The Sessions : la thérapie sexuelle d’un handicapé

6 Mars 2013


Mark O'Brien, journaliste, poète et défenseur des personnes handicapées, nous narre l'histoire bouleversante d'un homme que la vie a privé de tout. À travers sa rencontre avec une thérapeute, il apprendra à aimer.


Si la vie de Mark O'Brien était déjà sur nos écrans dans un court métrage des années 60 de Jessica Yu, Leçons de respiration : la vie et l'oeuvre de Mark O'Brien, The Sessions n'est pas un documentaire. C'est bien un film universel, dans lequel chacun peut se reconnaître en Mark. C'est une magnifique adaptation de l'autobiographie de Mark O'Brien, On Seeing a Sex Surrogate que nous offre Ben Lewin, qui n'a réalisé que peu de films durant sa carrière. Il ne tombe jamais dans le pathos, même si cet homme semble condamné à finir seul.

Dans cette comédie dramatique, le handicap y est ancré sur le fond, mais on l'oublie sur la forme : on adopte le héros jusqu'à oublier son infirmité. Il réussit à aborder le thème du sexe sans excès ou vulgarité, mais sans non plus le sacraliser : c'est simplement un acte naturel nécessaire au bien-être de l'homme. Le sexe peut être considéré comme un troisième « personnage » principal, qui permet sa rencontre avec la thérapeute.

Le rôle du pasteur n'est pas celui d'un religieux austère, mais plutôt celui d'un homme qui oublie le côté peu « catholique » de cette pratique. En tenant le personnage du psy ou du « bon copain », il permet à Mark de dévoiler son humanité, et de s'accepter en tant qu'homme : ayant envie d'aimer, et d'être aimé avec ses pulsions sexuelles. Les barrières sont poussées au maximum, la frontière entre sexe et religion est oubliée.

La justesse du jeu et l'émotion que dégage chaque acteur rend le film très réaliste. Mark O'Brien est incarné avec brio par John Hawkes. Il ne s'intéresse non pas au physique mais au cœur des personnes. Ce genre de rôles est délicat à interpréter car seule sa tête reste mobile, sa position allongée ne lui permettant pas de bouger sa tête. Seule sa voix peut inclure la gestuelle de ses mots.

Helen Hunt interprète la thérapeute de Mark, à qui elle fera découvrir le sexe. Elle joue à merveille le rôle d'une femme dénuée de pudeur ; la majorité de ses scènes l'introduise nue. William H. Macy, rendu célèbre par la série Shameless, joue le rôle du Père Brendan. Un rôle sur-mesure, bien que sa profession de pasteur reste difficilement concevable : son personnage est davantage perçu comme le bon ami de Mark plutôt que le religieux à qui il se confesse. Enfin, Moon Bloodgood interprète Vera, l'assistante de Mark. Bien qu'elle soit présente physiquement, la parole ne lui est donnée que rarement.

L'incroyable histoire de cet homme et son évolution face à l'amour dévoile une belle surprise cinématographique, qui parvient à rendre le spectateur différent, à changer son regard sur le monde. La découverte du métier de thérapeute sexuel se révèle très enrichissante. Remplie de vie, voilà une ôde à l'amour sans frontière des plus agréables.



Rédacteur (étudiant en licence de science politique). Jeune aspirant au développement du… En savoir plus sur cet auteur