Crédits photo -- AFP
Et si Toulon restait à jamais l’avant-dernier vainqueur de la H-Cup, la coupe d’Europe de rugby ? L’idée n’est pas si saugrenue, car l’édition de cette année pourrait bien être la dernière. Depuis un peu plus d’un an, les clubs et les fédérations des six pays concernés sont en effet en train de renégocier les modalités du championnat, sans grand succès pour le moment.
Pour comprendre les tenants et aboutissants de cette affaire où se côtoient des sigles plus incompréhensibles les uns que les autres, il faut d’abord expliquer comment fonctionne la coupe d’Europe de rugby. La H-Cup, créée en 1995, doit son nom à son sponsor, la marque de bière Heineken. En France, le nom « H-Cup » n’est d’ailleurs pas beaucoup employé, en raison de la loi Evin de 1991 qui règlemente la publicité pour les boissons alcoolisées, et l’on préfère le terme « Coupe d’Europe ».
La H-Cup est organisée par l’ERC (European Rugby Cup), une société commerciale, en collaboration avec les différentes fédérations de rugby (comme la Fédération Française de Rugby (FFR) pour la France ou la Rugby Football Union (RFU) pour l’Angleterre). Des clubs issus de six pays différents participent à cette compétition : la France, l’Angleterre, l’Irlande, le Pays de Galles, l’Ecosse et l’Italie, issus de trois ligues différentes, distinctes des fédérations nationales. Pour la France, les clubs compétiteurs proviennent de la LNR (Ligue Nationale de Rugby), c’est-à-dire du Top 14. En Angleterre, c’est l’Aviva Premiership Rugby (le championnat composé des 12 meilleures équipes anglaises). Quant aux clubs irlandais, écossais, gallois, et italiens, ils sont regroupés au sein de la Ligue Celte.
La compétition européenne rassemble chaque année 24 clubs. 10 d’entre eux viennent de la Ligue Celte, 6 du Top 14 et 6 autres de l’Aviva Premiership. Les deux dernières places sont réservées au vainqueur du Challenge Européen (la « sous » d’Europe), et au 7e du championnat dont est originaire le club vainqueur de l’année précédente. Les recettes financières générées par cette compétitions sont par la suite réparties entre les ligues (25 % pour la LNR, 25 % pour l’Aviva Premiership Rugby, et 12,5 % chacun pour les Irlandais, les Ecossais, les Gallois et les Italiens). Ce mode de fonctionnement, mis en place en 1999, est aujourd’hui remis en cause par les ligues anglaises et françaises.
Que veulent les Français et les Anglais ?
Les discussions durent depuis un peu plus d'un an, lorsque les clubs français et anglais ont déclaré ne plus vouloir prendre part à la H-Cup, dont ils critiquent l’organisation. Le calendrier actuellement en place fait coïncider les phases finales de la H-Cup avec les phases finales des championnats nationaux (en mai). Il faudrait que la Coupe d’Europe se termine en avril, et cela passe par la réduction du nombre des participants. Les frondeurs souhaiteraient ainsi réduire le nombre de clubs à 20 avec une représentation plus simple basée sur la méritocratie : les six premiers du Top 14, les six premiers du Premiership Rugby et les six premiers de la Ligue Celte.
Dans un même ordre d’idée, la répartition des recettes financières serait réorganisée suivant le principe des trois tiers : 33 % pour la LNR, 33 % pour le Premiership et 33 % pour les quatre autres pays. Ces modifications ne se feraient pas à l’avantage des quatre « petites nations ». Avec seulement six représentants de la Ligue Celte, il y aurait un risque d’avoir des éditions sans représentant écossais ou italien (dont les clubs sont considérés comme les plus faibles). C’est pourquoi les clubs anglais et français mènent pour l’instant seuls leur combat.
Dans un même ordre d’idée, la répartition des recettes financières serait réorganisée suivant le principe des trois tiers : 33 % pour la LNR, 33 % pour le Premiership et 33 % pour les quatre autres pays. Ces modifications ne se feraient pas à l’avantage des quatre « petites nations ». Avec seulement six représentants de la Ligue Celte, il y aurait un risque d’avoir des éditions sans représentant écossais ou italien (dont les clubs sont considérés comme les plus faibles). C’est pourquoi les clubs anglais et français mènent pour l’instant seuls leur combat.
