Crédits photo -- Mikhail Metzel/Associated Press
J’insiste sur le fait qu’on nous traite comme des êtres humains et pas comme des esclaves », commence Nadezhda Tolokonnikova dans sa lettre. Mère d’une petite fille, la jeune femme de 23 ans décrit les conditions de vie et de travail inacceptables. Depuis l’automne 2012, elle purge sa peine à IK-14 (la colonie de travail) en Mordovie, république à l’ouest de la Russie. Dès le premier jour, les responsables de cette colonie, dont un s’est dit « staliniste », ont annoncé que « la production est plus importante que le Code du travail. Si vous ne les atteignez pas, vous devrez travailler plus. Nous avons déjà cassé des gens plus durs que vous ».
Les prisonnières de cette colonie, selon Tolokonnikova, travaillent plus de 16 heures par jour. Pour justifier cette violation du Code du travail, qui ne prévoit que 8 heures de travail par jour, les femmes sont forcées à écrire des demandes fictives d'heures supplémentaires. L’administration ne participe pas, en pratique, à la réglementation de la vie des femmes emprisonnées : certaines d’entre elles règlent les comptes à sa place. « Le régime dans la colonie est fait pour opprimer la volonté personnelle, pour faire peur à une personne. Une personne traitée en esclave par les mains d’autres prisonnières qui sont en tête des brigades de travail et qui reçoivent les ordres des chefs de la colonie », raconte Nadezhda dans sa lettre. On y ressent le désespoir et la fermeté d’esprit préservée malgré une énorme pression psychologique.
Les normes de rendement très élevées, les machines à coudre cassées, l’absence de repos et les normes sanitaires non respectées. Les prisonnières n’ont pas le droit ni d’être fatiguées ni de commettre une erreur dans leur travail. Tolokonnikova écrit que si elle est encore en vie et en bonne santé, c’est juste grâce à son nom connu dans tous les médias russes et étrangers. « Les autres sont tabassées. Pour le mauvais travail. Sur les reins, sur le visage. Ce sont les autres prisonnières qui les tabassent, mais aucune voie de fait ne se passe sans le consentement muet de l’administration ». En recréant les scènes du Goulag connu par les oeuvres de Soljenitsine, Nadezhda Tolokonnikova, reconnue prisonnière de la conscience, montre ce côté caché de la prison russe en Mordovie.
Dans sa lettre qui a été citée par plusieurs médias au lendemain de sa publication sur le site d’un journal web Lenta.ru, Tolokonnikova parle aussi de la pression psychologique sur son entourage. « Je peux tout supporter. Si je suis la seule à être concernée », raconte-t-elle. Mais ce que l’auteure incrimine à l’administration, « c’est qu’elle fait taire les gens. Sans dédaigner les méthodes les plus sales et malhonnêtes ». Tolokonnikova raconte que, selon ses sources, les autres prisonnières ont été incitées par l’administration à provoquer les bagarres et à la tabasser. La grève de la faim est devenue pour elle le dernier recours dans la bataille avec l’administration.
Les prisonnières de cette colonie, selon Tolokonnikova, travaillent plus de 16 heures par jour. Pour justifier cette violation du Code du travail, qui ne prévoit que 8 heures de travail par jour, les femmes sont forcées à écrire des demandes fictives d'heures supplémentaires. L’administration ne participe pas, en pratique, à la réglementation de la vie des femmes emprisonnées : certaines d’entre elles règlent les comptes à sa place. « Le régime dans la colonie est fait pour opprimer la volonté personnelle, pour faire peur à une personne. Une personne traitée en esclave par les mains d’autres prisonnières qui sont en tête des brigades de travail et qui reçoivent les ordres des chefs de la colonie », raconte Nadezhda dans sa lettre. On y ressent le désespoir et la fermeté d’esprit préservée malgré une énorme pression psychologique.
Les normes de rendement très élevées, les machines à coudre cassées, l’absence de repos et les normes sanitaires non respectées. Les prisonnières n’ont pas le droit ni d’être fatiguées ni de commettre une erreur dans leur travail. Tolokonnikova écrit que si elle est encore en vie et en bonne santé, c’est juste grâce à son nom connu dans tous les médias russes et étrangers. « Les autres sont tabassées. Pour le mauvais travail. Sur les reins, sur le visage. Ce sont les autres prisonnières qui les tabassent, mais aucune voie de fait ne se passe sans le consentement muet de l’administration ». En recréant les scènes du Goulag connu par les oeuvres de Soljenitsine, Nadezhda Tolokonnikova, reconnue prisonnière de la conscience, montre ce côté caché de la prison russe en Mordovie.
Dans sa lettre qui a été citée par plusieurs médias au lendemain de sa publication sur le site d’un journal web Lenta.ru, Tolokonnikova parle aussi de la pression psychologique sur son entourage. « Je peux tout supporter. Si je suis la seule à être concernée », raconte-t-elle. Mais ce que l’auteure incrimine à l’administration, « c’est qu’elle fait taire les gens. Sans dédaigner les méthodes les plus sales et malhonnêtes ». Tolokonnikova raconte que, selon ses sources, les autres prisonnières ont été incitées par l’administration à provoquer les bagarres et à la tabasser. La grève de la faim est devenue pour elle le dernier recours dans la bataille avec l’administration.
