Khairullina et son partenaire de scène, Marat Sydykov, dans Casse-noisette. | Crédits photo -- operaballet.lg.kg
FK : Zarema, de quels rôles rêvez-vous ?
ZK : Aussi étrange que cela puisse paraître, je suis peut-être la seule ballerine qui ne rêve pas d'un rôle. Le rôle de Kitri me plaît bien (les yeux de Zarema s'illuminent), ce rôle est espiègle, très romantique, et dynamique. J'ai eu l'occasion de le répéter avec mon partenaire. La date du spectacle était fixée, puis je me suis blessée et Don Quichotte a dû être remplacé par un autre spectacle. Mentalement, j'ai mis longtemps à m'en remettre.
FK : Et que diriez-vous de Carmen, une gitane femme fatale ?
ZK : Si on me donne le rôle de Carmen, je le danserai bien sûr. C'est intéressant. Mais pour moi, Carmen est une nature étrange, trop folle. Je n’aurais pas respecté cette femme si je l'avais rencontrée dans la vraie vie.
FK : Et l'amour, vous l’attendez toujours ?
ZK : Il est déjà venu. (Zarema montre modestement sa main, une alliance à l'annuaire).
FK : Félicitations. Votre mari a dû succomber après vous avoir vu sur scène ?
ZK : Non, nous nous connaissons depuis longtemps, depuis plus de dix ans. Mon mari n'est pas du monde du ballet.
FK : Je suppose qu’il vous admire...
ZK : Oui, mais c'est un admirateur critique. (À ce moment, un jeune homme passe la tête dans l'entrebâillement de la porte. Zarema, en le regardant, sourit amicalement). C’est mon partenaire, Marat Sidikov. Nous avons formé un duo ensemble. Très difficile, deux tempéraments...
FK : C’était si difficile ?
ZK : Les disputes. Beaucoup de disputes. Mais c’est pour le travail. Nous sommes passés par beaucoup de moments, et à travers une énorme charge de travail. Nous sommes habitués maintenant et nous nous traitons avec respect et patience. Nous sommes devenus amis. Parfois, quand tu es déjà bien fatiguée et que c’est dur pour toi, à ce moment là, tu entends la voix de la Marat : « Allez, encore un peu, accroche toi ! ». C’est très bénéfique.
FK : Zarema, quels sont vos projets artistiques ?
ZK :C’est le travail, le travail, le travail.
FK : Vous envisagez de partir à l'étranger comme beaucoup de jeunes artistes de notre pays qui partent à la recherche d’une vie meilleure ?
ZK : Non, je ne vais pas partir. Non pas parce que je suis une grande patriote et que je refuse de signer des contrats à l'étranger, mais notre théâtre m'a beaucoup donné. J'ai une dette à rembourser. Je reste aussi parce que ma famille et mon mari sont ici.
Merci à Anna Kim pour la traduction de cet article
ZK : Aussi étrange que cela puisse paraître, je suis peut-être la seule ballerine qui ne rêve pas d'un rôle. Le rôle de Kitri me plaît bien (les yeux de Zarema s'illuminent), ce rôle est espiègle, très romantique, et dynamique. J'ai eu l'occasion de le répéter avec mon partenaire. La date du spectacle était fixée, puis je me suis blessée et Don Quichotte a dû être remplacé par un autre spectacle. Mentalement, j'ai mis longtemps à m'en remettre.
FK : Et que diriez-vous de Carmen, une gitane femme fatale ?
ZK : Si on me donne le rôle de Carmen, je le danserai bien sûr. C'est intéressant. Mais pour moi, Carmen est une nature étrange, trop folle. Je n’aurais pas respecté cette femme si je l'avais rencontrée dans la vraie vie.
FK : Et l'amour, vous l’attendez toujours ?
ZK : Il est déjà venu. (Zarema montre modestement sa main, une alliance à l'annuaire).
FK : Félicitations. Votre mari a dû succomber après vous avoir vu sur scène ?
ZK : Non, nous nous connaissons depuis longtemps, depuis plus de dix ans. Mon mari n'est pas du monde du ballet.
FK : Je suppose qu’il vous admire...
ZK : Oui, mais c'est un admirateur critique. (À ce moment, un jeune homme passe la tête dans l'entrebâillement de la porte. Zarema, en le regardant, sourit amicalement). C’est mon partenaire, Marat Sidikov. Nous avons formé un duo ensemble. Très difficile, deux tempéraments...
FK : C’était si difficile ?
ZK : Les disputes. Beaucoup de disputes. Mais c’est pour le travail. Nous sommes passés par beaucoup de moments, et à travers une énorme charge de travail. Nous sommes habitués maintenant et nous nous traitons avec respect et patience. Nous sommes devenus amis. Parfois, quand tu es déjà bien fatiguée et que c’est dur pour toi, à ce moment là, tu entends la voix de la Marat : « Allez, encore un peu, accroche toi ! ». C’est très bénéfique.
FK : Zarema, quels sont vos projets artistiques ?
ZK :C’est le travail, le travail, le travail.
FK : Vous envisagez de partir à l'étranger comme beaucoup de jeunes artistes de notre pays qui partent à la recherche d’une vie meilleure ?
ZK : Non, je ne vais pas partir. Non pas parce que je suis une grande patriote et que je refuse de signer des contrats à l'étranger, mais notre théâtre m'a beaucoup donné. J'ai une dette à rembourser. Je reste aussi parce que ma famille et mon mari sont ici.
Merci à Anna Kim pour la traduction de cet article