Recep Tayyip Erdogan, Ankara, juin 2012 | Crédits photo -- AP
Une sale opération », c’est de cette manière qu’Erdoğan a qualifié cette enquête qui a touché une partie de son entourage. Les fils de trois ministres, des membres de l'AKP tels que le Maire de Fatih, Mustafa Demir, des hommes d'affaire ou encore le directeur d'une banque publique, l'Halk Bank, ont été entendus et placés en garde à vue. Au total, une cinquantaine de personnes a été arrêtée et interrogée par la police. Ils sont principalement accusés de corruption, de trafic d'or et de blanchiment d'argent pour un montant s'élevant à plus de 85 milliard d'euros. La presse s'est rapidement emparée de l'affaire et la télévision turque a largement diffusé les images d'importantes quantités d'argent retrouvé chez le fils du Ministre de l'Intérieur. Le 20 Décembre dernier, les enquêtes préliminaires ont ainsi mené au placement en détention provisoire de deux fils de Ministres. Aux vues de l'ampleur du scandale la liste ne devrait faire que s'allonger.
La réaction d'Erdoğan ne s'est pas fait attendre. Lors de conférences publiques, il a clairement condamné cette enquête et s'est empressé de destituer de nombreux hauts gradés de la police. C'est ainsi que le chef de la police d'Istanbul, Hüseyin Çapkın, tristement célèbre pour sa gestion policière des événements du parc Gezi dans le quartier de Taksim, a dû quitter son poste le 19 décembre dernier. Selon Devlet Bahçeli, chef du MHP – un parti nationaliste turc – ces destitutions, assimilables à une purge, ne seraient que le témoignage de la panique et du sentiment de culpabilité ressentis par le gouvernement face à ces accusations.
La réaction d'Erdoğan ne s'est pas fait attendre. Lors de conférences publiques, il a clairement condamné cette enquête et s'est empressé de destituer de nombreux hauts gradés de la police. C'est ainsi que le chef de la police d'Istanbul, Hüseyin Çapkın, tristement célèbre pour sa gestion policière des événements du parc Gezi dans le quartier de Taksim, a dû quitter son poste le 19 décembre dernier. Selon Devlet Bahçeli, chef du MHP – un parti nationaliste turc – ces destitutions, assimilables à une purge, ne seraient que le témoignage de la panique et du sentiment de culpabilité ressentis par le gouvernement face à ces accusations.
La revanche du mouvement Gülen ?
Face à cette opération sans précédent, Erdoğan a aussi expliqué qu'il n'accepterait pas les « complots politiques » d'un « État dans l'État ». Sans les nommer ce sont bien évidemment les membres de la confrérie Gülen, nombreux parmi la police ou la justice, qui sont visés par ces déclarations. Longtemps alliée de l'AKP, la confrérie Gülen s'est clairement désolidarisée du parti au pouvoir quand ce dernier a décidé la fermeture des Dershane, des écoles privées offrant du soutien scolaire partout en Turquie.
Le mouvement Gülen est très important en Turquie, il se structure autour de son leader, Fethullah Gülen, un prédicateur musulman actuellement en exil en Pennsylvanie aux États-Unis. C'est une organisation socio-religieuse singulière sur laquelle l'AKP s'est clairement appuyé pour remporter les élections. Elle compte de très nombreux adeptes en Turquie. La confrérie possède des écoles – partout dans le monde -, des hôpitaux, des banques et jusqu'à récemment des Dershane. Ces dernières étaient une source de revenus importante pour la confrérie, mais aussi un moyen de cultiver une certaine influence sur la jeunesse du pays. La décision de fermeture de ces écoles semble être un point de rupture net entre l'AKP et Gülen.
