Source : foxnews.com
Chenai (Inde),
Correspondante,
« Tu sais, ici les manifestations et les grèves ne servent qu’à un seul et même but : celui de prouver que les pauvres existent. C’est à travers ces actions qu’ont les fait exister », remarque Ram quand on l’interroge sur ce qu’il se déroule en ce moment dans la plus grande démocratie du monde. Les déclarations de Manmoham Singh ne font pas l’unanimité en Inde, le premier Ministre doit s’attendre pour les prochains jours à ce que l’on appelle ici « la révolte des échoppes ».
Correspondante,
« Tu sais, ici les manifestations et les grèves ne servent qu’à un seul et même but : celui de prouver que les pauvres existent. C’est à travers ces actions qu’ont les fait exister », remarque Ram quand on l’interroge sur ce qu’il se déroule en ce moment dans la plus grande démocratie du monde. Les déclarations de Manmoham Singh ne font pas l’unanimité en Inde, le premier Ministre doit s’attendre pour les prochains jours à ce que l’on appelle ici « la révolte des échoppes ».
Dans le Tamil Nadu, en Inde, CRS et policiers, venus en masse, ont contré l’infime manifestation qui s'est déroulé hier alors à Chennai. Munis d’objets dangereux tels que des battes, des policiers attachaient les mains de certains manifestants de manière très violente avant de les jeter dans des fourgons. Si la situation aurait pu paraître inquiétante aux yeux d’un étranger, la plupart des Indiens interrogés sur ces violences répondaient en Tamil que ce n’était rien, qu’il ne fallait pas s’inquiéter.
Les manifestations sont nombreuses en Inde depuis quelques semaines. La semaine dernière le gouvernement de Manmohan Singh, premier ministre indien, a annoncé de grandes réformes — l’augmentation du prix du pétrole, la restriction de l’accès au gaz mais aussi la volonté d’accueillir sur le territoire indien plus de grandes surfaces. Premiers à exprimer leur mécontentement, les syndicats ont vite été rejoints par nombre de commerçants et de manifestants en tout genre. Même les associations gouvernementales se sont alliées aux opposants.
De plus en plus, l’Inde tend à internationaliser son économie nationale. La multiplication des échanges internationaux avec d’autres Etats s’inscrit dans ce processus d’intégration économique globale. Or, la protestation civile prend de l’ampleur, notamment à Dehli et dans quelques régions de l’Inde telles que l’Himachal Pradesh, Bihar, Karnataka et Gujarat. Contrairement aux autres pays ayant mis en place les ajustements structurels et la libéralisation en général, les pays d’Asie du Sud-Ouest ont maintenu des mesures protectionnistes.
Les petits commerçants, au cœur des mobilisations actuelles, voient d’un très mauvais œil la remise en question du protectionnisme et l’ouverture aux marchés internationaux. La délocalisation de ces immenses grandes surfaces, par exemple, empêcherait le commerce local de vivre sainement et les commerçants se retrouveraient véritablement ruinés. Jaslin, étudiante en Master d’études francophones, constate tristement que les grosses compagnies internationales vont noyer les petits commerces. Elle s’acharne par ailleurs à n’y trouver qu’une explication, qu’elle retrouve dans les diverses revendications indiennes : « l’argent est la seule chose qui compte ».
Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988, constate les dégâts du libre-échange et de la mondialisation. Il préconise un certain protectionnisme contre la libéralisation excessive des échanges ignorant les effets d’inégalités provoqués par la suite. Il favoriserait le « free-riding », c'est-à-dire des comportements clandestins de la part des pays ne bénéficiant pas d’un niveau de développement suffisamment fort pour abandonner toute forme de protectionnisme.
Le « géant pauvre » pour reprendre l’expression de Coussy use et abuse de la régionalisation où la compétitivité des entreprises locales sur le marché régional est parfois supérieure à leur compétitivité sur le marché mondial. Cependant, nous pouvons constater que l’heure des multinationales n’est pas encore venue dans le pays.