Crédit PIMUN
Deux jours de conférences dans des comités à parler désarmement, groupes paramilitaires, politique migratoire, occupation israélienne ou encore des pays à inscrire sur la liste des territoires sous tutelle, des dizaines de questions à débattre de 9 heures à 19 heures, une centaine de voix à réunir dans un seul et même consensus : être diplomate et vivre l’ONU, voilà ce à quoi tend un MUN.
Suis-je enthousiaste ? Je ne vous le cacherai pas. Je n’ai jamais en effet vécu de journées si intenses et grisantes de rencontres et de défis à relever. Les amphis grondent de concertations ou observent le silence le plus religieux lors des votes. Tel un ressac, la tension monte jusqu’à soulever les orateurs et les refoule sur leur banc au gré de l’épuisement, de la satisfaction ou des présidents qui veillent à préserver cette modération qui sied à la coopération et à la négociation multilatérale.
Crédit PIMUN
Une aventure originale mais confinée
« L’aventure MUN », malgré ses succès et ses indéniables mérites, ne s’hasarde qu’encore trop peu au delà du cercle restreint des spécialistes et des étudiants intéressés par les relations internationales. Si elle n’a jamais eu pour objectif d’embrasser l’ensemble de la population, elle souffre en France de sa relative nouveauté et d’une profusion d’initiatives qui, si elles s’harmonisent à présent, n’en ont pas moins été un certain obstacle à son rayonnement. Alors qu’outre-Atlantique, et ce depuis 1952, il existe une solide culture MUN, universitaire et même populaire voire un « système MUN » avec ses associations de coaching et un soutien actif des pouvoirs publics, il faut attendre les années 2000 pour véritablement voir poindre des initiatives MUN dans l’hexagone, notamment grâce aux instituts de science politique.
Crédit PIMUN
Des associations MUN existaient certes, mais à des fins de formation et de préparation aux MUN étrangers. Le PIMUN lui-même résulte de la collaboration des associations MUN de six des universités parisiennes : Panthéon-Sorbonne, Paris I, l’école polytechnique, Science Po, Panthéon-Assas et l’université américaine de Paris mais n’aboutit… Qu’en 2012. Il s’ensuit une certaine disparité nationale et une implantation inégale de la culture MUN chez les étudiants, au risque que l’avance de certains tend à marginaliser les initiatives des autres.
Un laboratoire d’idées pour une jeunesse internationale
Cependant aujourd’hui, fort de sept cents délégués internationaux, du soutien et du parrainage de l’Organisation internationale de la Francophonie, de l’ONU et du ministère des affaires étrangères pour ne citer qu’eux, le PIMUN peut se targuer d’avoir les moyens de ses ambitions. Sans aucun doute, il est devenu en moins de trois éditions depuis 2012, date de sa création, le plus important des MUN français. Il s’insère ainsi progressivement dans le système MUN européen et international, notamment par son partenariat avec le ROMEMUN et le BERLINMUN. On ne peut nier mais plutôt que s’en réjouir qu’il soit source d’un nouveau dynamisme et permet de faire connaître ces simulations restées si peu connues en France.
Crédit PIMUN
A terme, le PIMUN par son effervescence représente une véritable émulation, où l’on peut rencontrer au fil des débats des étudiants pakistanais, néerlandais, australiens, afghans, iraniens, anglais et autres. D’aucun en parle déjà comme d’un « laboratoire d’idée », il est sûr en tout cas que par son sérieux et ses efforts, il assure dans la rencontre un même respect et une même écoute entre étudiants, condition première, à mon avis, d’une compréhension mutuelle et d’une jeunesse proprement internationale.