Le pouvoir aux clubs
Des avancées, allant dans le sens des revendications franco-anglaises, ont été réalisées. Le nombre de clubs est passé de 24 à 20, mais cela n’a pas empêché la situation de s’envenimer. Le 22 septembre dernier, les clubs français et anglais ont annoncé, par le biais de leur ligue respective, la création d’une nouvelle coupe d’Europe, faite par les clubs pour les clubs, la « Rugby Champions Cup ». C’est tout le système de la H-Cup qui est remis en cause par une telle initiative, et c’est la légitimité même des fédérations à organiser une compétition de clubs qui est remise en question. Les clubs souhaitent reprendre la main sur l’organisation de leur compétition.
La querelle autour des droits télévisés en Angleterre est révélatrice des tensions qui existent maintenant entre l’ERC et les fédérations d’une part, et les ligues d’autre part. La ligue anglaise a en effet signé un accord avec l’opérateur BT Vision (anciennement British Télécom) pour la diffusion des matchs des équipes anglaises en coupe d’Europe. Mais parallèlement, l’ERC, qui organise la H-Cup, a reconduit le contrat de diffusion qui la lie à Sky Sports. Les clubs et l’ERC ne sont clairement plus sur la même longueur d’onde.
Alors la « Rugby Champions Cup » a-t-elle réellement une chance de voir le jour ? C’est peu probable. L’obstacle est d’abord juridique. Légalement, les clubs ne peuvent participer à une compétition internationale sans l’aval de leur fédération. La création d’une nouvelle compétition requiert en outre l’approbation de l’IRB (l’International Rugby Board), l’organisme international qui gère le rugby à XV. Aucune de ces conditions n’est pour l’instant remplie, même si du côté de la LNR on compte sur le soutient de la Fédération Française de Rugby dans un avenir plus ou moins proche. Mis à part les clubs français et anglais, aucune autre nation n’a pour le moment officiellement accepté de participer à cette nouvelle coupe d’Europe.
C'est dans ce contexte plutôt tendu, que doit débuter la H-Cup édition 2013/2014 le 11 octobre prochain. Pour que ce coup d’envoi ne se transforme pas en coup de sifflet final, il faudra que la réunion de la dernière chance, prévue pour le 23 octobre, accouche d’une montagne.
La querelle autour des droits télévisés en Angleterre est révélatrice des tensions qui existent maintenant entre l’ERC et les fédérations d’une part, et les ligues d’autre part. La ligue anglaise a en effet signé un accord avec l’opérateur BT Vision (anciennement British Télécom) pour la diffusion des matchs des équipes anglaises en coupe d’Europe. Mais parallèlement, l’ERC, qui organise la H-Cup, a reconduit le contrat de diffusion qui la lie à Sky Sports. Les clubs et l’ERC ne sont clairement plus sur la même longueur d’onde.
Alors la « Rugby Champions Cup » a-t-elle réellement une chance de voir le jour ? C’est peu probable. L’obstacle est d’abord juridique. Légalement, les clubs ne peuvent participer à une compétition internationale sans l’aval de leur fédération. La création d’une nouvelle compétition requiert en outre l’approbation de l’IRB (l’International Rugby Board), l’organisme international qui gère le rugby à XV. Aucune de ces conditions n’est pour l’instant remplie, même si du côté de la LNR on compte sur le soutient de la Fédération Française de Rugby dans un avenir plus ou moins proche. Mis à part les clubs français et anglais, aucune autre nation n’a pour le moment officiellement accepté de participer à cette nouvelle coupe d’Europe.
C'est dans ce contexte plutôt tendu, que doit débuter la H-Cup édition 2013/2014 le 11 octobre prochain. Pour que ce coup d’envoi ne se transforme pas en coup de sifflet final, il faudra que la réunion de la dernière chance, prévue pour le 23 octobre, accouche d’une montagne.
Crédits -- Pierrot | pierrotcartoons.wordpress.com