Crédit Virginie Urios
À deux heures seulement de Mexico, nous avons à peine eu le temps de faire une petite sieste dans l’avion que nous voilà déjà sur le sol cubain. Une chaleur nous accable dès notre arrivée : peu importe qu’il soit 9h du matin, il fait tout de même 30 degrés à La Havane. À l’aéroport, nous en profitons pour changer notre argent. Il faut savoir qu’il existe deux monnaies à Cuba. Les Cubains ont leur propre monnaie qui est le peso cubain (CUP) et la monnaie pour les touristes qui est le peso cubain convertible (CUC). À peu de choses près, 1 CUC équivaut à 1 euro et 25 CUP équivaut à 1 CUC. Dans l’idéal, il aurait été favorable pour nous de changer tout notre argent en CUP, mais étant touristes, nous nous plions à la règle et changeons nos pesos mexicains en pesos cubains convertibles.
Dans le taxi nous menant à notre auberge de jeunesse, nous pouvons enfin découvrir les fameuses voitures américaines, vieilles d’au moins 50 ans, les champs à perte de vue et tous ces gens dans la rue. Les affaires déposées, nous voilà partis avec enthousiasme à la visite de La Vieille Havane. De belles couleurs nous entourent, des immeubles par centaines, la plupart quasi en friche et les Cubains qui nous accostent, la plupart du temps, pour nous vendre leurs cigares au tiers du prix de sortie d’usine. L'un d’eux nous emmène dans sa maison et est prêt à nous vendre des cigares pour un prix dérisoire, mais après quinze minutes d’échange avec lui, aussi sympathique qu’il soit, la peur d’acheter des faux cigares nous a fait rebrousser chemin.
Crédit Virginie Urios
Un tour au coeur historique de la capitale
Marcher dans La Vieille Havane, c’est voir des chats et chiens se balader en toute liberté, des tags sur les murs exprimant le côté artistique de certains Cubains, des épiceries presque vides, avec pour seuls produits le strict nécessaire comme par exemple du riz, du lait, du rhum ou même des cigarettes. C’est l’éventualité de ne pas croiser un seul restaurant ni même une seule boutique mais c’est aussi la possibilité de voir beaucoup de Cubains d’une diversité marquante, avec des habits et des coiffures complètement différents. C’est l’occasion de voir les fenêtres des gens ouvertes, proposant toutes sortes de nourriture, ou plutôt de fritures devrais-je dire. Cela peut aller de la vente de petites pizzas avec rajout d’une sauce ressemblant au ketchup, à des croquettes de poulet ou des croissants frits fourrés à la confiture de goyave. Si le goût n’était pas excellent, ces fritures avaient l’avantage d’être très peu chères et donc abordables pour tout Cubain ainsi que pour les touristes.
Crédit Virginie Urios
La rue la plus touristique de La Havane s’appelle la rue Obispo. Là-bas, tous les touristes se retrouvent. Et c’est l’occasion de rentrer dans des boutiques de souvenirs où il est possible d’échanger nos chaussures ou nos vêtements contre quelques babioles à ramener. On peut aussi flâner dans les marchés cubains, manger une glace pour seulement un peso et écouter l’accent chantant de tous les autochtones, le tout sous un soleil toujours aussi présent.
Crédit Virginie Urios
Si l’on se promène un peu plus dans La Havane, on tombera sur le Malecon, cet endroit où les vagues frappent si fort qu’elles retombent sur la route, les voitures et les passants. Le Malecon est un endroit agréable où les habitants se retrouvent les soirs pour boire du rhum et écouter de la musique entre eux. J’ai eu aussi la chance de voir, un soir où les vagues étaient bien hautes, des enfants s’amusant avec leur famille, jouant avec les vagues, sous un coucher de soleil rosâtre. En parlant de coucher de soleil, nous nous sommes posés sur les pierres d’une forteresse, et nous avons attendus jusqu’à ce que le soleil laisse place à la lune. Le spectacle était magnifique. Le soleil s’en allait par le Malecon, laissant apparaître une lumière orange ; en peu de temps, le soleil avait disparu mais quelques touristes étaient là et comme nous, ils n’ont rien raté du spectacle.
Découverte des alentours : le Cuba champêtre
Après avoir vu les particularités de La Havane, nous avons décidés de nous déplacer à l’Ouest du pays, dans un endroit nommé Viñales. Arrivés dans ce petit village, nous avons pu voir des petites maisons de toutes les couleurs, le plus souvent des casas particulares ou littéralement « maisons particulières ». Ainsi, les gens du village louent une partie de leur maison à des touristes. Après avoir trouvé la nôtre, nous sommes partis pour une balade à cheval dans la campagne, un guide en poche et nous voilà dans une fabrique de cigares, la spécialité de Cuba. Il existe de nombreuses plantations de tabac, et après l’avoir récolté, ils laissent sécher les feuilles dans du rhum et du miel pendant trois mois. Une fois séchées, celles-ci sont enroulées les unes dans les autres avant d'être mises dans une même feuille de tabac. Après ça, le cigare écologique, sans nicotine et sans agents chimiques se coupe et est prêt à fumer.