Le lendemain Tolokonnikova a été mise en isolement carcéral malgré ses demandes de changement de la colonie, suite aux nombreux problèmes avec l’administration. Néanmoins elle s’est retrouvée toujours enfermée en Mordovie, encore plus dépendante des chefs de sa colonie. Le 24 septembre, sa dernière lettre du cachot a été remise à la rédaction du même média par son mari Pyotr Verzilov. « Quand on fait une grève de la faim, c’est extrêmement difficile de rester dans le froid toute la journée : la température du corps est très basse et la tête tourne », constate Tolokonnikova. Le Service fédéral pénal a annoncé que Tolokonnikova serait reconduite dans « un endroit sécurisé, mais pas en isolement carcéral ».
Selon le Service pénal local de Mordovie, Tolokonnikova a annoncé sa grève de la faim suite au refus de l’administration de lui accorder les privilèges. Dans le communiqué, le service annonce que le mari de Tolokonnikova et son avocat ont demandé au chef de la colonie de modifier les conditions de détention de Nadezhda Tolokonnikova et de lui permettre de travailler dans un atelier de peintre au lieu de l’atelier à coudre. Selon le document, Verzilov et son avocat ont montré une lettre qu’ils allaient envoyer dans les médias en cas de refus. Le Conseil des Droits de l’Homme auprès du Président a déjà annoncé dans son communiqué de presse le voyage organisé dans certaines colonies en Mordovie le 25 et le 26 septembre.
Les activistes des organisations religieuses n’ont pas changé leur position vis-à-vis du « délit » commis par le groupe punk Pussy Riot. « Une personne qui a commis un crime doit comprendre que la détention n’est pas un séjour dans une maison de repos. Les prisonniers et les employés dans les colonies ne sont pas les gens très bien élevés, mais celui qui a mérité de se retrouver parmi eux, devrait s’y attendre », a commenté le chef du Département synodal des Relations Publiques du Patriarchat Vsevolod Chapline au journal orthodoxe Pravmir.
Comme pour Maria Kannabikh, membre de la Fondation interrégionale d’aide aux prisonniers et du Conseil public au Service pénal fédéral, qui confirme que « la colonie — est un lieu où les prisonniers purgent leur peine. Ce n’est pas la maison de repos ». « J’ai visité cette colonie en Mordovie le 29 décembre. Il m’a semblé que la situation était assez favorable. Mais maintenant on va la revisiter et regarder les choses avec plus d’attention », a-t-elle ajouté dans une interview au magazine Snob. Cette réalité de la prison, pourrait-elle être « favorable » dans un contexte où la détention politique est toujours associée au régime stalinien ? Dans les camps de travail pénitentiaires, le but était d’écraser l’homme avec le collectif. Dans cette lettre, Tolokonnikova, notre contemporaine, dévoile l’absurdité et la cruauté de sa détention. Plus d’un an après, le débat autour de « la prière » des Pussy Riot est de nouveau ravivée.
Mise à jour (29.09.13) : Nadezhda Tolokonnikova a été prise en charge aujourd'hui dans un hôpital proche du camp de travail.
Selon le Service pénal local de Mordovie, Tolokonnikova a annoncé sa grève de la faim suite au refus de l’administration de lui accorder les privilèges. Dans le communiqué, le service annonce que le mari de Tolokonnikova et son avocat ont demandé au chef de la colonie de modifier les conditions de détention de Nadezhda Tolokonnikova et de lui permettre de travailler dans un atelier de peintre au lieu de l’atelier à coudre. Selon le document, Verzilov et son avocat ont montré une lettre qu’ils allaient envoyer dans les médias en cas de refus. Le Conseil des Droits de l’Homme auprès du Président a déjà annoncé dans son communiqué de presse le voyage organisé dans certaines colonies en Mordovie le 25 et le 26 septembre.
Les activistes des organisations religieuses n’ont pas changé leur position vis-à-vis du « délit » commis par le groupe punk Pussy Riot. « Une personne qui a commis un crime doit comprendre que la détention n’est pas un séjour dans une maison de repos. Les prisonniers et les employés dans les colonies ne sont pas les gens très bien élevés, mais celui qui a mérité de se retrouver parmi eux, devrait s’y attendre », a commenté le chef du Département synodal des Relations Publiques du Patriarchat Vsevolod Chapline au journal orthodoxe Pravmir.
Comme pour Maria Kannabikh, membre de la Fondation interrégionale d’aide aux prisonniers et du Conseil public au Service pénal fédéral, qui confirme que « la colonie — est un lieu où les prisonniers purgent leur peine. Ce n’est pas la maison de repos ». « J’ai visité cette colonie en Mordovie le 29 décembre. Il m’a semblé que la situation était assez favorable. Mais maintenant on va la revisiter et regarder les choses avec plus d’attention », a-t-elle ajouté dans une interview au magazine Snob. Cette réalité de la prison, pourrait-elle être « favorable » dans un contexte où la détention politique est toujours associée au régime stalinien ? Dans les camps de travail pénitentiaires, le but était d’écraser l’homme avec le collectif. Dans cette lettre, Tolokonnikova, notre contemporaine, dévoile l’absurdité et la cruauté de sa détention. Plus d’un an après, le débat autour de « la prière » des Pussy Riot est de nouveau ravivée.
Mise à jour (29.09.13) : Nadezhda Tolokonnikova a été prise en charge aujourd'hui dans un hôpital proche du camp de travail.