Néanmoins, le divorce semble être consommé depuis quelque temps déjà. Les tensions entre les deux protagonistes étaient croissantes. Outre de nombreux désaccords sur la politique interne du pays, l'AKP et Gülen ne partageaient pas les mêmes vues sur la question kurde. En outre, la confrérie ne s'était pas gênée pour critiquer la gestion policière et la violence qui ont eu lieu durant les événements de Gezi. Ces derniers avaient également condamné la récente dérive autoritaire et autocratique de l'AKP. Selon le Premier ministre turc, cette opération historique ne serait qu'un moyen de plus pour le « salir », lui et son gouvernement. Quoi qu'il en soit, cette enquête révèle au grand jour l'ampleur des rivalités qui existaient entre l'AKP et le mouvement Gülen.
Le mouvement Gülen est très important en Turquie, il se structure autour de son leader, Fethullah Gülen, un prédicateur musulman actuellement en exil en Pennsylvanie aux États-Unis. C'est une organisation socio-religieuse singulière sur laquelle l'AKP s'est clairement appuyé pour remporter les élections. Elle compte de très nombreux adeptes en Turquie. La confrérie possède des écoles – partout dans le monde -, des hôpitaux, des banques et jusqu'à récemment des Dershane. Ces dernières étaient une source de revenus importante pour la confrérie, mais aussi un moyen de cultiver une certaine influence sur la jeunesse du pays. La décision de fermeture de ces écoles semble être un point de rupture net entre l'AKP et Gülen.
Néanmoins, le divorce semble être consommé depuis quelque temps déjà. Les tensions entre les deux protagonistes étaient croissantes. Outre de nombreux désaccords sur la politique interne du pays, l'AKP et Gülen ne partageaient pas les mêmes vues sur la question kurde. En outre, la confrérie ne s'était pas gênée pour critiquer la gestion policière et la violence qui ont eu lieu durant les événements de Gezi. Ces derniers avaient également condamné la récente dérive autoritaire et autocratique de l'AKP. Selon le Premier ministre turc, cette opération historique ne serait qu'un moyen de plus pour le « salir », lui et son gouvernement. Quoi qu'il en soit, cette enquête révèle au grand jour l'ampleur des rivalités qui existaient entre l'AKP et le mouvement Gülen.
L'AKP affaiblit ?
Ces événements ne sont pas sans rappeler l'opération Mani Pulite italienne qui avait alors conduit à l'éclatement et la disparition du parti historique de la Démocratie Chrétienne après un scandale similaire. Difficile, à l'heure actuelle, de savoir comment l'AKP va se sortir de cette affaire à seulement trois mois des élections. Les ministres dont les fils ont été mis en cause semblent dans une position particulièrement délicate vu le remaniement ministériel qui se profile. En outre, le principal parti d'opposition, le CHP (Cumhuriyet Halk Partisi - Parti républicain du peuple), a appelé le Premier ministre à démissionner suite au scandale.
Malgré tout, Erdoğan ne semble pas prêt à se laisser faire. Outre, le renvoi de nombreux enquêteurs, le Premier ministre les a clairement mis en cause en les accusant d'abus de pouvoir, sous prétexte que ces derniers n'avaient pas informé le gouvernement de l'enquête qui les visait. Finalement, le chef de l'AKP a mis en garde les représentants internationaux qui voudraient s'intéresser à cette affaire de trop près. Il a clairement expliqué qu'il n'hésiterait pas à renvoyer les ambassadeurs étrangers chez eux, si nécessaire.
Malgré tout, Erdoğan ne semble pas prêt à se laisser faire. Outre, le renvoi de nombreux enquêteurs, le Premier ministre les a clairement mis en cause en les accusant d'abus de pouvoir, sous prétexte que ces derniers n'avaient pas informé le gouvernement de l'enquête qui les visait. Finalement, le chef de l'AKP a mis en garde les représentants internationaux qui voudraient s'intéresser à cette affaire de trop près. Il a clairement expliqué qu'il n'hésiterait pas à renvoyer les ambassadeurs étrangers chez eux, si nécessaire.