Crédit Virginie Urios
Crédit Virginie Urios
La suite de notre excursion fut vraiment agréable, nous avons traversé la vallée du silence. Sans électricité, les maisons ont à peine deux panneaux solaires. À ce moment là, la vue était magnifique : il y avait juste les animaux, les champs, l’herbe et les montagnes. Nous sommes aussi passés par un lac naturel où le soleil laissait entrevoir des paillettes sur une partie de l’eau. Paradisiaque. Lors de notre balade, on a pu croiser des cochons, des vaches, des poules, des chiens. La solitude était le maître mot et la sensation de liberté était indescriptible.
Pour clôturer notre voyage, c’est vers les plages des Caraïbes que nous nous sommes tournés. Si j’étais déjà tombée amoureuse des plages du Mexique, je ne m’attendais pas à voir des plages aussi paradisiaques dans ma vie. Un sable blanc, une eau turquoise à la température parfaite sous le soleil de plomb, des arbres tout autour de la plage. Une sensation de bien-être a envahi mon corps lorsque je me suis couchée sur un transat : il était à ce moment-là, impossible pour moi de bouger. J’étais au paradis, dans mon paradis.
Crédit Virginie Urios
Un bilan mitigé
Mais si Cuba m’a charmée grâce à ses paysages somptueux, son ambiance, sa chaleur, sa musique ou encore son originalité, ce pays m’a tout de même laissée perplexe quant à son fonctionnement. Tout d’abord, les Cubains ont une liste des rations qu’ils peuvent se permettre par mois, rations qui peuvent être très limitées pour une grande famille. Ensuite, les habitants n’ont pas le droit de sortir du pays, à moins que le gouvernement ne les y autorise. D'autre part, les prix pratiqués m'ont marquée : Cuba est cher pour les touristes. Les prix sont similaires aux tarifs européens pour des choses qui n’en valent pas forcément la peine, comme par exemple la nourriture proposée aux touristes ou les produits de l'artisanat. L’ouverture d’esprit très limitée fut également troublante. En conclusion, ce pays te ramène dans le passé. Là bas, il est encore interdit pour un couple homosexuel de se montrer dans les lieux publics.
Les autochtones n’ont pas le droit de discuter avec les touristes, seuls quelques rebelles acceptent de parler lors de soirées dans La Vieille Havane. Lorsque les visiteurs veulent payer en CUP, certains Cubains l’acceptent très mal, estimant qu’ils ont de l’argent, et que pour cette raison ils devraient payer en CUC. Si dans le pays, il est courant de voir des affiches où il est écrit « Viva Castro », beaucoup ont avoué ne pas partager cette idée. Selon plusieurs locaux, Castro préfère laisser entrevoir une image négative de Cuba pour éviter le tourisme de masse et sûrement, pour éviter que les touristes apprennent réellement ce qu’il se passe dans ce pays. Les vols deviennent de plus en plus courants et de plus en plus de problèmes se font sentir. Un Cubain va gagner 40 CUC par mois ou 80 pour un docteur, soit l’équivalent de 80 euros, ce qui est inimaginable pour nous, européens. D’ailleurs, à certains endroits de La Havane, nombreux sont ceux qui ne nous ont parlé uniquement pour nous demander de l’argent.
Heureusement, nous avons rencontré des gens plus ouverts, qui nous ont clamé la sécurité de leur pays, qui aiment voir des touristes venir dans leur pays, qui aiment leur faire visiter et leur faire découvrir toute la magie qui existe à Cuba. Je garde un très bon souvenir de ces personnes, me donnant envie de revenir à Cuba pour profiter de ce retour dans le passé, sans internet, sans la culture de consommation, sans la grande technologie qui existe de nos jours. Cependant, je ne crois pas que les Cubains soient heureux avec ce mode de vie et comme beaucoup osent le dire, un jour il y aura sûrement une révolution. Et ceux qui s’y attendent le moins risqueront d’être surpris.
Plage Santa Maria - Crédit Virginie Urios
Crédit Virginie Urios
Parc national de Viñales - Crédit Virginie Urios
Parc national de Viñales - Crédit Virginie Urios
Crédit Virginie Urios
Malecon, quand les vagues franchissent la route - Crédit Virginie Urios
La Havane - Virginie Urios
Callejon de Hamel, La Havane - Crédit Virginie Urios
Street art, La Havane - Crédit Virginie Urios
Street art, La Havane - Crédit Virginie Urios
Crédit Virginie Urios