World War Z, un manque de mordant flagrant

Grégory Chariot
3 Juillet 2013


Sorti le 3 juillet dans les salles de cinéma, World War Z, réalisé par Marc Forster est comme on pouvait l'attendre une déception. Emmené par un Brad Pitt en petite forme, le film se heurte à de nombreuses incohérences et un scénario qui est loin d'être à la hauteur.


Ancien membre de l'ONU, Gerry Lane (Brad Pitt) a changé de vie en devenant père au foyer à Philadelphie. Bloqués avec sa femme et ses deux filles dans un embouteillage, ils vont être les témoins d'un étrange phénomène : les gens s’en prennent violemment les uns aux autres et un virus mortel semble se propager. Face à cette pandémie, l'ONU le charge de partir enquêter à travers le monde, à la recherche d'un possible remède.

Adapté du roman de Max Brooks, de nombreux fans craignaient une adaptation au cinéma. Et au vu du film, on peut dire que leurs craintes étaient justifiées. Un désastre. C'est le premier mot qui vient à l'esprit pour décrire le film de Marc Forster (Neverland, Quantum of Solace,...). Avant même sa sortie sur grand écran, le développement et le tournage de World War Z furent chaotiques. Le scénario a été réécrit à trois reprises et peaufiné en plein tournage, ce qui entraîna deux mois de tournage supplémentaires. Résultat : un budget explosé et une sortie repoussée de 6 mois. Ajoutez à cela des conflits entre la vedette du film Brad Pitt et le réalisateur Marc Forster et vous avez un blockbuster qui part sur de mauvaises bases. Et c'est peu dire.

Dans un genre vu et revu, World War Z se devait de trouver un angle novateur pour éviter de tomber dans le cliché basique du film de zombies. Contrairement aux classiques de George Romero (La nuit des morts-vivants ou encore Zombies) où les morts-vivants sont lents et maladroits, ici les revenants sont du genre rapide et sautent sur leur proie à la moindre occasion. Leur unique objectif : tuer et propager le virus. Avec un Brad Pitt en mode voyageur à la recherche du patient 0, tous les ingrédients étaient réunis pour faire un bon long-métrage. Hélas, le scénario et la vision de Marc Forster ne vont pas aider au déroulement de l'intrigue. Bien au contraire.

Pourtant dès les premières minutes, le film part sur de bonnes bases. Le rythme est soutenu et il faut attendre dix minutes pour entrer dans le vif de l'action. Et de l'action il va en y avoir. Des explications beaucoup moins. Face aux nombreuses réécritures du scénario, l'intrigue est décousue et les incohérences importantes. Le film multiplie les scènes d'action, par ailleurs très bien réalisées, pour masquer un scénario bancal. Même les acteurs n'y croient pas une seule seconde. Brad Pitt le premier. L'acteur américain est loin de crever l'écran.

Quant à l'émotion, elle est mise de côté. Marc Forster y est pour quelque chose. En voulant filmer de loin en privilégiant les plans larges, le cinéaste allemand éloigne le spectateur de l'atmosphère apocalyptique et angoissante des survivants. Tout le contraire de la série The Walking Dead qui s'attarde réellement sur la survie des êtres humains.

Autre aspect gênant, le tout public. Voir un film de zombies sans sang ou violence est assez perturbant. Heureusement, l'humour est présent, mais pas forcément voulu. Ainsi, on s'amusera à voir un Brad Pitt reproduisant la publicité Chanel. Mais le summum est d'ordre géopolitique. Les deux seuls pays parvenant à repousser l'invasion sont, étonnamment, la Corée Du Nord et l’Israël. Le premier ayant arraché les dents de ses habitants et le second se réfugiant derrière un immense mur de protection. Étrange vision des choses.

Hormis tous ces défauts, World War Z est tout de même spectaculaire. Les scènes d'attaques massives sont tout bonnement impressionnantes. Mention spéciale à l'attaque sur Jérusalem et la première scène du film. Pourtant, c'est la déception qui prime à la sortie de la séance. La déception de voir qu'il était possible de faire un blockbuster de qualité, mais qui a été plombée par la postproduction. Malgré ces défauts, le succès est tout de même au rendez-vous puisqu’aux États-Unis, le film a déjà fait le plein dans les salles. En sera-t-il de même en France ? À n'en pas douter au vu de la campagne publicitaire omniprésente.